Pour ses dix ans, Enercoop Nouvelle-Aquitaine raccorde son premier parc solaire citoyen

La coopérative Enercoop Nouvelle-Aquitaine, créée en 2014, met en service son premier parc solaire ce vendredi 8 mars : une petite installation de 250 KW en Dordogne qui appartient à 3.200 sociétaires. Le développeur poursuit une recherche perpétuelle de fonds avec l'espoir de financer deux centrales par an.
Maxime Giraudeau
La première centrale photovoltaïque d'Enercoop en Nouvelle-Aquitaine s'étend sur 2.000 m2 en Dordogne.
La première centrale photovoltaïque d'Enercoop en Nouvelle-Aquitaine s'étend sur 2.000 m2 en Dordogne. (Crédits : Enercoop)

« On ne peut pas laisser les enjeux de l'énergie exposés à un environnement seulement capitalistique. »  C'est l'opinion des partisans d'Enercoop. Le fournisseur d'électricité verte créé en 2005 a depuis essaimé en coopératives régionales qui ont pour mission de déployer des parcs citoyens. Avec une conviction qui vise à donner du pouvoir aux territoires sur le développement d'énergies renouvelables.

Pour les dix ans de l'antenne Nouvelle-Aquitaine (lancée en 2014 sur l'ex-Aquitaine), les membres de la coopérative ont de quoi se réjouir : la première centrale solaire citoyenne est mise en service ce 8 mars, à Faurilles en Dordogne. D'une puissance de 250 KW, elle a nécessité un investissement de 280.000 euros et appartient aux 3.200 sociétaires de la coopérative régionale. Le projet initié en 2019 s'étend sur une petite surface de 2.000 m2.

« C'est un exemple qui permet la réappropriation de la question énergétique sur le territoire par le citoyen, attire Sandrine Larrouy-Castéra, responsable du pôle coordination d'Enercoop Nouvelle-Aquitaine. On est vraiment sur une proposition de création de valeur à long terme », argumente-t-elle en citant l'étude d'Énergie Partagée qui montre les fortes retombées économiques des projets citoyens.

En quête perpétuelle de sociétaires

Comme c'est le cas de la commune de Faurilles, les petites collectivités se montrent intéressées par ces modèles de développement coopératif. « Les collectivités sont assaillies de sollicitations par les plus gros développeurs mais elles posent leurs exigences car elles veulent maîtriser les retombées économiques pour leur territoire », observe Charles Lucazeau, responsable des pôles réseau et commercial. Enercoop prévoit la mise en service de deux parcs solaires dans le Lot-et-Garonne en 2025 alors que des projets sont en développement en Charente-Maritime. Un projet d'une puissance de 5 MW va également voir le jour à Saint-Paul-lès-Dax dans les Landes.

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Dans la région, elle souhaite développer deux parcs par an à moyen terme afin d'atteindre une puissance installée de 22 MW. Une vingtaine de projets sont dans les cartons. Pour les faire aboutir, la coopérative s'est engagée dans une forme de quête perpétuelle de fonds en cherchant de nouveaux sociétaires. « Il y a quand même une méconnaissance du modèle coopératif. Nous avons un gros travail à faire, on doit prendre notre bâton de pèlerin pour se faire connaître », illustre Sandrine Larrouy-Castéra.

Éviter la flambée du prix

Des besoins de financements constants qui tranchent avec le nouveau mouvement des méga-levées dans le domaine énergétique. Technique Solaire a levé 200 millions d'euros en novembre et le groupe Sorégies investit quant à lui 500 millions d'euros sur les renouvelables tandis qu'EDF Renouvelables nourrit aussi de grandes ambitions dans la région. Des acteurs qui veulent agir à très grande échelle pour rendre compétitifs les prix de l'électricité issue du solaire.

À côté, Enercoop pâtit d'une image qui renvoie à des coûts élevés. « Historiquement, nous étions 15 % plus chers que les prix du marché. Être accessible, c'est une ambition qui s'est heurtée à la réalité, reconnaît Charles Lucazeau. En 2022, on s'est résolu à recourir à l'Arehn [Accès Régulé à l'Électricité Nucléaire Historique, qui permet d'avoir accès à un tarif préférentiel, ndlr] pour trois ans, car la situation était trop tendue avec la hausse des prix de l'électricité. On essaye d'anticiper la fin de ce mécanisme en installant des parcs pour que nos clients ne subissent pas de hausse en 2026. » Selon les formules d'abonnements, Enercoop affiche un prix qui oscille entre 13 et 27 centimes du KWh.

Au niveau national, le fournisseur s'approvisionne auprès de 467 sites de production d'énergie renouvelable mais veut sécuriser 30 % de son électricité via ses propres centrales développées ou co-développées d'ici 2030. Il faudra d'ici là multiplier les projets et les investissements particuliers, en se confrontant à la difficile équation entre la dimension des projets et leur coût.

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Maxime Giraudeau

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