Dans les Pyrénées, Artouste compte davantage sur son train jaune et rouge que sur l'or blanc

Artouste a défrayé la chronique ce printemps par son projet d'installer une piste de ski synthétique. Mais le développement de la station des Pyrénées-Atlantiques passe d'abord et surtout par son train touristique d'altitude.
Le train touristique d'Artouste dans les Pyrénées-Atlantiques a transporté 120.000 touristes en 2023.
Le train touristique d'Artouste dans les Pyrénées-Atlantiques a transporté 120.000 touristes en 2023. (Crédits : CC VALENCIANO de Pixabay)

Alors que les hôteliers et restaurateurs attendent avec impatience les touristes dans les stations balnéaires de la côte basque et landaise, dans les stations de ski des Pyrénées-Atlantiques, ces derniers sont bien au rendez-vous. D'après l'agence départementale du tourisme 64, la fréquentation était en petite hausse de 2 % au Pays basque à fin juin, essentiellement dû aux accueils de groupes et non de touristes particuliers, elle a fait un bond de 9% dans le Béarn. C'est le cas à Artouste : « Nous continuons sur la bonne tendance du début de saison. Nous avons accueilli beaucoup de groupes au printemps, puis maintenant des vacanciers, qui viennent s'évader en Vallée d'Ossau, témoigne Jean-Christophe Lalanne, directeur général de la station. J'ai l'habitude de dire, poursuit-il sur le ton de la boutade, que nous sommes la locomotive de la Vallée d'Ossau ».

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Une image bien choisie, car ce que les touristes plébiscitent avant tout dans cette vallée où les retombées économiques du tourisme ont atteint 132 millions d'euros l'an dernier, c'est le petit train jaune et rouge d'Artouste. Achevé en 1924 pour réaliser le barrage du lac d'Artouste, il permet depuis 1932 d'aller admirer ce lac situé à plus de 2.000 mètres d'altitude et les sommets environnants, dont le majestueux Pic du Midi. L'an dernier, entre début mai et début octobre, 120.000 personnes sont montées à son bord depuis le village de Laruns ou le Col du Pourtalet.

Une piste de ski en plastique ?

Or, alors que la neige se fait plus rare dans cette station, située entre 1.400 et 2.100 mètres d'altitude, tout comme dans les 45 autres stations des Pyrénées françaises, cette ligne de chemin de fer devient de plus en plus stratégique. L'hiver dernier, alors que les skieurs ont pu dévaler les pentes pendant seulement deux jours, faute de neige, la station avait en effet décidé de remettre, pour la première fois, le train en marche. Et les visiteurs étaient au rendez-vous. « Notre stratégie de diversification quatre saisons porte ses fruits. Nous devrions terminer cet exercice avec un bénéfice, après un déficit de 30.000 euros l'an dernier, qui était déjà extrêmement réduit comparé aux 20 millions d'euros de pertes quand je suis arrivé [à l'occasion du passage sous régie municipal en 2019, NDLR] », souligne Jean-Christophe Lalanne.

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Contrairement aux attentes, les ressources principales d'Artouste, qui n'a cessé d'investir dans d'autres activités ces derniers mois pour créer des tyroliennes, des pistes de VTT ou encore de kart, ne sont déjà plus du tout liées au ski. « La saison estivale représentera 95 % de nos recettes cette année, l'hiver seulement 5 %. Ce n'est donc pas sur la piste de ski synthétique qu'il faut se focaliser ! », assure le directeur général en référence à ce projet qui a défrayé la chronique en mai dernier.

A l'occasion du vote d'une subvention du conseil régional de Nouvelle-aquitaine 76.000 euros sur un total de 372 000 euros, les élus régionaux écologistes avaient en effet dénoncé cette intention de revêtir de plastique une bande de 200 mètres de long sur 15 mètres de large du domaine, classé zone Natura 2000. La station, elle, clame que la technologie choisie est durable car elle devrait permettre de glisser, sans que le sol soit arrosé ou recouvert de neige de culture, à l'arrivée de la télécabine pour rejoindre les vingt pistes l'hiver et même de faire un peu de ski l'été.

Les canons à neige à l'arrêt

Contrairement aux stations voisines, Artouste n'utilise plus de canons à neige depuis 2020. « Nous ne pouvons pour le moment pas débuter les travaux de la piste, car nous attendons les subventions de l'Etat. Depuis la dissolution de l'Assemblée nationale, toutes les discussions sont à l'arrêt... », déplore Jean-Christophe Lalanne. Pas tant pour ce projet, mais pour un autre, bien plus stratégique à ses yeux : la négociation d'une autorisation d'exploitation des dix kilomètres de chemin de fer du train.

« Nous avons déjà racheté le train à la Shem [la société hydro-électrique du Midi, une filiale d'Engie, qui gère douze barrages dans les Pyrénées, le Lot et la Dordogne, NDLR], et nous aimerions avoir une autorisation d'exploitation de la ligne pour trente ans que nous étions sur le point d'obtenir », estime le directeur général de la régie d'Artouste. Un précieux sésame qui permettrait à la station de devenir maître de son destin, mais que seul le ministère de l'Energie peut délivrer au nom de l'Etat. Encore faut-il que le dossier du train d'Artouste soit en haut de la pile des nombreux dossiers à régler par le nouveau locataire de Bercy.

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Commentaire 1
à écrit le 03/08/2024 à 7:04
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Si vous saviez le nombre de voies ferrées en Dordogne qui parcouraient des paysages magnifiques mais que nos dirigeants ont démantelé... nos dirigeants sont NULS !

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