À coup de dizaines voire centaines de millions d'euros, les méga-levées de fonds deviennent la règle dans le domaine des énergies renouvelables. Après Volta, Technique solaire, Sorégies ou encore Éléments en fin d'année dernière, le nouveau développeur solaireTerapolis présente ses ambitions. Resté silencieux jusqu'ici, il annonce avoir bouclé un tour de table en juillet 2022 pour installer 2,5 GW de photovoltaïque d'ici 2028. « On a l'agilité d'une petite entreprise mais avec des moyens financiers pour concurrencer les plus gros développeurs », annonce tout net Carole Descroix.
À 44 ans, cette bonne connaisseuse du secteur se décide à monter sur la scène de la transition énergétique, d'un pas à la fois ambitieux et discret. Après avoir créé Terapolis en 2022 à Bordeaux, elle annonce vouloir installer 5 % de la puissance photovoltaïque française d'ici 2028. Quelques mois seulement après ce lancement, Telis Energy est devenu son actionnaire majoritaire (et réciproquement Terapolis sa filiale française) via une levée de fonds. Cette société, qui vise 10 GW d'énergies renouvelables en Europe d'ici 2030, appartient au groupe Carlyle, un fonds d'investissement américain à la tête de 427 milliards de dollars d'actifs au 31 décembre 2023.
Le montant de l'opération n'a pas été communiqué, mais il peut être estimé à plusieurs dizaines de millions d'euros au vu des manœuvres similaires opérées dans le secteur. Avec l'objectif de 2,5 GW, on parle même d'une capacité totale d'investissement en milliards d'euros. Être un acteur majeur sinon rien, à l'heure où le photovoltaïque gagne la bataille de la compétitivité grâce à la maturité de ses solutions technologiques et aux panneaux fabriqués en Asie.
Un démonstrateur en attendant les parcs
Des ambitions colossales pour une jeune entreprise d'une trentaine d'employés qui part de zéro. Pour se démarquer, Terapolis veut émerger comme un « développeur intégré », en couvrant non seulement l'aspect énergétique mais aussi les questions géographique, cartographique, juridique ou agricole. Une vision complète nourrie par l'expérience de Carole Descroix, également experte auprès de la Cour administrative d'appel de Bordeaux. « Je me suis rendue compte que 99 % des contentieux pouvaient être évités si les porteurs de projet avaient simplement été bien conseillés au préalable », rapporte-t-elle.
Portée par cet esprit, la développeuse est parvenue à recruter des profils expérimentés et courtisés. Mais pour atteindre ses objectifs, l'équipe va devoir agir efficacement pour concrétiser les 3 GW déjà en portefeuille. Elle cible ainsi en priorité les régions du sud de la France ainsi que le Centre et en particulier les fonciers dotés de points de raccordement proches. Terapolis aspire à y installer des parcs de grande envergure au sol, en agrivoltaïsme ou même sur l'eau. « J'entends l'impact environnemental des projets, mais si on veut une vraie transition énergétique, il faut que l'énergie renouvelable soit rentable. Si on arrive à l'être sur des parcs d'un hectare on le fera, mais pour l'instant cela passe par des installations dimensionnées », commente la dirigeante. Un démonstrateur, reflétant la démarche intégrée de Terapolis, ouvrira cette année ou l'année prochaine autour de la métropole bordelaise. Première marche avant de développer d'autres sources d'énergie, avec l'éolien dans le viseur.
Une fondatrice à la figure d'experte En lançant Terapolis, Carole Descroix a voulu faire émerger un développeur à part entière, après avoir dirigé Eclairance entre 2020 et 2022, éphémère société de conseil en gestion d'infrastructures dans les énergies renouvelables. L'ingénieure de formation a également passé douze ans chez Neoen, notamment en tant que directrice grands projets sur la centrale Horizeo. Depuis 2019, elle est experte auprès de la Cour administrative d'appel de Bordeaux sur les contentieux autour du photovoltaïque et de l'éolien.
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