Maïsadour investit 15 millions d'euros et devrait sauver son activité en Ukraine

Le groupe coopératif agroalimentaire Maïsadour, à Haut-Mauco (Landes), l'un des plus importants de Nouvelle-Aquitaine, investit 15 millions d'euros dans son usine de transformation de poulets jaunes gersoise de Condom. Son président Michel Prugue annonce par ailleurs un autre gros investissement pour créer une unité de trituration de soja cultivé dans le Sud-Ouest. Tandis qu'en Ukraine le groupe landais, qui a une activité de semencier et 180 salariés près de Dnipro, est en train de sauver sa saison.
La nouvelle usine Fermiers du Gers (Maïsadour) à Condom
La nouvelle usine Fermiers du Gers (Maïsadour) à Condom (Crédits : Karine Medina)

Alors qu'une nouvelle crise aviaire est en train de se développer dans les Landes et que des mesures conservatoires commencent à être appliquées dans certains élevages de canards à foie gras, le groupe coopératif agricole Maïsadour, producteur notamment de semences mais aussi de palmipèdes à foie gras et de poulets, vient d'inaugurer ce jeudi 6 octobre la modernisation de l'usine de sa filiale Fermiers du Gers, à Condom, qui appartient à Fermiers du Sud-Ouest, l'une de ses filiales. Une opération lancée en 2020, qui aura demandé deux ans de travaux et 15 millions d'euros d'investissement...

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Pendant ces deux années, l'usine du groupe landais a été agrandie et ses lignes de production modifiées. Objectifs : augmenter les quantités de poulet jaune transformé en jouant à la fois la carte du poulet d'entrée de gamme et du produit premium. Avec un objectif central qui borde toute la procédure : adapter l'usine aux impératifs du "Bien-être animal" (BEA) et à la promotion de la RSE (responsabilité sociale des entreprises) en offrant des postes de travail plus adaptés aux besoins de salariés.

Avec 50 % de volailles importées Maïsadour veut tenter sa chance

"Cet investissement a été décidé depuis plusieurs mois déjà. Pourquoi ? Parce que c'est un outil de transformation de volaille régionale pour un marché régional. Avec cette usine modernisée, l'un de nos objectifs est de découper davantage de carcasses entières. Les Français sont les plus grands consommateurs de volaille en Europe et 50 % de cette consommation est importée ! Ce qui nous laisse de l'espace pour nous développer encore sur ce marché.

Reste la question du prix. Nous pensons qu'il est normal de payer pour avoir un bon ou un très bon produit. Mais nous savons aussi que nous devons amener au consommateur davantage. C'est ainsi qu'en plus de cette promesse de qualité, les Fermiers du Gers, qui se sont vus décerner le label Bien-être animal dès 2019, avec Casino, ont déjà décidé d'aller plus loin. Un label que nous voulons étendre à toutes les filiales de FSO (Fermiers du Sud-Ouest). Et d'autre part cette modernisation va permettre, dans le droit fil de notre démarche RSE, d'offrir de meilleurs postes de travail aux salariés", déroule pour La Tribune Michel Prugue, président de Maïsadour.

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29 millions de volailles par an hors canards gras

Le groupe coopératif, qui veut désormais contrôler sa filière volaille de A jusqu'à Z, annonce avoir pris à 100 % le contrôle de sa filiale Fermiers du Sud-Ouest (FSO), qu'elle cogérait auparavant de conserve avec Galliance (groupe Terena), à Ancenis (Pays-de-la-Loire), qui détenait 49 % des actions. FSO fédère un total de 900 éleveurs, dont 496 issus de Maïsadour (et 400 d'autres coopératives partenaires coopératifs). FSO réalise un chiffre d'affaires de 205 millions d'euros avec les 29 millions de volailles produites et commercialisées chaque année, et emploie 772 salariés. En rajoutant la partie "palmipèdes à foie gras" à la colonne volailles, le chiffre d'affaires monte à 560 millions d'euros. Pour boucler la boucle, le groupe Maïsadour se prépare à lancer à court terme une unité de trituration de soja cultivé dans la région, pour fabriquer des tourteaux destinés à l'alimentation des animaux d'élevage.

Michel Prugue

Michel Prugue

"Ici nous pouvons produire du soja néo-aquitain pas besoin d'aller le chercher en Argentine ou au Brésil. Ce projet est en cours de finalisation et il va se faire. Nous allons recycler une ancienne usine de fabrication d'aliment pour produire des tourteaux de soja, avec la coopérative Vivadour. Le soja est une culture de printemps que nous allons intercaler", fait valoir Michel Prugue.

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Une concentration verticale qui passe par le soja

La production de soja devrait atteindre 30.000 tonnes de graines et 15 millions d'euros supplémentaire devraient être mobilisés pour livrer cette nouvelle usine de fabrication de tourteaux de soja en 2024.

Le groupe coopératif ne dévoilera pas son dernier chiffre d'affaires avant décembre prochain (il était de 1,2 milliard d'euros l'an dernier avec 4.800 salariés), mais le président ne cache pas que la crise aviaire à fortement impacté Maïsadour, avec 5,5 millions d'animaux abattus préventivement et un manque à gagner de 20 millions d'euros de chiffre d'affaires.

Sans compter que cette crise aviaire ciblée sur les canards gras a été si violente qu'elle a mis 1.500 salariés au chômage partiel. Ce contexte défavorable ne s'étend pas à tous les domaines d'activité et une partie étonnante de l'activité de semencier du groupe, celle qui est précisément logée en Ukraine, devrait moins souffrir que prévu.

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L'essentiel de cette activité se passe à Dnipro, grande ville du centre-sud de l'Ukraine située sur la rive ouest du Dniepr, au début de la grande boucle que forme ce fleuve ukrainien en descendant vers la mer Noire, où il se jette. Dnipro (Dniepropetrovsk en russe) est aussi une capitale agricole majeure, plantée au milieu de la grande plaine à céréales qui fait de ce pays attaqué par la Russie un géant international dans la production de blé, d'orge, de maïs et de tournesol.

Si Maïsadour, qui emploie 180 salariés dans le pays, est implanté à Kiev, où se trouve sa station d'analyse des semences, c'est dans cette partie agricole autour de Dnipro que sa filiale MAS Seeds travaille en plein champs sur des parcelles où sont multipliées les semences à partir d'un grain de référence. En bout de chaine la pureté et la conformité de ces semences multipliées autour de Dnipro seront ensuite passées au crible à Kiev. Avant de subir une examen ultime en France, qui est aussi le premier semencier mondial, pour leur homologation définitive.

"Depuis le début de la guerre notre premier soucis est de protéger nos collaborateurs et d'accueillir leurs conjoints ou familles en France. Nos amis ukrainiens ont une forte volonté de continuer à travailler malgré les combats. Les semences ont été livrées et semées. Contrairement à nos craintes initiales, la récolte, pour les semences de maïs et de tournesol, qui nous intéressent, sera meilleure que prévu.

Nous ne pensions pas dépasser cette année 50 % de la campagne 2021 mais nous allons finalement atteindre 70 à 80 % de cette référence. Tout ça parce que la climatologie a été bonne et que la région n'a pas trop souffert des bombardements. La situation de nos collaborateurs est difficile et nous leur avons versé deux mois de salaire d'avance pour qu'ils puissent travailler dans de bonnes conditions", déroule Michel Prugue.

De  nombreuses incertitudes pèsent encore sur le futur proche et le président de Maïsadour ne veut pas s'avancer sur la campagne 2023 en Ukraine.

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