Fin juin, la grande plage de Biarritz avait des allures de Croisette. L'actrice Pénélope Cruz est venue y présenter son premier film « A contretemps » lors de la première édition du Festival international du film Nouvelles Vagues (28 juin-2 juillet), dont les membres du jury ont la particularité d'avoir tous moins de 35 ans. Quelques jours plus tard, c'était au tour d'Anglet d'accueillir la 19e édition de l'International surf film festival (7-10 juillet) avec uniquement des courts et longs métrages mettant en scène ce sport.
« Nous avons eu cette année 24 films en compétition de quatorze pays, mais une grande majorité ont été produits en Nouvelle-Aquitaine, dont le film "Anglet, Grandir face à la mer", de Christine Diger qui a obtenu le Prix du public. L'histoire montre qu'obtenir un prix dans notre festival peut lancer un film. C'est aussi cela la vocation de ce festival ! », explique Bruno Delaye, son fondateur.
« Chainons de la filière »
Festival du film francophone d'Angoulême (Charente), Festival du film de Contis (Landes), Festival La Rochelle Cinéma (Charente-Maritime) ou encore le Festival du Film indépendant de Bordeaux (Gironde), durant l'été, de nombreuses manifestations cinématographiques ont lieu en Nouvelle-Aquitaine. « Environ 900 évènements culturels ont lieu chaque année, dont 350 sont soutenus financièrement par la région Nouvelle-Aquitaine », explique Charline Claveau, vice-présidente de la Région en charge de la culture, des langues et culture régionales. Mais ce n'est que la partie émergée de l'iceberg.
« Au-delà des festivals, la Nouvelle-Aquitaine, qui a le meilleur maillage de cinémas indépendants en France et donc au monde, a été la première à signer un partenariat avec le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) pour soutenir l'ensemble des chainons de la filière», détaille l'élue. « Avec 25 millions d'euros par an, dont un peu plus de onze millions financés par la région, aux côtés de ses partenaires départements (*), de la DRAC et du CNC, notre fonds de soutien au cinéma et à l'audiovisuel pour des tournages, la post-production ou encore l'écriture et l'éducation à l'image, est le second au niveau national, après celui de l'Ile-de-France ! »
Mille journées de tournage
L'an dernier, sur 738 demandes de financements déposés, près d'un quart ont obtenu une aide. « Nous privilégions les œuvres artistiques pour favoriser la diversité des créations », stipule Charline Claveau. Deux films soutenus sont actuellement à l'affiche, "Caiti Blues" (Justine Habronnier) et "Paula" (Angela Ottobah). De son côté, "Anatomie d'une chute" (Justine Triet), également soutenu, vient d'obtenir la palme d'or à Cannes. « La tendance à la croissance de la place de l'initiative régionale (producteur, productrice et/ou auteur et autrice établis en région Nouvelle-Aquitaine) se confirme avec 56 % des projets déposés (+ 4 % par rapport à 2021) et 61 % des soutiens (stable par rapport à 2021) », précise la région dans son bilan annuel.
« Notre région a la chance d'accueillir de nombreux tournages, à savoir plus de mille journées l'an dernier, notamment sur la façade atlantique (217 jours de tournage en Gironde, 182 dans les Pyrénées-Atlantiques, 133 en Charente-Maritime, 130 dans les Landes ou encore 94 en Dordogne). Nous œuvrons pour que ces tournages renforcent aussi la filière cinématographique et l'écosystème local. Car un euro dépensé dans un hôtel ou restaurant n'est pas le même que dans le salaire d'un technicien local », appuie la vice-présidente.
Un pic à 7700 emplois
Un travail de longue haleine, surtout après la pandémie, qui a porté un coup d'arrêt aux tournages. Ainsi, la filière cinéma et audiovisuelle représentait 5000 emplois, dont environ mille emplois permanents, en 2020, loin du pic à 7700 emplois en 2019 lorsque la Nouvelle-Aquitaine était la troisième région en termes d'emplois. « Plusieurs soutiens en 2022 correspondent à des séries ou collections récurrentes déjà installées sur le territoire ("Je te promets", "Le crime lui va si bien", "Vestiaires"). La fidélisation de ces projets a un impact important avec des équipes locales reconduites à chaque saison, comme cela a été le cas pour "Un village français" longtemps installé dans le Limousin », souligne la vice-présidente, qui ne dispose pas encore de chiffres plus récents.
Autre axe de développement important, la poursuite de l'internationalisation de la filière régionale. Un nombre croissant de sociétés néo-aquitaines, telles que celles spécialisées dans l'image animée à Angoulême et ailleurs, ont développé un catalogue et un réseau important. Les studios de tournage que l'association Ciné Passion, soutenue entre autres par la région, entend installer à Sarlat-la-Canéda (Dordogne) dans les anciens hangars de France Tabac seront une nouvelle corde à cet arc. Le soutien national à ce projet, qui inclura notamment des formations bilingues permettant à des techniciens de pouvoir travailler plus facilement à l'étranger, a été annoncé par la ministre de la Culture au Festival de Cannes, reste à connaître le montant.
(*) Charente, Charente-Maritime, Dordogne, Gironde, Landes, Lot-et-Garonne et bientôt Bordeaux Métropole
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