Excès de vitesse en prévision à Bordeaux ! Le peloton du Tour de France, avec ses sprinteurs en tête, déboule dans le port de la Lune aujourd'hui pour une remontée des quais vers une arrivée aux Quinconces. La place a été inondée depuis hier de barnums publicitaires et de véhicules de course dans une ambiance festive. Treize ans que la ville attendait ça et notamment son maire écologiste, Pierre Hurmic, premier partisan de l'accueil du Tour, réclamé dès son élection en 2020.
L'édile veut profiter de l'événement pour encourager la pratique du vélo dans sa ville et dans l'agglomération, alors qu'une piste cyclable a temporairement remplacé une voie motorisée sur les quais en juin et que la Métropole vient d'inaugurer le tout premier tronçon de son vaste réseau de pistes dédiées au vélo. Contredisant ses homologues écologistes élus dans d'autres grandes villes, Pierre Hurmic vante aussi un Tour de France qui se veut de plus en plus vertueux sur la question de l'empreinte environnementale.
La place des Quinconces s'est transformée en village d'arrivée. (crédits : Agence APPA / Sébastien Ortola)
Pourtant, ce vendredi matin, tous les grands classiques de la tournée cycliste, populaire et publicitaire sont réunis : le « fan park » ouvert aux Quinconces hier balance des goodies à gogo, une partie des transports en commun ne circule plus et un paquebot bien stationné fait de l'ombre à la ligne d'arrivée. Loin de « l'état d'urgence climatique » décrété dans la capitale girondine en 2020, pour un maire qui a toujours revendiqué la co-construction plutôt que le rejet.
« L'événement le plus complexe en terme de logistique »
Il faut bien souligner quelques efforts. Sur les deux derniers kilomètres de l'étape, le long des quais, les personnels de manutention déchargent et rangent les barrières de part et d'autre du macadam. Les grilles, qui transitent matin et soir pendant trois semaines, parcourent plusieurs centaines de kilomètres par jour grâce aux camions de la société XPO Logistics. Une cinquantaine de poids-lourds dont les deux tiers carburent au HVO, un biocarburant issu d'huiles de fritures et d'équarrissage. De quoi diminuer les émissions de CO2 plus de 50 %. Mais pas celles d'oxydes d'azote.
Les manutentionnaires montent les barrières dès le matin. (crédits : Agence APPA / Sébastien Ortola)
« Le Tour doit verdir et nous on veut être le partenaire de leur décarbonation », affiche le directeur de la logistique événementielle de XPO, Jean-Baptiste Hocquaux. « Si on peut le faire sur le Tour, on peut le faire partout car c'est l'événement le plus complexe en terme de logistique. » L'entreprise américaine a racheté en 2015 le transporteur français Norbert Dentressangle, alors logisticien officiel du Tour depuis 35 ans. Un contrat que le repreneur a absolument tenu à conserver avec ASO, la société organisatrice de l'événement. « Ce n'est pas le plus gros contrat, mais c'est la plus grosse vitrine. »
XPO mobilise une soixantaine de conducteurs poids-lourds sur le Tour de France, qui se rendent chaque jour sur les villes étapes. « Ils ne doivent pas se fatiguer dès la première semaine. Le Tour ça dure trois semaines ! », prévient-il, tel le conseil que Laurent Jalabert, commentateur de la course, adresse chaque année aux coureurs. Un précepte que Henri Terreaux connaît par cœur, lui qui accomplit son 27e Tour en tant que directeur des grands événements pour Orange.
Pérenniser les réseaux télécoms
L'opérateur gère l'ensemble des réseaux de télécommunications déployés durant les 21 étapes. Avec une trentaine de kilomètres de câbles et une puissance totale de 30 Go de fibre optique, il assure les liaisons aussi bien pour les classements de la course, que pour les retransmissions médiatiques dans 70 pays ou encore pour les personnels médicaux. Bref, pour les 4.500 personnes qui constituent l'organisation et les animations du Tour. « Imaginez que vous êtes dans un village et que chaque nuit tous les habitants déménagent. On est obligés de réinventer un nouveau réseau au quotidien ! », dessine Henri Terreaux.
Un déploiement connectique indispensable, sans quoi les communications de tout ce peuple nomade seraient rendues impossibles. Orange aménage ainsi des réseaux éphémères à l'aide de fibres optiques, en s'appuyant aussi sur les infrastructures existantes. Mais l'opérateur est parfois obligé d'improviser, comme à Cauterets en montagne hier, où il a installé une antenne relais 5G... qui est restée sur place. En effet, les aménagements sont voués à être maintenus en service et exploités.
Plus étonnant, Bordeaux aussi va bénéficier d'un tout nouveau support grâce au passage du Tour : les fibres optiques de la place des Quinconces ont été entièrement refaites. « On s'est aperçu que le réseau de la place était vétuste, les fibres optiques étaient usées. Elles n'étaient plus opérationnelles alors que ce lieu accueille régulièrement des événements importants », rapporte Henri Terreaux. Le technicien s'eclipse, pas question de s'éloigner trop longtemps des opérations puisqu'ici, il suffit « d'une micro-seconde de coupure et c'est l'émeute dans mon camion ». A l'image d'une grande messe du vélo qui bouillonne et passe à toute vitesse.
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