Nouvelle-Aquitaine : le nouveau préfet Didier Lallement sait où il va

Nouveau préfet du département de la Gironde et de la région Nouvelle-Aquitaine Didier Lallement a fait un premier point avec la presse ce mercredi avant de recevoir les douze préfets des départements néo-aquitains. Les dossiers, il les a tous potassés.
Didier Lallement

Didier Lallement, le nouveau préfet du département de la Gironde et de la région Nouvelle-Aquitaine, qui vient de succéder à Pierre Dartout, parti en Provence-Alpes-Côte d'Azur, a rencontré la presse ce mercredi matin dans l'un des salons de la résidence préfectorale, à Bordeaux. Magistrat financier à la Cour des comptes pendant les trois dernières années, Didier Lallement est revenu sur sa carrière, expliquant qu'il avait préféré "découvrir l'Etat sous toutes ses facettes" plutôt que rester au ministère de l'Intérieur, où il est passé en particulier de 1997 à 2000 comme conseiller technique au cabinet de Jean-Pierre Chevènement, puis de 2012 à 2014 en tant que secrétaire général et haut fonctionnaire de défense, quand Manuel Valls était titulaire de ce portefeuille.

Mais Didier Lallement, qui a déjà une carrière très riche, n'a pas caché qu'il avait été particulièrement marqué par la construction du grand ministère de l'Ecologie, de l'énergie, du développement durable et de la mer (MEEDM), dont Alain Juppé, le maire de Bordeaux et président de Bordeaux Métropole a été titulaire avant que Jean-Louis Borloo n'en prenne les commandes.

Un préfet passionné par l'environnement

"J'ai participé à la création de ce grand ministère de l'Ecologie qui a permis d'instaurer un dialogue du fort au fort avec les autres ministères et non plus du faible au fort comme c'était le cas auparavant. Alain Juppé y est passé, mais assez vite, et puis, de 2005 à 2010, j'ai travaillé avec Jean-Louis Borloo. L'environnement est un sujet qui m'intéresse beaucoup" a souligné Didier Lallement.

L'une de ses grandes satisfactions est de voir que, malgré son changement d'appellation en ministère de la Transition écologique et solidaire, ce super ministère, dont Nicolas Hulot est le titulaire, n'a pas été retaillé à la baisse. Avec la création de la Nouvelle-Aquitaine, fruit de la fusion des régions Aquitaine, Limousin et Poitou-Charentes, les services de l'Etat, comme la Direccte (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi), ont été répartis entre Bordeaux, Limoges et Poitiers.

La région n'est pas à l'abri des attentats

Un virage historique qui a bouleversé le fonctionnement des services en dynamitant les anciennes logiques territoriales.

"Après cette conférence de presse je vais recevoir les douze préfets des départements de la Nouvelle-Aquitaine. Cristalliser le fonctionnement de l'Etat a une aussi grande échelle que cette région, je sens que ça va être mon sujet principal. En tant que préfet de Région je ne suis pas obligé de rencontrer les préfets des départements, mais il est important de créer des synergies, de mettre en place un travail collégial" décrypte Didier Lallement, qui a également rappelé qu'il avait eu plusieurs séances de travail préparatoire avec son prédécesseur, Pierre Dartout, avant de prendre les commandes de la préfecture.

Si Didier Lallement a mis ce fait en avant, c'est que le règlement administratif ne prévoit rien de particulier à ce sujet. En tant que préfet de Nouvelle-Aquitaine Didier Lallement est également préfet de défense de la zone Sud-Ouest, qui couvre les anciennes régions Aquitaine, Limousin et Poitou-Charentes, et assure à ce titre d'importantes responsabilités additionnelles en matière de sécurité. Un sujet mis en haut de la pile par Didier Lallement, qui a expliqué que même si les phénomènes de radicalisation étaient moins spectaculaires en Nouvelle-Aquitaine qu'ailleurs la région était aussi exposée que les autres au risque d'attentats.

Bordeaux Métropole, une croissance trop rapide ?

Autre sujet prioritaire pour le préfet : la cohésion territoriale. Même si le sujet est connu il reste d'une actualité brûlante à cause de l'intensité de la divergence qui tend à concentrer la croissance économique, voire démographique, dans les départements maritimes de Nouvelle-Aquitaine au détriment de ceux de l'intérieur. Didier Lallement a également évoqué les difficultés de circulation à Bordeaux Métropole, estimant qu'il y a "une multiplicité de solutions à ce problème". Considérant que le transport en voiture est un élément de la fracture territoriale, le préfet de la Gironde a expliqué qu'il était localement amplifié.

"Cette aggravation vient de la croissance rapide de l'agglomération bordelaise qui fait que des problèmes qui mettent 30 ans à arriver dans à peu près n'importe quelle ville surgissent ici en 10 ans, et ça c'est très spécifique à la Gironde" a synthétisé le préfet.

Bien qu'il vienne d'arriver et qu'il n'ait jamais été en poste dans l'une des anciennes régions de la Nouvelle-Aquitaine, Didier Lallement a été bien préparé par ses réunions de travail avec le préfet Dartout. Sans doute pas encore aussi averti sur les dossiers locaux que pourrait l'être un secrétaire général aux affaires régionales chevronné, Didier Lallement a montré qu'il les connaissait tous.

TGV, éviter l'annulation des déclarations d'utilité publique

Le nouveau préfet a ainsi confirmé que la date du prochain comité de suivi dédié à Ford Aquitaine Industries, à Blanquefort (Gironde), prévue en janvier, ne sera pas calée avant que Ford Europe n'ait fait connaître les résultats de sa deuxième étude, qui doit dire si oui ou non la filiale girondine du constructeur automobile aura droit à un nouveau projet industriel. S'agissant du Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO), qui concerne en premier lieu la création de lignes à grande vitesse entre Bordeaux et Dax (Landes), et Bordeaux et Toulouse, il a répondu qu'il fallait d'abord que les déclarations d'utilité publique (DUP) ne soient pas annulées. Ce qui a été le cas pour Dax et Toulouse mais aussi du barreau Poitiers-Limoges.

"Je n'ai pas encore rencontré le président de Région, Alain Rousset, mais la LGV Paris-Bordeaux, avec son barreau ferroviaire Poitiers-Limoges, c'est un sujet sur lequel j'ai travaillé. Avant toute chose il faudrait que les DUP ne soient pas annulées. Et puis ensuite avoir la faisabilité financière. Avant nous avions la taxe poids lourd, qui a été suspendue sous la précédente législature, et ça devient une équation budgétaire plus dure à résoudre", égrène le préfet de Nouvelle-Aquitaine.

L'un des derniers gros dossiers sur la table préfectorale est sans doute celui du Grand port maritime de Bordeaux. Il n'est pas exagéré de dire que le courant n'est jamais vraiment passé entre le patronat bordelais, mais aussi les chargeurs, et la direction du Grand port maritime depuis la création de ce dernier. Les tensions qui semblaient depuis s'être engourdies ont refait un bond en avant avec l'implication très franche d'Alain Juppé dans le débat, lui aussi mécontent de la gestion du port. Didier Lallement est resté très prudent sur le sujet. "J'ai demandé hier (mardi) au directeur du port de venir me voir" a commenté le préfet avec sobriété.

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