Drivy : "De plus en plus de propriétaires proposent plusieurs véhicules en location"

Drivy s'est imposée comme la plateforme de location de voiture leader en Europe. Son nouveau country manager pour la France et la Belgique, Quentin Lestavel, précise dans cette interview accordée à La Tribune les ambitions de la startup, notamment à Bordeaux, et évoque l'apparition d'indépendants qui développent une activité professionnelle sur la plateforme. Il donne également sa vision de l'essor des services de vélos et scooters en free floating (libre service sans station).
Drivy dénombre 700 véhicules autopartagés inscrits sur sa plateforme à Bordeaux

Quels sont aujourd'hui les principaux chiffres de Drivy ?

"Nous sommes aujourd'hui d'assez loin la plateforme de location de voiture leader en Europe avec 1,5 million d'utilisateurs et 50.000 véhicules à louer. Drivy a été fondé en France en 2010 par Paulin Dementhon et pensé dès le début comme un service de proximité permettant à l'utilisateur de trouver une voiture et de la rejoindre à pied en très peu de temps. Le postulat de départ est qu'un seul véhicule peut servir à 10 familles qui n'en ont besoin qu'occasionnellement et qui le reste du temps, peuvent se tourner vers d'autres modes de transport. L'idée est de repenser la propriété."

Quel est votre poids à Bordeaux ?

"Depuis notre arrivée en 2010, nous recensons 75.000 journées de location réalisées. 700 véhicules sont disponibles à la location tout au long de l'année par n'importe quel utilisateur inscrit sur la plateforme, soit pas loin d'une voiture à chaque coin de rue ! Le prix reste très abordable, autour de 26 € / jour en moyenne. Et 50 % des réservations se font par le système Open qui permet de déverrouiller le véhicule grâce à son smartphone sans avoir à prendre rendez-vous avec le propriétaire. Bordeaux est, après Paris et Lyon, la 3e ville française où notre activité est la plus forte."

Pourquoi êtes-vous à Bordeaux aujourd'hui ?

"Il y a plusieurs raisons. La première est que nous partons à la rencontre des propriétaires inscrits sur la plateforme. Il y a deux ans, nous l'avons ouverte aux professionnels. Aujourd'hui, 10 % des propriétaires proposent au moins 2 véhicules à la location, et ils sont de plus en plus nombreux. On y trouve des acteurs traditionnels de la location bien sûr, mais aussi, et c'est une tendance émergente, des particuliers indépendants qui exploitent de petites flottes dédiées à la location, et génèrent ainsi un revenu qui peut aller jusqu'à 600 euros par mois et par véhicule. Le sujet nous intéresse bien sûr car il contribue à densifier l'offre, l'enjeu pour nous étant de maintenir la même qualité de service qu'avec un particulier "classique"."

Les services de mobilité en free floating, sans bornes, se développent rapidement. C'est notamment le cas à Bordeaux avec Yugo et ses scooters électriques en libre service, et Indigo Wheel avec ses vélos. Voyez-vous ces nouveaux acteurs comme des concurrents ?

"Avec Drivy et d'autres, nous créons en France un marché de la location de proximité qui est encore émergent mais dont le potentiel est énorme. Il y a de la place pour beaucoup d'acteurs. Nous considérons donc que ces nouveaux acteurs contribuent à évangéliser le marché et sont ultra-complémentaires de Drivy car ces services vont, une fois combinés, accélérer la dépossession de véhicules. Pour réussir ce challenge il faudra être plusieurs. Vélos et scooters conviennent très bien pour de courts trajets, la voiture pour d'autres plus longs en dehors des limites de la ville par exemple, ou en des occasions bien précises comme un déménagement."

Lire aussi : Vélos en libre-service : Bordeaux s'organise avant leur arrivée


Plusieurs municipalités se posent la question d'imposer une redevance pour les vélos et scooters en libre-service pour occupation commerciale de la voie publique. Même si les voitures ne sont pas stationnées sur les trottoirs comme peuvent l'être ces moyens de locomotion, craignez-vous d'être concerné ?

"C'est aussi pour cela qu'en ce moment, nous rencontrons les collectivités locales. Selon l'Ademe, l'agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, un véhicule autopartagé remplace 10 voitures personnelles [NDLR : lire plus bas] et libère 9 places de stationnement. En s'appuyant sur ces chiffres réalisés par un organisme indépendant, nous envisageons plutôt des partenariats avec les collectivités. Nous ne sommes pas dans la même problématique que les vélos ou les scooters au sens où les voitures partagées sont garées sur des places de parking payantes. Une exonération de parking pour l'autopartage, ou au moins une réduction, pourrait être envisageable."

Peut-on imaginer, demain, voir apparaître un acteur qui consoliderait ces différentes activités autour du partage et de la mobilité ? Et pourriez-vous prendre part à cette consolidation du secteur ? Ou pensez-vous lever des fonds prochainement pour accélérer ?

"Nous avons la chance d'avoir une marque bien installée, notamment dans les grandes villes. Notre dernière levée de fonds, de 31 millions d'euros, date de 2016 donc nous ne sommes pas en demande de capital. Mais on ne se ferme pas de portes, même si on est plutôt sur un modèle indépendant à vocation mondiale."

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Repères

Dans sa dernière enquête nationale sur l'autopartage, l'Ademe estime qu'en 2016, une voiture d'autopartage remplace :

  • 5 voitures personnelles, si l'on ne prend en compte que les voitures dont les répondants à l'enquête déclarent s'être séparés grâce à l'autopartage, soit 4 places de stationnement libérées
  • 10 voitures personnelles si l'on prend en compte l'ensemble des voitures dont les usagers se sont séparés après leur inscription à l'autopartage, soit 9 places de stationnement libérées

Ademe chiffres 2016 autopartage

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Commentaires 2
à écrit le 13/02/2018 à 13:55
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"10 % des propriétaires proposent au moins 2 véhicules à la location, et ils sont de plus en plus nombreux. " - cela signifie que les gens en font un business. Plutôt que de partager leur propre voiture, il en achètent une pour la mettre en location....

à écrit le 13/02/2018 à 10:39
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Un propriétaire pour 10 locataires, effectivement c 'est une bonne façon de repenser la propriété,on appelle cela la sharing Economie je crois? ça fait plus cool....

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