Photovoltaïque flottant : Raftsolar promet une technologie plus responsable (4/4)

Le flotovoltaïque, c'est l'installation de panneaux photovoltaïques sur des plans d'eau. Sur ce marché en pleine expansion, Raftsolar cherche à se démarquer. La société landaise propose une technologie fabriquée en France et présentée comme plus écologique que ses concurrentes. Elle a déjà identifié 100 hectares de plans d'eau disponibles en Nouvelle Aquitaine.
La société landaise Raftsolar positionne des panneaux photovoltaïques sur les plans d'eau. C'est le principe du photovoltaïsme.
La société landaise Raftsolar positionne des panneaux photovoltaïques sur les plans d'eau. C'est le principe du photovoltaïsme. (Crédits : Raftsolar)

C'est à force d'installer des panneaux photovoltaïques en toiture, et surtout au sol, que le landais Jean-François Lassabe s'est rendu à l'évidence : conjuguer objectifs de production photovoltaïque et préservation du foncier relèvera bientôt d'un casse-tête insoluble. Dès lors, comment trouver une alternative ? "Il a rapidement saisi le potentiel des plans d'eau inutilisés pour résoudre cette problématique foncière", se souvient aujourd'hui Julien Turkalj, son associé et co-fondateur de l'entreprise Raftsolar.

Cinq ans après avoir lancé les premiers prototypes, la société, officiellement créée en avril 2021 s'apprête à déployer une nouvelle technologie d'installation flotovoltaïque. Avec un leitmotiv : s'inscrire en rupture pour proposer une solution plus robuste et plus écologique que ses concurrentes.

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Anticiper la déferlante des technologies asiatiques

"Il existe aujourd'hui une trentaine de technologies, la plupart étant développées en Asie du sud-est. Il y a donc un vrai défi stratégique à développer une solution française avant que les installations Chinoises ne déferlent sur le marché", défend ainsi Julien Turkalj. Car il en est convaincu, le marché explosera dans les années qui viennent : "un panneau photovoltaïque sur trois sera posé sur l'eau en 2025 !" (1).

Et ce développement ne se fera pas sans contraintes : "De nouvelles normes environnementales vont vraisemblablement s'imposer aux technologies qui utilisent des flotteurs en plastiques, et qui couvrent une trop grande partie des surfaces en eau", prédit l'entrepreneur.

C'est donc la promesse adressée par Raftsolar aux développeurs photovoltaïques : une structure d'intégration des modules photovoltaïques qui impactera peu son environnement. "La surface de contact avec l'eau est relativement faible, de l'ordre de 15 %, et la membrane qui recouvre les flotteurs, co-développée avec une entreprise allemande, garantit la non-dilution dans le milieu aquatique et une durée de vie de 30 ans". Un argument sur lequel Raftsolar mise pour se démarquer des "flotteurs en plastiques modifiés par les UV, qu'il faut remplacer au bout de 15 ans, donc plusieurs fois au cours de l'exploitation". "Notre système permet aussi de réduire sensiblement les besoins - et donc les coûts - d'ancrage, et il peut être posé sur des sites à sec 90 % du temps", explique encore Julien Turkalj.

Un potentiel d'au moins 100 hectares en Nouvelle-Aquitaine

Pour financer le projet pilote installé depuis quatre ans sur une ancienne carrière landaise, les deux hommes ont également créé une régie foncière commerciale, via laquelle ils proposent du portage de projets photovoltaïques "classiques". Cette activité leur permet aussi "d'identifier les potentiels de développement pour le flottant et de sécuriser ce foncier disponible", notamment en étudiant avec les propriétaires de plans d'eau la compatibilité d'un projet flotovoltaïque avec les règles d'urbanisme locales. "Cela nous permet ensuite d'aller au-devant de producteurs d'énergie en leur disant 'on a la technologie, et le potentiel foncier'."

Déjà, Raftsolar a identifié 100 hectares de plans d'eau en Nouvelle Aquitaine. Carrières et gravières en fin d'exploitation, réservoirs d'eau agricoles, barrages... "Tous ces équipements ne sont pas optimisés aujourd'hui, alors que le solaire flottant pourrait venir consolider leur modèle économique", fait valoir Julien Turkalj. Un premier partenariat est d'ailleurs en cours de discussion avec "un grand producteur d'énergie".

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L'objectif : terminer la phase de R&D au plus tard mi-2022 et signer plusieurs accords de partenariats avec des développeurs dans les six mois qui suivront. Avant une levée de fonds "d'un à deux millions d'euros" fin 2022, pour commencer la commercialisation en 2023. "Nous visons 200 millions d'euros de chiffre d'affaires d'ici trois ou quatre ans", annonce pour finir le co-fondateur de Raftsolar, qui espère recruter "une vingtaine de personnes" d'ici deux ans. Pour l'heure, la société ne commercialise pas encore sa solution flotovoltaïque. En revanche, la régie foncière lui permet de financer la R&D à hauteur de 200.000 euros.

(1) La Banque mondiale estimait dans un rapport publié en 2019 le potentiel global de production d'énergie d'origine flotovoltaïque à plus de 5200 TWh par an, en couvrant 10% de la surface d'eau disponible.

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