"Lorsque l'on crée ce type d'infrastructures, on constate l'arrivée d'un aéropage d'entreprises, de tout un écosystème qui vient se nicher à proximité. Des acteurs des télécoms, du numérique et des services aux entreprises. Cela a été vrai à Marseille et ce sera vrai à Bordeaux qui deviendra une porte d'entrée de l'interconnectivité vers l'Europe", assure Régis Castagné, le directeur général d'Equinix en France. Comme l'indiquait La Tribune la semaine dernière, la société américaine officialise ce 4 mars la construction de BX1, un data center (centre de données) de 3.000 m2 implanté à Bruges, au nord de Bordeaux Métropole. Sa mise en service est prévue par tranche à partir du mois de juillet 2021. Orange en sera l'un des premiers clients.
"Un hub mondial de l'interconnectivité"
Equinix, créée en 1998 et dont le chiffre d'affaires avoisine les six milliards de dollars en 2020, opère déjà neuf data centers en région parisienne, à Pantin, Saint-Denis, et Roissy. BX1, qui entraînera la création de 50 emplois équivalents temps plein à terme, présente la particularité d'être le point final d'arrivée du nouveau câble transatlantique Amitié déployé par Facebook, Orange et Vodafone entre les Etats-Unis et la France via Le Porge. "Amitié dispose d'une station d'atterrissage en France, au Porge, opérée par Orange et d'un point d'utilisation des données, au sein de BX1. Avec cette double infrastructure, Bordeaux réunit toutes les conditions pour devenir un hub mondial de l'interconnectivité et des échanges numériques. C'est le pari que nous faisons", confirme Jean-Luc Vuillemin, le directeur des services et réseaux internationaux d'Orange. Avec des atouts similaires, il souligne ainsi que "Marseille est devenue en quelques années le plus gros point d'IPX (échanges de données internet) d'Europe devant Francfort" grâce à l'arrivée des câbles reliant l'Europe à l'Asie, au Moyen-Orient et à l'Afrique. Et Jean-Luc Vuillemin d'ajouter : "La valeur d'un data center ce sont les données qu'il y a à l'intérieur et la diversité des acteurs qui les utilisent. D'où l'intérêt de fédérer un véritable écosystème autour de l'infrastructure".
L'implantation à Bordeaux de ce data center à 32 millions d'euros répond aussi à une logique de maillage régional poursuivie par Equinix. "Nous menons un déploiement colossal de nos infrastructures dans les capitales régionales européennes ce qui permettra, par exemple, de servir depuis Bordeaux tous les cas d'usages régionaux en matière de smart city, de 5G, de télécommunications, de cloud et de véhicules connectés", précise Régis Castagné. Une stratégie qui répond à un mouvement de fond puisqu'en 2022, 60 % des ressources de data center devraient ainsi être situées en "edge" et "near edge", c'est-à-dire à proximité plus ou moins immédiate des entreprises et populations servies, contre environ 20 % en 2020.
100 % alimenté en énergie renouvelable
Sur le plan environnemental, le data center bordelais qui déploiera une puissance de 6 MW, par tranches modulaires de 1 MW, sera alimenté à 100 % par une électricité issue d'énergies renouvelables. Equinix vise par ailleurs la neutralité carbone à l'horizon 2030La chaleur fatale, générée par les serveurs du data center, devrait être réutilisée pour chauffer ou alimenter des bâtiments voisins mais aucun partenariat n'est acté à ce stade. "Nous le faisons à Pantin et Saint-Denis, en région parisienne, pour chauffer une piscine et une zone logistique et nous souhaitons le faire à Bordeaux mais il faut trouver un besoin à proximité pour diffuser cette chaleur fatale", ajoute Régis Castagné, sachant que BX1 est située au sein d'une zone logistique. Le directeur général d'Equinix France évoque d'ores et déjà des projets pour un potentiel BX2 dans les années qui viennent.
De son côté, Jean-François Pierron, vice-président de la CCI Bordeaux Gironde, salue "un projet majeur qui s'installe à Bordeaux et en Nouvelle-Aquitaine et qui renforce son attractivité" tandis qu'Alain Rousset, le président du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, se félicite également de cette implantation "une chance pour le territoire, pour tous les acteurs du numérique et particulièrement dans la cybersécurité et la e-santé".
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