Comment Qwant et HelloAsso vont contribuer au financement des associations

Qwant, basée à Nice, et la société bordelaise HelloAsso viennent d’annoncer le lancement d’une "extension solidaire" du moteur de recherche, baptisée Qwant Causes. Son but : transformer les clics en dons financiers destinés aux associations d’intérêt public. Ismaël Le Mouël, cofondateur d’HelloAsso, présente ce dispositif qui prouve selon lui l’utilité que peuvent avoir les outils numériques au service de la solidarité, et tacle au passage le sommet Tech for good qui a eu lieu hier à l’Elysée en présence des géants américains... snobant au passage la plupart des acteurs français actifs sur le sujet.
L'extension Causes de Qwant permet de générer des dons financiers aux associations d'intérêt public grâce aux clics des internautes
L'extension Causes de Qwant permet de générer des dons financiers aux associations d'intérêt public grâce aux clics des internautes (Crédits : Capture d'écran / Qwant Causes)

Comment s'est créé le lien entre le moteur de recherche Qwant et HelloAsso, spécialisée dans les outils numériques mis à la disposition gratuitement des associations ?

Ismaël Le Mouël : Un lien s'est créé par Tristan Nitot, vice-président advocacy de Qwant, que nous avions invité il y a quelques années à participer à la Social Good Week, que l'on organisait, à l'époque où il était chez Firefox. Quant à Eric Léandri, le fondateur de Qwant, il se trouve qu'on s'est croisé il y a des années au salon des solidarités. Les deux entreprises ont grandi séparément, mais nous sommes dans des zones philosophiques proches. Eux avaient la volonté de mettre de l'associatif dans leur produit et de soutenir les associations caritatives. Et pas forcément de grosses associations d'ailleurs, qui ont déjà des possibilités de communiquer sur leurs actions, mais un éventail plus large. Ils sont donc venus nous voir.

De notre côté, cette visite tombait bien. Nous continuons à grandir puisque nous atteignons maintenant les 65 salariés, nous enregistrons chaque mois 4.000 à 6.000 nouvelles associations utilisant nos outils, ce qui devrait nous amener aux 100.000 associations utilisatrices dans les prochains mois. Grâce à HelloAsso, entre notre création en 2009 et le mois d'avril dernier, elles ont collecté plus de 150 millions d'euros. Parmi nos missions, on retrouve l'éducation au numérique mais on se dirige aussi progressivement vers la possibilité de leur amener de la visibilité. J'espère que ce partenariat avec Qwant est le premier d'une série : nous cherchons à agréger autour de nous des partenaires capables de donner de la visibilité à ce tissu associatif.

Concrètement, comment va fonctionner ce partenariat avec Qwant ?

Lorsque l'internaute utilise le moteur de recherche de Qwant, il a maintenant la possibilité d'activer d'un simple clic l'extension Causes, sans avoir à activer un compte. Qwant ne collecte aucune donnée personnelle, contrairement à Google. Cette fonctionnalité introduit davantage d'espaces publicitaires, ce qui génère automatiquement des dons. Chaque clic sur un lien sponsorisé génèrera des points intitulés Qoz, dont la valeur sera reversée chaque mois, en euros et dès le premier centime, aux associations sélectionnées par l'internaute. Ce dernier pourra également reverser l'intégralité de ses Qoz à la cause mise en avant par Qwant mensuellement. Les entreprises pourront activer l'extension Causes par défaut dans leur déploiement de Qwant.

Lire aussi : IA, santé, e-mail, paiement : Qwant change de dimension pour devenir le Google européen


De notre côté chez HelloAsso, nous opérerons les transactions et le reversement aux associations qui, parmi les 75.000 que nous accompagnons, sont d'intérêt public. Le fait que Qwant lance ce programme et nous choisisse pour l'opérer dit quelque chose sur ce qu'Internet peut être : un outil au service de l'humain et de l'éthique.

Lire aussi : HelloAsso lève 6 M€ pour accompagner les associations dans leur transition numérique

Emmanuel Macron a réuni le 15 juin plusieurs acteurs du web, dont beaucoup de géants mondiaux, à l'Elysée pour la 2e édition du sommet Tech for good. Que vous inspire cet événement qui semble écarter beaucoup d'entreprises françaises et européennes légitimes sur le sujet ?

A la base, j'en pense la même chose que l'an dernier : business as usual. La seule différence que je perçois, c'est qu'un paradoxe est de plus en plus visible. Il devient criant que sont invités à ce sommet par Emmanuel Macron des acteurs qui ne font pas de la tech for good, et qui en plus sont des exilés fiscaux. Quand je vois que Google échappe à 1,115 milliards d'euros d'impôts en France, alors que c'est la base de la solidarité, et qu'il annonce qu'il va injecter 3 millions d'euros pour les associations en France, ça me fait rire jaune. Je trouve dommage qu'on en soit à "goodwasher" ces gens-là. Je crois aussi que c'est une belle occasion manquée de mettre à l'avant-scène une tech for good européenne, qui est absente ou presque de ce sommet. L'an dernier nous avions été choqués, cette année on n'est donc plus surpris. D'autant moins surpris que l'an passé c'est Cédric O, aujourd'hui secrétaire d'Etat au Numérique, qui avait organisé l'événement. Il semble que le sujet très discuté soit la modération des contenus haineux. Lors de la dernière visite du patron de Facebook en France il y a quelques jours, j'ai été surpris de voir Mark Zuckerberg donnant des leçons à l'Etat sur le sujet. Malgré la volonté du gouvernement de se positionner comme un donneur d'ordre, je ne suis pas sûr du pouvoir d'inflexion que pourrait réellement exercer Emmanuel Macron face à Facebook.

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