La Mission locale muscle son jeu pour toucher les jeunes bordelais éloignés de l'emploi

Nouvelle antenne à Bordeaux Nord et nouvelle application mobile : la Mission locale de Bordeaux se dote de moyens inédits pour toucher sa cible très volatile des 16-25 ans. Une tranche d'âge qui a une relation au travail très différente de leurs aînés, comme le souligne Eric Lafleur, son directeur général.
(Crédits : Mission Locale Bordeaux)

"Les jeunes ont été les premiers touchés par les difficultés économiques de 2020 et 2021 parce qu'ils sont plus souvent en stage, en CDD ou en intérim. Aujourd'hui, on constate clairement que la relation au travail des 16-25 ans a complètement changé", observe Eric Lafleur, le directeur général de la Mission locale de Bordeaux. Le Covid, le confinement et un nouvelle relation au monde du travail sont passés par là :

"Il y a une volonté de changer de métier, une forte demande de télétravail et des exigences assez claires sur l'équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle. Avant la crise sanitaire, beaucoup de jeunes étaient dans la grande distribution, la restauration, les services à la personne ou encore le téléconseil. Aujourd'hui, c'est une réalité, ils sont nombreux à ne plus vouloir y aller à cause du niveau de salaire, des horaires compliqués ou des conditions de travail...", témoigne le directeur de cette structure associative.

De nouveaux métiers prisés

Ces secteurs désertés, tout comme celui du nettoyage, par exemple, laissent la place à d'autres domaines d'activités davantage prisés par les 16-25 ans en 2022 dont le commerce et les postes administratifs. Avec parfois des demandes de télétravail... pour des postes d'accueil du public. "On voit aussi que beaucoup de jeunes attachent de l'importance aux valeurs, au projet, à l'éthique de l'entreprise. Et ils ont finalement le choix parce qu'il y a très clairement aujourd'hui plus d'offres d'emplois à pourvoir que de jeunes à accompagner", complète le directeur de la mission locale de Bordeaux qui accompagne environ 5.500 personnes par an.

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Et le numérique dans tout ça ? Alors que ce sont des métiers extrêmement demandés par les entreprises bordelaises de toutes tailles, ce sont paradoxalement des postes qui restent peu accessibles et complexes à appréhender pour un public souvent en rupture familiale, sans ressources ni droit au chômage. "Ce sont souvent des personnes qui n'ont pas les moyens de se payer une formation et qui doivent travailler parce qu'ils ont besoin d'un salaire supérieur à celui d'un apprenti. Donc se former au numérique n'est pas simple. Par ailleurs, même s'ils ont presque tous un smartphone, ils sont loin d'être tous à l'aise avec un ordinateur, même pour des utilisations basiques de recherche internet, Word, Excel, etc.", explique Eric Lafleur.

Deux nouveaux outils

C'est justement pour mieux accéder à cette génération du smartphone qu'une application mobile vient d'être lancée par les 43 missions locales de Nouvelle-Aquitaine. Partant du constat que plus de la moitié des 16-25 ans se connectent entre 22h et 6h, des horaires où les bureaux et standards téléphoniques sont fermés, cette application, présentée comme simple et légère, permet d'accéder aux services des Missions locales et de postuler à des offres d'emploi à n'importe quelle heure. "L'objectif est vraiment de lever tous les freins en étant le plus proche de notre public cible", insiste Eric Lafleur.

C'est d'ailleurs la même logique qui a amené la Mission locale de Bordeaux à ouvrir une nouvelle antenne physique pour la première fois depuis plus de dix ans. C'est à Bordeaux Nord, dans le quartier de Bacalan, au 178 rue Achard, que ses nouveaux locaux ont ouvert l'été dernier. Cette 5e implantation géographique permettra de proposer tous les services de la Mission locale (garantie jeune, parcours d'accompagnement contractualisé, permanence des conseillers de la Mission locale, de la Maison de l'emploi et du PLIE, informations, etc.) à un large secteur du nord de la ville : Bacalan, Bassins à flot, Chartrons Nord, dont la cité Chantecrit, et Brazza, sur la rive droite. Les Aubiers et Ginko restant rattachés à l'antenne d'Emile Counord, au Grand Parc. Une implantation qui se veut très pragmatique, note Eric Lafleur : "Cela permet de combler un trou dans la raquette en s'installant dans un territoire en forte croissance démographique. Sachant qu'en plus les rivalités entre quartiers dissuadaient un certain nombre de jeunes de se rendre à la Mission locale du Grand Parc."

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