« Chez Hermès, l'essentiel de nos recrutements sont des profils en reconversion professionnelle »

INTERVIEW. Résultats, matières premières, ressources humaines : à l'occasion de l'inauguration de la Maroquinerie de Guyenne, en Gironde, Emmanuel Pommier, le directeur général du pôle artisanal Hermès maroquinerie-sellerie, revient dans La Tribune sur les enjeux de l'entreprise après un excellent premier semestre 2021.
Emmanuel Pommier, directeur général du pôle artisanal Hermès maroquinerie-sellerie.
Emmanuel Pommier, directeur général du pôle artisanal Hermès maroquinerie-sellerie. (Crédits : Agence APPA)

LA TRIBUNE - Les résultats du 1er semestre 2021 sont supérieurs au 1er semestre 2019. Quels les sont les marchés les plus dynamiques pour Hermès aujourd'hui ?

EMMANUEL POMMIER - Il y a évidemment une présence forte de l'Asie au sens large, avec notamment le marché chinois qui se porte très bien. Le Japon, qui est un marché très ancien pour Hermès avec des clients très fidèles, continue, année après année, à grandir. Parallèlement, les Etats-Unis sont à nouveau très présents et nous avons également eu la satisfaction de constater que, en Europe et, y compris en France, notre clientèle locale est au rendez-vous. Malgré l'absence de touristes, le magasin de Bordeaux, par exemple, réalise de belles performances ! C'est l'une des forces de cette maison de pouvoir s'appuyer sur une croissance équilibrée de l'ensemble de ses marchés.

Dans de nombreux secteurs, la reprise est entravée par le coût et les problèmes d'approvisionnement. Est-ce que Hermès est concernée par ces difficultés ?

Il y a deux niveaux à considérer : l'impact sur nos projets de développement et de construction de nouveaux ateliers et l'impact sur notre activité. En Gironde, nous n'avons pas souffert de la pénurie des matériaux de construction. Pour les trois autres maroquineries actuellement en projet en France, nous subissons quelques décalages à cause du manque de bois notamment.

En ce qui concerne les matières qui servent à fabriquer nos sacs, près de la totalité des peaux que nous utilisons sont un sous-produit de l'alimentation et ce secteur n'a pas été particulièrement impacté par le Covid. Chez Hermès, nous travaillons avec les meilleurs tanneurs pour obtenir les meilleurs cuirs. C'est un travail de tous les jours pour préserver la qualité et continuer à grandir.

Qu'en est-il de vos problématiques de recrutement. Souffrez-vous comme beaucoup d'entreprises de la pénurie de main d'œuvre ?

Non, nous sommes plutôt préservés ! Nous proposons un métier qui demande une grande responsabilité aux artisans puisqu'ils sont en charge de la fabrication de leur produit de A à Z. Cela donne beaucoup de sens et de satisfaction à leur travail. Aujourd'hui, chez Hermès, l'essentiel de nos recrutements sont des profils en reconversion professionnelle, c'est un vrai changement par rapport aux décennies précédentes. Et on trouve des parcours très variés : vente, comptabilité, artificier, gendarme, enseignant et bien d'autres ! De nombreuses personnes disposant de diplômes universitaires se sont rendus compte que leur précédent métier ne leur convenait pas. Elles préfèrent exercer un métier manuel et fabriquer des objets conçus pour durer. Nous sommes ouverts à tous les profils de candidats.

Actuellement, nous ouvrons une nouvelle maroquinerie en France par an pour répondre à la demande. Ce rythme est corrélé à ce que nous sommes en mesure de faire en termes de recrutement, de formation et de transmission des savoir-faire et de la culture de la maison. Ces éléments s'inscrivent dans le temps long et nous ne pourrions pas aller plus vite sans dégrader la qualité de nos savoir-faire. Ainsi, la formation des artisans girondins, qui a duré18 mois, s'appuie sur l'expertise de 40 artisans venus des 18 autres maroquineries Hermès pour transmettre leurs savoir-faire !

Lire aussi 5 mnLa manufacture Hermès monte en puissance en Gironde avec 200 artisans

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Commentaires 2
à écrit le 15/09/2021 à 9:18
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Le luxe a intérêt à être la dernière valeur refuge du travail parce qu'elle le peut et ne pouvant que lui profiter à long terme.

à écrit le 14/09/2021 à 22:17
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En d'autres termes c'est l'exploitation de la misère par le secteur du luxe par défaut de vocations chez les jeunes pour un marché très discrétionnaire...

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