Le groupe coopératif Maïsadour veut restructurer une activité foie gras fragilisée

Le groupe Maïsadour doit restructurer une activité d'élevage de palmipèdes à foies gras, essentiellement des canards gras, très sensible aux crises virales et commerciales. Portée par les propres marques du groupe dans les rayonnages de la grande distribution, l'activité foie gras est en cours de redéfinition à Maïsadour, qui mise sur la proximité avec le consommateur.
Travailler sur le côté local fait aussi partie de la stratégie
Travailler sur le côté local fait aussi partie de la stratégie (Crédits : REUTERS/Regis Duvignau)

Maïsadour, à Haut Mauco (Landes/Nouvelle-Aquitaine), qui se définit comme le premier groupe volailler du Sud-Ouest, présidé par Michel Prugue, est très engagé dans la filière des palmipèdes à foie gras, dont il est l'un des principaux producteurs nationaux. Ses concurrents les plus directs sont aussi ses voisins les plus proches : les groupes coopératifs Euralis, à Pau (Béarn/Pyrénées-Atlantiques) et Lur Berri, à Aïcirits-Camou-Suhast (Pays basque/Pyrénées-Atlantiques).

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Après les terribles crises aviaires des années 2016 et 2017, la filière des palmipèdes à foies gras (canards, oies) a connu une belle année 2018, avant que les ventes de foie gras ne se mettent à reculer en 2019. La filière a dû ensuite encaisser l'arrivée de la pandémie de coronavirus avec les effets économiques du Covid-19. En 2020 toutes les activités du groupe coopératif de Haut Mauco ont été maintenues.

Canards gras : un point sensible du groupe

"La santé et la protection des salariés ont été notre priorité. Je tiens à remercier nos adhérents et nos salariés car leur engagement a été total", a ainsi souligné le directeur général Philippe Carré, lors de l'assemblée générale du 1er décembre dernier.

Le problème c'est qu'une nouvelle épidémie de grippe aviaire a choisi cette période des fêtes de fin d'année 2020 pour frapper à nouveau les élevages de canards du Sud-Ouest et en premier lieu des Landes. Un nouvel épisode viral moins dévastateur que les deux premiers mais très lourd pour l'activité de l'élevage et du pôle gastronomie côté ventes. Puisque qu'avec les problèmes de 2019, où les effets de la loi Egalim (fin des promotions -Ndlr), ont joué à plein, puis l'addition des crises, l'activité palmipèdes à foies gras creuse à nouveau le déficit.

"Nous travaillons sans relâche à la réorganisation de cette filière", a confirmé le directeur général du groupe au cours de l'AG du groupe.

Priorité à la restructuration de l'outil industriel

Maïsadour regroupe 5.000 agriculteurs adhérents, emploie 5.173 salariés, s'appuie sur 214 sites et a réalisé au cours de son exercice 2019-2020 un chiffre d'affaires de 1,3 milliard d'euros. L'objectif de Philippe Carré pour sortir l'activité palmipèdes à foie gras du rouge a été développée dans le plan stratégique « Rebond 2023 », avec un début d'application à partir du printemps 2020. Il s'agit essentiellement de moderniser l'outil industriel, "d'accélérer son développement commercial" et de renouer avec la rentabilité en réformant les modes d'organisation.

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Lors de son dernier exercice Maïsadour élevait 2,8 millions de canards gras et 13 millions de volailles label et bio. Comme ses concurrents les plus proches, le groupe coopératif s'est développé sur le modèle de la concentration verticale, illustré par son slogan "De la graine à l'assiette", débordant de son modèle initial d'organisation de cultivateurs et producteurs pour se lancer ensuite dans une activité ultra concurrentielle de mise en marché des produits. C'est ainsi que Maïsadour détient tout un portefeuille de marques commerciales pour sa production de canards et foies gras, avec en particulier Delpeyrat, Comtesse du Barry  ou encore Sarrade, qui appartiennent à son pôle "gastronomie".

Maïsadour plus près du consommateur

En plus des boutiques Comtesse du Barry, Maïsadour a enfoncé le clou dans cette course au contact avec le consommateur en créant une enseigne de vente au détail des produits de la coopérative baptisée "En direct de nos producteurs".

"Cette période a permis à la population de se réapproprier la relation avec l'agriculteur. Les Français ont fait du local et de la qualité des priorités. Les nouvelles attentes de consommation générées par cette crise sont de bonne nouvelles pour notre coopérative et son territoire... " a souligné le président Prugue lors de l'AG annuelle.

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Il n'en reste pas moins que la situation est tendue. Le groupe landais, qui s'est développé dans le Gers mais aussi et très fortement -via la croissance externe- en Dordogne, le bassin de production le plus concurrentiel des Landais, est également présent dans tous les autres grands domaines agricoles et en particulier la production de semences et d'aliments pour la nutrition animale.

Le directeur général vient de quitter le groupe

Déjà bien implanté à l'export, où il réalise 20 % de son chiffre d'affaires avec 17 % des salariés, Maïsadour devrait développer encore plus franchement sa présence à l'étranger pour relancer son activité et sa rentabilité. Même si la feuille de route Maïsadour 2026 va appuyer le développement du groupe sur deux grands axes : l'innovation et le développement durable.

En attendant Maïsadour vient de changer de directeur général. Arrivé en 2015, juste avant la première grosse crise aviaire, Philippe Carré, qui n'aura pas eu beaucoup de répit, a quitté Maïsadour ce vendredi 12 février 2021. Simple coïncidence ou témoin d'un phénomène cyclique, à Pau c'est le président historique du groupe coopératif Euralis, Christian Pées, qui est remplacé par Christophe Congues, producteur de maïs, après élection. A Haut-Mauco Michel Prugue va faire office de directeur général par intérim, le temps que Philippe Carré soit remplacé.

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Commentaire 1
à écrit le 22/02/2021 à 10:13
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Et ben dites donc, tout ça pour ça ! C'était vraiment pas la peine de faire fermer des centaines de petits producteurs faisant de la qualité pour que les gros soient toujours plus mauvais ! Sans arrêt alimenter les moins compétents au détriment de ce...

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