Elle ne sera pas élue le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, mais son élection à la présidence de Bordeaux Métropole, ce vendredi 15 mars, constitue néanmoins un symbole fort. À 50 ans, Christine Bost deviendra la première femme à présider la 4e plus grande agglomération française, forte de 830.000 habitants et 28 communes. Elle succède à Alain Anziani, élu en 2020, qui a renoncé à ses fonctions exécutives début mars en raison de son état de santé mais qui reste maire de Mérignac et conseiller métropolitain.
Élue locale depuis 23 ans et maire depuis 16 ans, Christine Bost connaît comme sa poche la vie politique girondine et les rouages de la Communauté urbaine (CUB) devenue Bordeaux Métropole en 2014. Socialiste convaincue, elle a grandi en politique aux côtés de Pierre Brana, maire d'Eysines pendant 31 ans et député PS de Gironde (1988-1993 puis 1997-2002), et est également proche d'un autre socialiste, Vincent Feltesse, qui a dirigé la commune voisine de Blanquefort de 2001 à 2012 et présidé la CUB de 2007 à 2014.
Une bonne connaisseuse de l'aménagement urbain
Avec plus de 23.000 habitants, la commune d'Eysines dirigée par Christine Bost depuis 2008 est située au nord-ouest de Bordeaux. Elle affiche un niveau de vie médian de 21.300 euros par habitant, identique à celui de la métropole (21.400 euros) et du département (21.000 euros). Eysines compte près d'un tiers de logements locatifs sociaux sur son territoire, un niveau nettement supérieur à la moyenne métropolitaine.
Au fil des ans, Christine Bost s'est spécialisée sur les questions d'aménagement du territoire à la fois au Département, où elle pilote actuellement l'aménagement territorial, qu'à la Métropole où elle est en charge depuis 2020 de l'aménagement urbain et naturel et du foncier opérationnel. Ce qui lui vaut d'entretenir une relation parfois musclée avec les professionnels de l'immobilier. L'élue socialiste préside également le Sysdau, le syndicat mixte chargé du Schéma de cohérence territoriale d'aire urbaine bordelaise, et La FAB, la société publique locale créée en 2012 pour piloter les programmes « 50.000 logements » et « Entreprendre, travailler dans la métropole ». Elle siège aussi au conseil d'administration de l'A'urba, l'agence d'urbanisme Bordeaux Aquitaine, et au conseil de surveillance de l'aéroport.
Son parcours politique :
Une légitimité reconnue à gauche et à droite
Christine Bost a été adoubée par son prédécesseur Alain Anziani : « Elle a toutes les compétences, elle est prête, il faut profiter de cette chance. » Les groupes socialistes, communistes et écologistes se sont rapidement accordés pour la soutenir d'une seule voix : « Elle est aujourd'hui la plus indiquée pour poursuivre le projet métropolitain pour les deux dernières années du mandat », appuie Pierre Hurmic, le maire EELV de Bordeaux et actuel premier vice-président de la Métropole. Stéphane Delpeyrat, le maire socialiste de Saint-Médard-en-Jalles, met en avant « la légitimité politique indéniable » de Christine Bost, qualifiée de « travailleuse, carrée et incarnant une nouvelle génération politique ». « Nous allons avancer ensemble pour finir la mandature, je n'ai aucune inquiétude », salue également l'écologiste Clément Rossignol-Puech. Le maire de Bègles apprécie « une élue expérimentée, volontariste et à l'écoute qui a un attachement fort au fait métropolitain comme au fait communal et saura faire le lien entre la Métropole et les territoires voisins. » La nouvelle présidente sera néanmoins attendue par ses alliés verts sur la transition écologique.
De l'autre côté de l'échiquier politique, elle est aussi plutôt appréciée à l'instar d'Alain Anziani. La future présidente ne suscite pas d'hostilité du côté de l'opposition de droite et du centre avec qui elle a travaillé entre 2008 et 2020 au sein de la cogestion métropolitaine et qui ne présentera pas de candidat. « Il y a une différence de style mais pas de convictions », décrit un membre de l'opposition qui dépeint une élue « bonne négociatrice, dure en affaires avec un profil moins rond et moins souple qu'Alain Anziani mais qui tiendra les engagements de son prédécesseur avec la même attention pour l'intérêt du territoire. » « On sait qu'on pourra travailler avec elle », salue également Patrick Bobet, l'ancien président LR de la Métropole, tout comme le groupe macroniste Renouveau Bordeaux Métropole, où siège le ministre du Budget Thomas Cazenave. « Alain Anziani était un homme de dialogue, de compromis et d'écoute des minorités, nous espérons que Christine Bost, qui a une bonne connaissance des enjeux métropolitains, poursuivra dans cette voie », observe ainsi sa collègue Anne Fahmy.
Après l'accord politique conclu cet automne entre les trois principaux groupes du conseil métropolitains - socialistes et communistes (34 élus), écologistes (31 élus) et droite et centre (33 élus) -, Christine Bost sera en effet hautement attendue sur sa gestion des équilibres politiques et des relations avec la minorité, dont huit élus sont désormais associés à l'exécutif en tant que conseillers métropolitains délégués. Les relations entre les trois groupes seront mises à l'épreuve à l'approche des élections municipales du printemps 2026.
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