Nautisme : le chantier naval bordelais CNB ne sera pas sacrifié par le groupe Bénéteau

Figure emblématique du nautisme à Bordeaux, CNB ne devrait pas souffrir directement du plan de relance annoncé par sa maison-mère vendéenne, le groupe Bénéteau, pour faire face à l'impact négatif de la pandémie de coronavirus sur la production de monocoques et multicoques. Bénéteau a pourtant bien annoncé une réduction du nombre de ses marques, qui inclut CNB Yacht. Une réduction de la taille du portefeuille qui ne doit pas rimer avec disparitions.
Vue du chantier naval CNB à Bordeaux avec les catamarans Lagoon au premier plan.
Vue du chantier naval CNB à Bordeaux avec les catamarans Lagoon au premier plan. (Crédits : Lagoon - Sébastien Mey-Claris)

Leader mondial des industries nautiques et chef de file européen du mobile home le groupe vendéen Bénéteau (1,3 milliard d'euros de chiffre d'affaires en 2019, dont 1,1 milliard au titre des bateaux) a dévoilé son plan de relance « Let's go Beyond ! » (Aller plus loin !) pour faire face à l'impact de la pandémie de Covid-19, qui s'est en particulier traduite par l'arrêt des usines du groupe pendant six semaines. Du jamais vu depuis la crise financière mondiale de 2008.

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Au cours des neuf premiers mois de son exercice 2019-2020, le groupe Bénéteau a ainsi enregistré un recul de son chiffre d'affaires de 17,3 % sur un an, à 768,7 millions d'euros, à l'issue d'un 1e semestre où le chantier naval avait enregistré une hausse d'activité de 4,8 %. Le troisième trimestre s'est avéré décisif avec une chute d'activité de 42,6 % au terme de six semaines d'arrêt de la production. En Nouvelle-Aquitaine et plus précisément à Bordeaux, le groupe Bénéteau est plus connu par CNB (Construction navale de Bordeaux).

Une nouvelle géométrie se met en place

Une filiale bordelaise qui s'articule sur trois marques : CNB Yacht, Excess et Lagoon. Les deux dernières étant liées aux catamarans hauturiers, dont CNB est le leader mondial. La société bordelaise CNB employait ainsi 1.245 salariés au cours de l'exercice 2018-2019, pour un chiffre d'affaire de 305,3 millions d'euros. Dans son plan pour rebondir face à cette crise sanitaire dévastatrice, qui a touché le chantier naval de plein fouet, Bénéteau vient de hisser les couleurs et d'annoncer plusieurs mesures pour retrouver le plus tôt possible le niveau d'activité 2019 d'avant le coronavirus. Bénéteau va notamment ramener son portefeuille de marques de douze à huit et se défaire de CNB Yacht.

"Je vous confirme la décision stratégique du groupe Bénéteau de recentrer à terme son portefeuille sur huit marques : Bénéteau, Jeanneau, Prestige, Lagoon, Excess, Four Winns, Wellcraft, Delphia. Les quatre marques CNB yacht, Monte Carlo Yachts, Glastron et Scarab ne seront pas arrêtées. Elles ne disparaîtront donc pas mais continueront leur développement avec de nouveaux partenaires. A ce jour, les modalités de ces partenariats (joint-ventures ou autres) et le calendrier de cession n'ont pas été communiqués. Jusqu'alors, elles continuent donc à faire partie du Groupe Bénéteau, avec les mêmes équipes de collaborateurs. Ces quatre marques et leurs bateaux participeront aux différents salons nautiques de rentrée, comme d'habitude", précise à La Tribune la direction du groupe à Paris.

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Faute de place, CNB Yacht fabrique en Italie

Parti du chantier naval abandonné de Construction navale de Bordeaux, sur la rive droite, CNB s'est développé régulièrement avant d'exploser en reprenant, grâce à Bénéteau mais sur une idée de Dieter Gust, l'activité alors encore embryonnaire de fabrication de catamarans de Lagoon. Enclavé dans une vile elle-même en pleine renaissance urbaine, le chantier naval CNB a fini par se retrouver étranglé dans ses 100.000 m2 de surface, dont un peu plus de 56.000 m2 couverts, qui ne suffisaient plus à faire face aux commandes.

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Pendant des mois Dieter Gust, le cofondateur (avec Olivier Lafourcade) et dirigeant de CNB, a essayé de convaincre la mairie de Bordeaux de céder au chantier naval limitrophe une partie du futur quartier de Brazza. Aucune solution n'a pu être trouvée et finalement CNB a dû délocaliser l'an dernier son activité historique de fabrication de yachts monocoques à Monfalcone, en Italie. Ce sont bien les catamarans de Lagoon, dont la production est répartie entre Saint-Gilles-Croix-de-Vie en Vendée (500 salariés), pour les petits modèles, et Bordeaux, et l'activité d'Excess qui assurent l'essentiel de la production et des emplois de la filiale CNB.

Une activité qui ne devrait pas être touchée par les conséquences du plan de relance arrêté par Bénéteau. Contrairement à celle de CNB Yacht en Italie, qui pourra donc faire l'objet de la création d'une coentreprise ou d'une reprise, sans que le groupe n'ait pour le moment de précisions à donner à ce sujet.

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