Galeries Lafayette : le plan de Michel Ohayon pour « éviter un chaos économique et humain »

Effectif, dette, prévisions d'activité : le jugement validant le plan de continuation des 22 magasins Galeries Lafayette détenus par l'homme d'affaires bordelais Michel Ohayon est riche d'enseignements. Faute d'alternative, la société Hermione Retail reste aux manettes en contrepartie d'un abandon partiel de ses dettes et d'un plan de croissance ambitieux d'ici 2034.
Le 20 mars dernier, le tribunal de commerce de Bordeaux a validé le plan de continuation d'activité de Michel Ohayon.
Le 20 mars dernier, le tribunal de commerce de Bordeaux a validé le plan de continuation d'activité de Michel Ohayon. (Crédits : Agence Appa)

Le 22 février 2023, Hermione Retail, qui détient 22 magasins Galeries Lafayette dans toute la France depuis 2018, était placée en procédure de sauvegarde. Après un an de négociations entre administrateurs judiciaires et créanciers, cette société appartenant à Michel Ohayon, via la Financière immobilière bordelaise (FIB), a vu le tribunal de commerce de Bordeaux valider son plan de continuation d'activité, le 20 mars dernier. Une décision encourageante, directement liée à l'abandon par la plupart des créanciers de 70% de la dette d'Hermione Retail. De quoi lui permettre d'élaborer un nouveau plan de croissance détaillé dans le jugement du tribunal. Faute d'alternative, cette stratégie, qui vise d'abord à éviter « un chaos économique et humain », selon les mots du ministère public, soulève toutefois de nombreuses questions.

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Au 31 décembre 2023, Hermione Retail employait encore 847 salariés, dont 744 CDI, à la fois au siège et dans ses 22 magasins en France, dont un tiers en Nouvelle-Aquitaine. La fermeture du magasin de Pau (30 salariés) est confirmée. L'entreprise a généré 125 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2023, en baisse de 4% sur un an, signant une nouvelle perte de 20,7 millions d'euros.

172 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2034

Pour redresser la situation, la direction d'Hermione Retail table sur un prévisionnel ambitieux, qui doit porter le chiffre d'affaires à 131 millions d'euros dès 2024 (+5%), puis jusqu'à 172 millions d'euros en 2034, grâce à l'installation de nouvelles enseignes à partir de 2027. Après de nouvelles pertes de deux millions cette année et de trois millions l'an prochain, le résultat est appelé à redevenir positif d'ici trois ans. Pour financer cette croissance, il est question d'un apport d'argent frais de l'actionnaire via la FIB de 9,5 millions d'euros, dont 3,5 millions cette année, puis 5,5 millions l'année suivante. Un apport complémentaire de 3,5 millions issus des loyers mis sous séquestre ces dernières années est également prévue.

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Dans l'immédiat, Hermione Retail reste lourdement endettée avec un passif total de 49 millions d'euros. Une somme que les résultats prévisionnels, même s'ils venaient à se réaliser, ne permettraient pas de rembourser en intégralité. Selon l'expert financier qui a scruté les comptes de la société, Hermione Retail pourrait au mieux rembourser 28 millions d'euros sur dix ans. Ce qui a convaincu la majorité des créanciers de l'entreprise, dont le groupe Galeries Lafayette, principal fournisseur, d'accepter l'abandon au total de 70% des sommes dues. De quoi redonner de l'oxygène à la société.

Mais ce renoncement s'explique aussi par la volonté de sauver les meubles en l'absence de plan B. De fait, aucun acquéreur potentiel ne s'est manifesté pendant la période d'observation pour reprendre tout ou partie d'Hermione Retail. Les salariés « regrettent l'absence d'alternative » et expriment leur défiance vis-à-vis de la direction. Ils ont rendu d'ailleurs un avis défavorable sur ce plan dénonçant des promesses qui n'ont à ce jour pas été suivies d'effets.

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Commentaires 2
à écrit le 30/03/2024 à 11:08
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Cet individu est un clone de Bernard Tapie ! Les salariés de ses magasins peuvent s'inquiéte quant à leur avenir !

à écrit le 29/03/2024 à 17:34
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Le problème des fonds d'investissement comme Hermione vient du fait qu'ils n'ont qu'une vision financière , c'est à dire marge nette en vue d'une plus value à court terme là où il faudrait une approche et une connaissance client physique pas un profi...

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