Dans les Landes, Pyrenex se remplume grâce à son savoir-faire centenaire

Créée en 1859, la marque landaise de vêtements et literie haut-de-gamme Pyrenex se redéveloppe après avoir souffert de la pandémie et de la grippe aviaire ces dernières années. La fabrication des doudounes premium a été relocalisée.
(Crédits : Pyrenex)

Comme pour les filières canard et foie gras, fragilisées par plusieurs grippes aviaires, les dernières années n'ont pas été faciles pour Pyrenex. Depuis sa création en 1859, la marque est implantée à Saint-Sever (Landes) d'où elle fabrique ses iconiques doudounes bombées aux plumes de palmipèdes. Dans la zone industrielle à quelques encablures du centre-ville, où les anciens bâtiments du groupe sont en cours de transformation en hôtel-restaurant sous l'égide de la mairie grâce à une subvention pour les friches, l'entreprise landaise est voisine de Delpeyrat et des Fermiers Landais.

« C'est une implantation historique et stratégique, car il s'agit de la plus grande région d'élevage de canards et d'oies d'Europe, décrit Eric Bacheré, son directeur général. En raison de la grippe aviaire en France et, en parallèle, la chute des volumes de production de canards en Chine, qui représente 60 à 70 % du marché mondial, alors que la demande en doudounes et couettes est là, les prix des plumes ont fortement augmenté », détaille-t-il, refusant pour autant de se fournir ailleurs.

Une PME familiale

Affichant fièrement le « Made in Saint-Sever », l'ex-Manufacture Abel Crabos a obtenu le label entreprise du patrimoine vivant (EPV) en juin 2020. L'entreprise qui portait auparavant le nom de son fondateur, dont le représentant de la quatrième génération Edouard Crabos est l'actuel président et toujours actionnaire avec sa famille, fait tout pour protéger et développer son savoir-faire. « Il y a encore des préjugés sur l'usage des plumes, mais en réalité nous faisons de l'upcycling depuis toujours : avec un déchet du secteur agroalimentaire, nous réalisons des produits haut-de-gamme, des doudounes d'un côté et des oreillers et couettes de l'autre », affirme Eric Bacheré, en parcourant la chaine de production, qui tourne en 2x8 au lieu de 3x8 depuis le début de la grippe aviaire.

De plus, puisque Pyrenex exporte aux quatre coins du monde, notamment vers le Japon, son second marché, les ventes ont aussi pâti de la pandémie. Le chiffre d'affaires remonte de nouveau et est passé de 29,6 à 33 millions d'euros l'an dernier.

160 salariés

Première étape, les plumes achetées aux abattoirs sont lavées, séchées, puis séparées selon leur qualité dans de grandes trieuses. « Nous avons de la neige ici tous les jours », sourit le dirigeant, en pointant les flocons virevoltant dans ces tunnels à air où la matière la plus noble, le duvet qualité « Legend 1895 », nom donné au duvet le plus léger et isolant, est le seul à arriver au bout. « Les canards de notre région vivent deux fois plus longtemps qu'en Chine et le pouvoir gonflant du duvet est supérieur », souligne-t-il.

La prochaine étape est la confection. D'abord la literie, d'un côté les oreillers, 800.000 par an, vendues sous sa propre marque comme sous de celles de plusieurs distributeurs. De l'autre, les couettes, toutes soigneusement vérifiées avant d'être emballées. « Nous avons peu de stock et fabriquons à la commande. Nous avons plusieurs gammes de produits adaptées à plusieurs réseaux de distribution afin de garantir de l'activité tout l'année aux 160 salariés », détaille celui qui est entré dans le groupe il y a une trentaine d'années.

Relocalisation

Direction le bâtiment le plus récent, à côté de l'usine et du laboratoire de recherche, où les équipes prêt-à-porter ont élu domicile depuis 2019 : « C'était un sacré pari de relocaliser la fabrication de nos doudounes premium (vendues aux alentours de 1.000 euros l'unité), mais nous ne le regrettons pas », affirme Eric Bacheré. La vingtaine de modélistes et couturières perfectionnent ici sans cesse leurs gestes et leurs designs.

« Les doudounes aux prix plus accessibles sont produites dans nos usines partenaires -quatre en Tunisie, deux au Portugal, une en Bulgarie, une en Chine, une en Bulgarie- à qui nous fournissons toutes les matières, les patronages et les gammes de montage. Nous arrivons à renforcer et à rajeunir notre clientèle. Les collections vintages plaisent particulièrement », ajoute-t-il. Pour développer son image, Pyrenex soigne sa présence dans des lieux emblématiques, tels que Saint-Lary, le Pic du Midi ou encore la Tour Eiffel, dont les équipes ont toutes des doudounes garnies avec du duvet landais. Tout comme les organisateurs et les acteurs du jury du festival de cinéma des Arcs depuis décembre dernier.

Plus de mille boutiques

Pour mieux exposer son savoir-faire, la marque landaise sélectionne aussi soigneusement ses lieux de vente. « En France, nous avons notre boutique rue du Temple à Paris. Comme pour la literie avec 700 points de vente partenaires, nous avons pour le prêt-à-porter un réseau de 200 boutiques multimarques en France et plus de 500 à l'étranger. Nous développons par ailleurs notre site et depuis peu des boutiques en affiliation, neuf au total à date (Paris rue de Rennes, Biarritz, Lyon, Bordeaux, Hossegor, Toulouse, Nice, Chambéry, Saint-Jean-de-Luz) avec des marques dont le temps fort est l'été, telle que Havaianas et Banana Moon », dévoile le directeur général.

À terme, Pyrenex ne compte pourtant pas habiller ses clients que quand il fait froid. L'objectif est de développer la gamme textile, qui compte déjà des imperméables, des shorts ou encore t-shirts, pour pouvoir s'habiller toute l'année à la mode landaise.

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