L’entrée d’EDF au capital de GLHD « démontre la pertinence des projets agrivoltaïques »

INTERVIEW. Créée en 2018 pour développer des projets agrivoltaïques sur le territoire français, GLHD, basée à Martillac, en Gironde, entre dans une nouvelle phase de son développement, avec l’arrivée d’EDF Renouvelables au capital. Un partenariat qui atteste de la pertinence du modèle pour « réussir à la fois la transition agricole et énergétique », selon son directeur général Jean-Marc Fabius qui répond à La Tribune.
Basée à Martillac, en Gironde, et dirigée par Jean-Marc Fabius, GLHD est spécialisée dans les projets d'agrivoltaïsme.
Basée à Martillac, en Gironde, et dirigée par Jean-Marc Fabius, GLHD est spécialisée dans les projets d'agrivoltaïsme. (Crédits : GLHD)

LA TRIBUNE - EDF Renouvelables vient de confirmer son intention d'entrer au capital de GLHD, à hauteur de 45 %, à parts égales avec Cero Generation, société du portefeuille de Green Investment dédiée au développement de projets d'énergie solaire. Pourquoi avoir fait ce choix ?

JEAN-MARC FABIUS - C'est une très bonne nouvelle, qui va nous permettre de poursuivre notre croissance ! EDF Renouvelables et Cero Generation ont signé un contrat d'achat d'actions, qui devrait aboutir sur une prise de participation dans GLHD de 45 % chacun. David Portales et moi-même, qui avons fondé la société, détiendrons alors 10 % du capital. Cette capitalisation nous permet d'équilibrer GLHD sur ses deux pieds, en nous appuyant sur un grand énergéticien capable d'opérer des centrales photovoltaïques au sol dans la durée, et un co-financeur reconnu des projets d'énergie solaire. C'est aussi un gage de sécurité pour les territoires, qui démontre la pertinence et la fiabilité des projets agrivoltaïques que nous portons.

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GLHD a été créé en 2018 pour développer spécifiquement ce type de projets, qui couplent production agricole et d'énergie photovoltaïque. Où en êtes-vous de votre développement ?

Nous avons 2,4 GW de capacité de production en projet, dont un gros tiers en Nouvelle-Aquitaine. GLHD ne cesse de croître, elle compte aujourd'hui une quinzaine de salariés, sachant que nous recrutons une à deux personnes par trimestre.

Ce n'est pas la première société que vous créez dans ce secteur, vous aviez déjà lancé Green Lighthouse en 2013 avec David Portales, pour développer des parcs solaires à l'international... Pourquoi être revenus en France et vous être focalisés sur les projets en terres agricoles ?

Parce que le marché est désormais mature. Quand nous avons créé Green Lighthouse en 2013, le marché français était exclusivement régi par les appels d'offres nationaux. Contraignant, ce système nous laisse alors penser que les acteurs français ne croient pas véritablement au photovoltaïque. Or, à ce moment-là, nous observons à l'étranger que l'énergie photovoltaïque est bien plus compétitive qu'on ne veut le croire en France. Elle peut reposer sur des dispositifs de financement bien différents, types PPA, qui font leur preuve.

Cette expérience à l'international nous démontre aussi que coupler production d'électricité photovoltaïque et activité agricole s'avère tout à fait pertinent : la production électrique sécurise économiquement l'exploitation, elle apporte un complément de revenus aux agriculteurs, qui leur permet d'innover et de se projeter dans l'agriculture de demain. Et elle amène de la richesse dans des territoires en déprise.

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Vous êtes partenaires de la technopole Agrolandes, qui va accueillir un pilote expérimental de 1.000 m2 de panneaux photovoltaïques, l'idée étant notamment d'accompagner les agriculteurs de l'association Patav dans l'élaboration de leur projet Terr'Arbouts, au sud de Mont-de-Marsan. Quand ce pilote sera-t-il opérationnel ?

Nous allons en effet installer 18 tables dotées chacune de 28 modules photovoltaïques et équipées de trackers [un système de suivi optimisé de la course du soleil] produits par la société girondine Exosun. Neuf de ces tables seront situées à 1,7 m de hauteur et neuf autres à 2,5 m, pour évaluer et comparer la croissance des cultures. L'idée étant à la fois de permettre aux agriculteurs d'avoir un banc d'essai grandeur nature, pour tester différentes cultures, et de démontrer la qualité de la technologie photovoltaïque en combinaison des exploitations. Nous allons démarrer la construction du pilote en septembre, et planter au printemps prochain.

Que répondez-vous à ceux qui pointent un risque de prolifération des panneaux photovoltaïques au détriment de la production agricole ?

Qu'il suffit d'aller voir sur place une centrale photovoltaïque agricole pour constater qu'il n'y a pas de conflit d'usage. Nous n'artificialisons aucune terre. Et vous verrez qu'au contraire, la présence de panneaux sur un pâturage peut améliorer le confort des animaux, parce qu'ils amènent de l'ombre, qu'ils favorisent le maintien de l'humidité. En général, quand j'explique notre vision de l'agrivoltaïsme à des personnes a priori réticentes mais non enfermées dans une posture dogmatique, elles finissent toujours par être convaincues. Les projets que nous portons sont des projets concertés, qui répondent à une problématique. Nous n'avons pas de commerciaux qui sillonnent les campagnes à la recherche de terres agricoles où poser des panneaux... Et puis, il faut aussi replacer les choses dans leur contexte : si on devait réaliser l'entièreté des objectifs de la programmation annuelle de l'énergie en matière de photovoltaïque via des centrales au sol [ndlr : 35,1GW à 44GW de capacité de production installée à horizon 2028], on ne consommerait que 0,2% de la surface agricole française...

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