Agriphotovoltaïsme : l'Inrae Nouvelle-Aquitaine se pose en tête de pont française de la R&D

Face à la multiplication des projets d'agriphotovoltaïsme, notamment en Nouvelle-Aquitaine, l'Inrae propose d'organiser la R&D en la matière pour objectiver les impacts de ces installations énergétiques sur la production agricole. L'enjeu : réunir opérateurs et développeurs photovoltaïques, producteurs agricoles et semenciers, et acteurs académiques pour mutualiser la recherche sur ce secteur émergent et contribuer à faire "émerger la ferme du futur".
L'Inrae Nouvelle-Aquitaine propose d'organiser au plan national la R&D sur les installations de panneaux photovoltaïques sur la production agricole.
L'Inrae Nouvelle-Aquitaine propose d'organiser au plan national la R&D sur les installations de panneaux photovoltaïques sur la production agricole. (Crédits : CC by Vincent Delsuc)

La recherche et développement s'organise en matière d'agriphotovoltaïsme - qui combine agriculture et panneaux solaires - et les acteurs néo aquitains comptent bien jouer les têtes de file. L'Inrae Nouvelle-Aquitaine pilote en effet depuis quelques mois la préfiguration d'un pôle national de recherche, d'innovation et d'enseignement sur le sujet, l'objectif étant de coordonner les programmes de recherche lancés par les acteurs privés et académiques. Et d'en mutualiser les coûts, les moyens comme les résultats.

"L'agriphotovoltaïsme présente un vrai intérêt pour l'adaptation des cultures et des élevages au changement climatique, notamment grâce à l'ombre apportée par les panneaux, mais il faut désormais objectiver les impacts de ces installations, et comprendre comment créer les conditions de la meilleure synergie possible entre production agricole et production photovoltaïque", explique Stéphanie Mahieu, recrutée par l'Inrae Nouvelle-Aquitaine pour orchestrer la préfiguration de ce futur pôle AgriPV.

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"Faire émerger la ferme du futur"

Grands énergéticiens, opérateurs de taille plus modestes, acteurs académiques, groupements d'agriculteurs, semenciers... Tous les acteurs impliqués sont donc conviés à rejoindre la structure et à partager la diversité de leurs savoir-faire. Car le pôle a vocation à brasser large : organisé en sections de recherche, il vise à développer les connaissances en termes de science des matériaux, de modélisation, d'agroéquipements mais aussi d'impact environnemental des installations, d'optimisation des productions végétales, de gestion de l'eau et de la biodiversité, ou encore d'impacts économiques et sociaux et de droit agraire. En somme, il ne s'agit de rien de moins que de "contribuer à faire émerger la ferme du futur" résume Stéphanie Mahieu.

"Nous avons organisé une première réunion le 8 septembre à Poitiers pour présenter le projet à une quarantaine de prospects, et l'objectif est de signer la convention d'installation du pôle lors du prochain Salon de l'agriculture [qui se tient du 25 février au 3 mars 2023 à Paris]", expliquait fin septembre à La Tribune Abraham Escobar Gutiérrez, président de l'Inrae Nouvelle-Aquitaine, qui présidera le comité exécutif d'AgriPV. Déjà, une petite dizaine d'opérateurs "ont confirmé leur intention d'adhérer", précise Stéphanie Mahieu.

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Parmi eux, EDF Renouvelables, partenaire de l'Inrae Nouvelle Aquitaine sur le démonstrateur agriphotovoltaïque en terre viticole, Vitisolar. Responsable du département ENR Solaire, Axel Becker, confirme l'intérêt porté au projet, tout en pointant l'enjeu d'un partage "équilibré" des données. "Nous sommes en train de discuter de ces modalités de partage, une fois qu'elles seront arrêtées, nous prendrons notre décision d'adhérer ou non."

En attendant, la préfiguration du pôle avance : cinq ingénieurs, recrutés par l'Inrae Nouvelle-Aquitaine grâce aux crédits du plan de relance, sont d'ores et déjà entrés en poste ce 1er octobre, dont certains collaborent déjà avec de premiers partenaires sur des projets de démonstrateurs.

Un observatoire en construction

Outre la constitution du pôle, l'Inrae Nouvelle-Aquitaine œuvre aussi avec l'Ademe à la création d'un observatoire des installations agrivoltaïques, qui combinent agriculture et production d'électricité par des panneaux solaires ou des éoliennes. C'était l'une des préconisations de la mission flash sur l'agrivoltaïsme conduite en février dernier par les députés Sandrine Le Feur (Finistère, LREM) et Jean-Marie Sermier (Jura, LR) ; il devrait voir le jour courant 2023.

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