La Carsat Aquitaine aiguillonne les entreprises de services à la personne

La Caisse d'assurance retraite et de santé au travail d'Aquitaine manie la carotte ou le bâton pour convaincre les entreprises d'améliorer leurs conditions de travail. Un enjeu désormais crucial pour attirer et fidéliser les salariés tout particulièrement dans le secteur des services à la personne dont la réputation très dégradée fait l'objet d'un ciblage spécifique dans la région.
Une séance de théâtre dans le cadre du programme aidants-aidés déployé par la Carsat Aquitaine pour prévenir les risques professionnels dans les métiers des aides à domicile.
Une séance de théâtre dans le cadre du programme "aidants-aidés" déployé par la Carsat Aquitaine pour prévenir les risques professionnels dans les métiers des aides à domicile. (Crédits : Carsat Aquitaine)

Plus connue pour sa mission de suivi et de versement des retraites - la bagatelle de 6,5 milliards d'euros annuels versés aux 750.000 retraités aquitains - la Carsat (Caisse d'assurance retraite et de santé au travail) a aussi une mission de prévention des risques professionnels. C'est à ce titre que Damien Maurice, le directeur régional, coordonne le travail des 97 contrôleurs de sécurité de la Carsat qui visitent chaque année environ 2.800 entreprises des cinq départements de l'ex-Aquitaine.

Un travail de conviction

"On ne peut évidemment pas contrôler tout le monde donc on priorise les entreprises où il y a le plus de sinistralité. Ainsi, un tiers des entreprises où il y a eu un accident du travail sont contrôlées et le contrôle est systématique en cas d'accident grave", cadre Damien Maurice. "En cas de non respect de nos recommandations, les entreprises s'exposent à une amende pouvant aller jusqu'à 200 % du taux normal de la cotisation d'accidents du travail."

Pour autant, le bâton n'est pas le moyen privilégié pour convaincre les entreprises. La Carsat sait aussi se montrer incitative. "La plupart de nos missions se font dans le dialogue et la prévention. Le contrôle ne se durcit que lorsqu'on constate un vrai blocage de la part de l'entreprise", témoigne Sandrine Paradis, ingénieure-conseil au service prévention. C'est en effet d'abord par un travail de persuasion que les équipes de la Carsat entendent changer les pratiques : "L'objectif est de convaincre le chef d'entreprise que sa performance économique ne peut être durablement garantie que s'il protège, préserve et fait fructifier le capital humain", assure Damien Maurice, qui dispose aussi d'une enveloppe financière dédiée (lire encadré).

Des subventions pour les TPE et PME


  • Risques routiers, risques propres aux métiers en extérieur ou sur les chantiers, troubles musculo-squelettiques liés à la manutention ou aux métiers de la propreté, de la logistique ou des aides à domicile, risques liés à l'amiante, aux solvants et autres produits chimiques, risques psycho-sociaux... La liste est longue et la Carsat déploie des aides dédiées à chacune de ces thématiques. Fléchées vers les entreprises de moins de 50 salariés, elles permettent de cofinancer une série d'équipements et de formation. L'an dernier 5,76 millions d'euros ont été versés à 1.200 entreprises, soit 4.800 euros par entreprise en moyenne.

Certains secteurs priorisés

Les injonctions de la Carsat qui ciblent tout particulièrement les secteurs les plus exposés aux risques professionnels : l'industrie chimique, le nettoyage, la logistique ou encore les services à la personne. Ce dernier secteur fait l'objet d'un programme régional spécifique depuis 2013 : "On a décidé de faire converger notre objectif de bien vieillir à domicile et de réduction des risques professionnels qui explosent justement dans ces métiers d'aides à domicile où les salariées sont à 90 % des femmes qui travaillent seul, sur un métier physique et avec beaucoup de déplacements ", précise Sandrine Paradis.

Ce secteur qui conjugue pénibilité physique et psychologique et bas salaire est d'ailleurs en situation de pénurie généralisée de candidats alors que les besoins sont immenses comme le rappelait encore il y a quelques mois le ministère de l'Économie : "Les métiers de l'aide à domicile figurent parmi ceux qui bénéficieront en 2022 des plus gros volumes de création d'emploi. 320.000 postes pourraient être à pourvoir en France, dont 160.000 créations nettes et autant de départs en fin de carrière à remplacer". En 2022, Pôle emploi dénombre plus de 9.000 postes d'aides à domicile et d'aides ménagères à pourvoir en Nouvelle-Aquitaine.

Le programme "aidants-aidés"

Le résultat c'est le programme "aidants-aidés" qui vise à la fois à former les directions, les encadrants et les salariés sur les risques professionnels, à co-financer l'achat de matériels adaptés et à améliorer les conditions de travail. "Une partie de la réponse au manque d'attractivité du secteur c'est la transparence sur l'investissement claire mené sur l'amélioration des conditions de travail", juge ainsi Sandrine Paradis. Pour faire passer le message, la Carsat mobilise aussi la culture - via des comédies musicales et du théâtre - et des groupes de paroles pour faciliter le dialogue entre les personnes aidées et leurs aidants.

Au total, le programme "aidants-aidés" mobilise deux millions d'euros sur cinq ans tandis que les plans d'aides personnalisés pour financer des aides à domicile distribuent 11 millions d'euros par an à 11.000 bénéficiaires. Le programme est regardé de près au niveau national pour être déployé dans d'autres régions.

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