Innovation santé : un pôle vital boosté à Bordeaux

Galenus Regeneratio, jeune pousse tourangelle en cours de transfert à Bordeaux, et Implants S14 sont deux des startups pour lesquelles la plateforme Happy Capital veut lever des fonds.
Rapidité et grande précision des tests, l'atout de Galenus Regeneratio

"Nous sommes très axés sur la santé parce que nous nous intéressons aux projets utiles. Quand nous sélectionnons un projet nous y investissons jusqu'à 1 M€. Mais la loi en France va changer et nous pourrons bientôt lever jusqu'à 2,5 M€", a observé Philippe Gaborieau, patron de la plateforme de financement participatif Happy Capital, hier mardi matin à Bordeaux, devant les représentants de deux startups de la filière santé qui cherchent à lever des fonds.

La première convention nationale ciblée sur les nouvelles technologies financières (Fintech) s'est tenu en octobre dernier à Bordeaux et le port de la Lune a commencé à se faire un nouvelle réputation. Un dynamisme qui n'a pas échappé à Laurent Mousseau, docteur en pharmacie, diplômé en pharmacie industrielle, et Pascal Gigot, ingénieur IPSA (Institut Polytechnique des Sciences Avancées), cofondateurs et respectivement président et directeur général de Galenus Regeneratio. Aidés par des partenaires en Touraine et au-delà, les deux associés tournent pourtant depuis un moment la tête vers Bordeaux.

"La Région Centre nous aide mais il n'y a pas le même potentiel ici pour financer les entreprises innovantes dans le secteur de la santé qu'en Aquitaine... Pour gérer notre levée de fonds nous venons de créer Galenus Capital, une société holding dont le siège est à Bordeaux" précise Pascal Gigot.

Trouver le bon allergène

Les deux associés veulent lever 225.000 €, soit 20 % du capital de leur société, avec un ticket d'entrée minimum à 216 € pour les investisseurs.

"Cette levée de fonds doit nous permettre de sécuriser notre innovation sur le dosage du sang, avec le dépôt de brevets et doit être réalisée d'ici septembre", confie Laurent Mousseau.

Une startup au nom latin ça ne court pas les rues mais Galenus Regeneratio ne sort pas pour autant d'un laboratoire souterrain du Vatican, seul Etat où cette langue morte ne l'est pas.

"On peut traduire Galenus Regeneratio par Renouveau de la pharmacopée... sourit Laurent Mousseau. Notre société, poursuit-il, vient de mettre au point un système de diagnostic des allergies qui s'utilise au pied du malade et donne un résultat fiable en quinze minutes. Nous sommes très précis car notre diagnostic se fait à l'échelle moléculaire. Dans une cacahuète on va par exemple identifier dix composants, dont cinq susceptibles d'intervenir dans l'allergie aux arachides, expose Laurent Mousseau. Mais sur ces cinq composants critiques, vous en avez deux qui n'appartiennent qu'à cette arachide et trois qui vont se croiser avec d'autres allergènes. Vous voyez le problème : on peut identifier un allergène sans qu'il soit seul en cause ou même impliqué dans l'allergie à soigner. Juste parce qu'il s'est croisé avec un autre allergène qu'on ne peut pas voir avec les tests classiques, démêle le patron de la startup. Il n'y a qu'en descendant à l'échelle moléculaire que l'on peut identifier à coup sûr et rapidement les allergènes croisés et non croisés. Et c'est bien ce que nous faisons".

500.000 € pour bouger le dos

En plus de la recherche des anticorps spécifiques aux allergènes, Galenus Regeneration a développé un kit baptisé "Acaritest" pour savoir si oui ou non votre logement contient trop d'allergènes. Il est vendu depuis deux mois en pharmacie sans ordonnance au prix public de 39,90 €. Des kits spécialisés pour détecter les allergènes de blattes ou de chats existent également et la startup intègre l'environnement du patient dans le diagnostic.

"Si l'on veut désensibiliser quelqu'un à un allergène il est vital de savoir dans quelles conditions il vit. Inutile de tenter de désensibiliser quelqu'un qui évolue chez lui tous les jours au contact des allergènes en cause", explique Laurent Mousseau.

Implants S14 c'est l'autre startup présentée hier matin pour lever des fonds grâce à Happy Capital. Spécialisée dans la chirurgie du dos, Implants S14 propose une technologie innovante pour préserver la mobilité de la colonne vertébrale. La jeune pousse, qui fédère six associés, doit lever 500.000 € pour développer son plan stratégique. Frédéric Fortin, le président d'Implants S14, ingénieur en mécanique, diplômé de l'Institut d'administration des entreprises (IAE) de Paris est depuis longtemps dans l'orthopédie et il a notamment dirigé une entreprise très connue dans le secteur en Gironde, Hexabio.

Trop souvent les opérations du dos se traduisent par la soudure de plusieurs vertèbres, ce qui finit par poser des problèmes (photo DR).

S14 Implants au CHU de Bordeaux

En fait Implants S14 est la marque commerciale de la société Biospine Implants, à Pessac, et le produit innovant issu de la technologie développée par cette startup s'appelle B-Dyn.

"Nous avons développé une technologie unique d'amortissement de la colonne vertébrale. Chaque fois que c'est possible il s'agit d'éviter de provoquer la soudure des vertèbres, comme cela se fait actuellement dans la chirurgie du dos, avec les opérations pour les lombalgies par exemple où l'on empêche des sections de la colonne vertébrale de bouger. Cela soulage mais pendant un temps seulement, éclaire Frédéric Fortin. Car cela ne dure pas, poursuit-il. Si la soudure des vertèbres soulage, elle reporte la charge mécanique sur le disque du dessus, qui finit par s'affaiblir jusqu'à ce que la situation s'aggrave, analyse Frédéric Fortin. La technologie que nous développons consiste au contraire à insérer des amortisseurs entre les vertèbres. Elle est utilisée depuis cinq ans avec succès au CHU de Bordeaux par le professeur Olivier Gille. Je tiens simplement à rappeler que le CHU de Bordeaux est devenu un centre de référence de la chirurgie dorsale."

Les premiers cas cliniques ont été traités au CHU de Bordeaux avec cette technologie en 2009, avec de très bons résultats commentés cette année dans une revue professionnelle européenne, observe le dirigeant. B-Dyn est déjà protégé par un certain nombre de brevets, y compris aux Etats-Unis, mais avant de s'attaquer à ce marché poids lourd (60 % de l'activité mondiale) Frédéric Fortin doit financer le renforcement de son équipe commerciale et le dépôt les dossiers en vue de réaliser les études cliniques qui lui permettront ensuite de vendre sur le marché américain.

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