Une victoire pressentie pour Michel Ohayon. L'audience qui s'est tenue ce 21 février à huis clos devant les juges du tribunal de commerce de Bordeaux, en présence des avocats, de salariés et de l'homme d'affaires bordelais, a révélé une surprise de taille. Selon l'avocat des salariés, le nouveau plan de continuation de l'activité présenté pour 26 magasins des Galeries Lafayette a recueilli l'approbation du groupe éponyme.
Il y a un an, Michel Ohayon avait placé les magasins, qu'il possède par l'intermédiaire des sociétés Hermione Retail, Hermione Outlet et Hermione TPR, en procédure de sauvegarde. Le 14 février dernier, les négociations avec son créancier, le groupe Galeries Lafayette, propriétaire de la marque, n'avaient pas abouti. Le tribunal avait alors renvoyé l'audience au 21 février.
Pour surmonter l'échec, les sociétés Hermione ont revu les modalités du plan de continuation d'activité. Les dirigeants tablent non plus sur une croissance du chiffre d'affaires de 11 % mais de 4 % cette année et prévoient d'injecter 9 millions d'euros, dont 3,5 millions dès maintenant dans les 26 magasins, tout en conservant le millier d'emplois. Néanmoins, les pertes du prochain exercice sont estimées à 5,7 millions d'euros.
Les salariés pas convaincus
Des engagements qui ont su convaincre le créancier de Michel Ohayon, les Galeries Lafayette. Initialement opposé au plan de continuation, le groupe est désormais prêt à effacer 70 % des dettes accumulées par l'homme d'affaires, sur un total de 38 millions d'euros. Un vrai revirement obtenu à la faveur d'un étalement des remboursements sur dix ans et une révision du taux de commissionnement perçu par les Galeries d'ici deux ans. La décision du tribunal a été renvoyée au 20 mars. Une validation du plan éviterait une procédure de redressement judiciaire.
Pour l'avocat des salariés, Me Stéphane Kadri, le plan de sauvegarde demeure « irréaliste ». « On nous demande d'accepter l'idée qu'il va faire demain ce qu'il n'a jamais fait en cinq ans. Ce sont toujours les mêmes engagements qui sont pris : rehausser le chiffre d'affaires, rénover les magasins, améliorer les conditions de travail et occuper les surfaces commerciales non-utilisées. Mais aucun n'a été tenu », pointe-t-il à La Tribune.
Un passionné du commerce physique
Le plan prévoit le maintien des emplois, environ un millier, dans les magasins concernés. « On les entend dire qu'ils n'ont procédé à aucun licenciement. C'est normal les magasins sont déjà en sous-effectif , clame l'avocat. Les salariés réclament l'arrivée d'un nouvel actionnaire car ils n'ont plus aucune confiance en la direction actuelle. »
Et pourtant, l'homme d'affaires Bordelais - qui a refusé de répondre à nos sollicitations - s'accroche à ses enseignes et au commerce de centre-ville, comme toujours depuis les années 1980. Après avoir connu des déboires avec Camaïeu, liquidé en 2022, puis Gap et Go Sport vendus par la suite, Michel Ohayon retrouve un peu d'air toujours sans avoir supprimé d'emplois aux Galeries Lafayettes.
Les 26 magasins détenus par Michel Ohayon emploient environ 1.000 salariés à Agen, Amiens, Angoulême, Bayonne, Beauvais, Belfort, Besançon, Caen, Cannes, Chalon-sur-Saône, Chambéry, Dax, La Roche-sur-Yon, La Rochelle, Libourne, Lorient, Montauban, Niort, Rouen, Saintes, Tarbes et Toulon, ainsi qu'à Tours, Pau, Rosny-sous-Bois et dans un outlet à Coquelles près de Calais. Les Galeries Lafayette exploitent en propre 19 magasins en France dont l'historique du boulevard Haussmann à Paris ; outre les 26 de Michel Ohayon, 13 autres sont exploités par la Société des Grands Magasins ou des entrepreneurs locaux.
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