Automobile : Imerys produit des talcs atomisés pour alléger les voitures électriques

Les pièces plastiques des voitures électriques intègrent désormais des talcs atomisés par l'usine Imerys Tableware d'Aixe-sur-Vienne (Haute-Vienne). Ce minerai extrait de la plus importante carrière de talc d'Europe située dans les Pyrénées est un composant recherché par les constructeurs pour réduire le poids des voitures.
Le nouvel atomiseur d'Imérys a permis d'augmenter la capacité de production de 30 %.
Le nouvel atomiseur d'Imérys a permis d'augmenter la capacité de production de 30 %. (Crédits : Imérys)

En service depuis juillet 2020, l'unité d'atomisation de talc d'Imerys a été inaugurée le 31 mai 2022 à la faveur d'une période sanitaire plus propice. Sur ce site en activité depuis 1786 sous le nom de KPCL, le kaolin est historiquement transformé en pâtes commercialisées à des porcelainiers et industriels de la céramique technique. La société a intégré le groupe Imerys en 1988. Le talc fourni par l'usine Imerys de Luzenac, en Ariège, est transformé dans cet atomiseur à la suite d'un investissement de 5,8 millions d'euros soutenu par la Région. C'est l'aboutissement d'un projet de diversification initié en 2013.

"Nous avons commencé à broyer du talc à la demande d'un collègue de Luzenac", raconte à La Tribune Dominique Ligouret, le directeur du site. "Nous avons mis au point un système de broyage pour délaminer le talc et réussi à le sécher par atomisation. Nous avions produit 500 tonnes en 2013, on est passé à 8.000 tonnes avec le nouvel atomiseur et j'espère 10.000 à 12.000 tonnes cette année pour monter à 20.000 dans deux ans. Les fabricants de plastiques sont demandeurs car c'est un atout imparable pour alléger les voitures électriques. Cela devient un business intéressant pour le site avec des créations d'emplois. Ce n'était pas gagné car ce n'est pas notre cœur de métier."

Près de 24 millions d'euros prévus en 2022

L'entreprise produit 24.000 tonnes de pâtes céramiques et talcs par an avec 80 salariés dont de nombreux intérimaires contre 50 en 2000. Le chiffre d'affaires est reparti à la hausse à 17,9 millions en 2021 et un prévisionnel de 23,7 millions cette année. Les perspectives sont prometteuses vu la bonne tenue des ventes de véhicules électriques, +21,4% en un an. Cela va s'accentuer pour tenir l'échéance de 2035 qui signera la fin des voitures thermiques en Europe. "Dès que le secteur automobile va redémarrer, nos installations seront saturées en 2023 ou 2024 mais il y a de la place pour mettre des broyeurs", assure-t-il.

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Imérys atomiseur de talc

L'objectif est de fabriquer 10.000 à 12.000 tonnes de talcs HAR cette année.(Crédits : Imerys)

Une technologie innovante pour faire la chasse au poids

Dans la nouvelle tour d'atomisation de 20 tonnes et 50 mètres de haut sont produits des talcs HAR, à haut coefficient de forme et de nouvelle génération utilisés pour fabriquer des plastiques plus légers. L'atomisation consiste à déshydrater la barbotine de minéraux broyés pour la transformer en poudre en passant dans un flux d'air chaud. Ces talcs sont incorporés à des polymères afin d'alléger des pièces comme des pare-chocs ou jantes. Ils sont conçus pour maintenir ou améliorer leurs propriétés en termes de rigidité, résistance aux chocs et stabilité dimensionnelle. Les performances sont ainsi améliorées avec une empreinte carbone faible.

"Le talc est une roche lamellaire qui, une fois broyée, augmente la résistance des micro-plastiques" poursuit-il. "Un pare-chocs de 3 cm d'épaisseur avec du talc aura la même résistance mécanique aux crash tests qu'un de 4 cm. C'est une économie de matière première et de poids. C'est la chasse au poids car les constructeurs en rajoutent avec les batteries." L'allégement des voitures électriques est donc une quête permanente.

Objectif zéro rejets dans la Vienne

Imerys se positionne donc désormais comme le premier producteur de talcs à haut coefficient de forme :

"Le nouvel atomiseur a permis à notre site d'augmenter notre capacité totale de production d'environ 30 % pour mieux servir nos clients sur tous nos marchés", poursuit Dominique Ligouret. "Cet équipement nous a permis de réaliser des économies importantes d'eau et de gaz."

L'usine qui travaille en sous-traitance pour le site de Luzenac produit différents talcs, la plupart de sa production est écoulée auprès de fabricants de plastiques : "Une partie est destinée à la cosmétique et un peu pour le papier, nous démarrons aussi sur les pneumatiques où le talc est intéressant pour la barrière de l'étanchéité à l'air. Nous avons bien diversifié notre activité."

Les deux autres atomiseurs sont utilisés si besoin pour sécher le talc Les filtres humides qui consommaient l'eau puisée dans la Vienne, au pied de l'usine, ont été remplacés fin 2021 par des filtres secs. "Cela permet de prélever 20.000 m3 de moins, soit 40 % de moins, en produisant plus", annonce-t-il. "Nous prélevons encore 30.000 m3. La seconde étape sera de recycler cette eau pour arriver à zéro rejets et de construire une réserve d'eau de pluie de 1.500 m3 en 2023 moyennant 350.000 euros pour gagner deux semaines l'été en période d'étiage." La centrale hydraulique va être remise ne service pour produire et auto-consommer l'électricité, un projet chiffré un million d'euros.

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