Génération Z et marché de l'emploi : aller au-delà des idées reçues !

Le sujet est polémique : ils n’auraient plus envie de travailler, de s’engager, de s’impliquer. Ils exigeraient un confort de vie sans compromis, rechigneraient aux sacrifices en termes d’horaire. Ils seraient infidèles à leur employeur… Et s’ils avaient tout simplement d’autres marqueurs, d’autres aspirations, un rapport différent au monde de l'entreprise ?
La volatilité et la recherche d'un équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle caractérisent les générations entrantes sur le marché de l'emploi mais aussi, de plus en plus, leurs aînés.
La volatilité et la recherche d'un équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle caractérisent les générations entrantes sur le marché de l'emploi mais aussi, de plus en plus, leurs aînés. (Crédits : CC Burst by Matthew Henry)

"Pour moi, il faut appréhender la description de cette nouvelle génération avec prudence, les jeunes ne sont pas une catégorie homogène, il y a des perceptions très différentes par rapport à la période de naissance", souligne Eric Lafleur, directeur général de la Mission Locale de Bordeaux, qui accompagne 5.500 jeunes de 16 à 25 ans vers l'emploi. En effet, il y a la petite dernière, celle qu'on nomme Z rebaptisée Zoomer, la digitale native qui a grandi avec un smartphone entre les mains ; celle d'avant a été baptisé Y, aussi connue sous le nom de "Millennials" désormais installée dans l'âge adulte. "Finalement, cette nouvelle génération n'est pas si compliquée à manager que ça et leur rapport au travail n'est pas si différent que celle de leur prédécesseur". En effet, la crise Covid et le confinement ont secoué les esprits et réveillé un nouveau rapport au monde professionnel, sonnant le glas du traditionnel triptyque métro, boulot, dodo.

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Le monde du travail version Z

Parmi les caractéristiques fortes, Eric Lafleur souligne :

"Contrairement à leurs ainés, le travail n'occupe plus la première place. Ils choisissent une entreprise avant tout où ils se sentent bien professionnellement et personnellement. La notion de plaisir est essentielle. Là ou nous, on s'accrochait pour gravir les échelons, eux sont moins fidèles, et si ça ne va pas assez vite ou qu'ils ne se sentent pas bien, ils n'hésitent pas à partir ! Cela suppose une adaptation managériale pour les fidéliser. Il faut en quelque sorte qu'on les "like", que l'on soit "follower". Il faut les valoriser, c'est un mode de construction différent".

Finalement, un retour à des fondamentaux que sont le lien social, les interactions, la confiance, la bienveillance dans les relations professionnelles... Le changement ne les inquiète pas, ce qui peut paraître étonnant mais pas tant finalement, eux qui ont toujours connu l'incertitude avec le chômage en ligne de mire comme épée de Damoclès. La carrière en ligne droite ne semble pas les convaincre, ils préfèrent vivre des expériences qui pourront développer leur potentiel.

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Autre caractéristique importante mise en exergue par Eric Lafleur : l'appartenance à une communauté, une tribu. "La notion de groupe, de réseau est essentielle. Ils choisissent une entreprise pour ses valeurs et s'identifient à elle. Les jeunes que l'on reçoit sont très isolés et le travail est un outil de socialisation, de partage et d'identité." Ils attachent de l'importance aux valeurs du projet, à l'éthique de l'entreprise. L'engagement en faveur de l'écologie est par exemple un facteur de motivation. "Sur le secteur de la restauration, ils vont être plus intéressés pour travailler par ceux qui proposent une cuisine saine, bio, vegan.."

De nouveaux leviers de motivation

En revanche, les horaires qui mettent en berne la vie sociale, avec des niveaux de rémunération peu attractifs, ils n'en veulent plus ! En témoignent bon nombre d'entreprises du Startemploi touchés par la pénurie de candidats, le turnover et la difficulté grandissante à les attirer et à les retenir. Avec des secteurs particulièrement en tension : l'hôtellerie-restauration, la grande distribution, le médico-social.

Marie-Pierre Schaubroeck, trentenaire, cofondatrice de la startup We Go GreenR, plateforme de tourisme durable a été surprise par les attentes de cette nouvelle génération. "Nous avons embauché cinq alternants de formation diverses (communication, entreprenariat et développement durable), ce besoin d'un équilibre vie professionnelle/vie privée est une base pour cette génération. Ils ne font pas de concession sur ce mode de fonctionnement. C'était un peu une crainte au départ. Finalement, un jour, nous étions dans l'urgence avec un besoin d'heures supplémentaires immédiat. Nous étions inquiets : allaient-ils nous suivre ? Et nous avons eu la bonne surprise de constater qu'ils étaient tous présents."

C'est une génération qui cherche une structure qui valorise leurs idées et qui leur laisse une grande marge de manœuvre dans la façon de gérer leur travail, avec une vision horizontale et créative du travail. Si le projet leur plait et leur propose des conditions adéquates, cette nouvelle génération peut se montrer riche en (très bonnes) surprises. Bien loin d'une génération perdue. Et si ce fameux Z n'était pas la fin d'une histoire mais plutôt la création d'un nouvel alphabet qui précède le basculement vers une autre histoire. Ils sont différents certes, mais si c'était nous qui étions en train de glisser dans leur monde ?

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