Le Ceser au chevet des ports de Nouvelle-Aquitaine

La Nouvelle-Aquitaine tourne-t-elle son dos à l'économie maritime et aux 40.000 emplois liés de près ou de loin à ses quatre ports commerciaux ? C'est la crainte du Conseil économique, social et environnemental régional (Ceser) qui regrette, dans un récent rapport, un "manque flagrant de soutien politique" et enjoint l'Etat et la région à relancer les investissements dans les installations portuaires et à soutenir activement le frêt ferroviaire.

"La première façade maritime française n'est plus qu'un acteur de second rang et s'inscrit dans un contexte particulièrement dégradé." Le constat du Ceser de Nouvelle-Aquitaine sur la situation des ports de commerce de Bordeaux (7e port français), La Rochelle (8e), Bayonne (9e) et le duo Rochefort/Tonnay-Charente (24e et 25e) est cinglant mais partagé par les acteurs du secteur. Nettement distancés par leurs voisins français et européens, les ports de la façade Atlantique accusent une baisse ou une stagnation de leur activité en 2016. Le Ceser l'explique notamment par "la faiblesse de l'industrialisation de leur hinterland" et les difficultés d'acheminement des marchandises par le réseau ferroviaire.

Des poumons économiques majeurs

Ces quatre ports restent néanmoins des poumons économiques majeurs à l'échelle de leur territoire et doivent donc être soutenus en tant que tels. En particulier, les quatre infrastructures de Nouvelle-Aquitaine représentent de l'ordre de 600 emplois directs et près de 40 000 emplois indirects et induits. Des ports également à l'origine d'investissements privés et d'importantes retombées fiscales que le CESER n'a malheureusement cependant pas été en mesure de chiffrer.

Les quatre port néo-aquitains présentent toutefois des profils assez différenciés tant dans leur statut (Bordeaux et La Rochelle sont gérés par l'Etat, Bayonne par la région et Rochefort/Tonnay-Charente par le département de Charente-Maritime) que dans l'évolution et la nature de leur activité, comme le montre l'infographie interactive ci-dessous :

Pour enrayer la baisse d'activité et soutenir leur fonction industrialo-portuaire, le Ceser appelle l'ensemble des acteurs publics concernés - Etat, région, départements et intercommunalités - à "poursuivre une politique d'investissements tant au niveau des installations portuaires que de leur réseau ferroviaire". Ce dernier aspect est en effet considéré comme un point noir par les auteurs du rapport qui regrettent "un manque flagrant de soutien politique" :

"Au-delà du réel volontarisme affiché par un nombre encore trop restreint d'acteurs et, souvent, de discours convenus, une économie de transport sans une place essentielle donnée au ferroviaire est à moyen et long terme inconcevable".

La concurrence du transport routier, malgré ses nombreuses externalités négatives (pollution, usure des infrastructures, accidents, etc.), reste très forte pour le fret ferroviaire et fluvial qui souffrent également de voie de desserte fine dégradées et/ou sous-exploitées. D'autant que ces deux phénomènes s'auto-entretiennent : la mauvaise santé de l'activité portuaire pénalise la rentabilité de l'acheminement du fret ferroviaire et vice-versa. La sous-exploitation de la liaison ferroviaire rénovée entre Bordeaux et le port du Verdon est ainsi qualifiée "d'immense gâchis" par les auteurs du rapport.

Rechercher des complémentarités

Plus largement, le Ceser invite les plateformes portuaires de la région à rechercher des complémentarités en termes de mutualisation des fonctions supports, de marketing territorial et de savoir-faire. Pour dépasser les concurrences commerciales et logistiques, par exemple entre Bordeaux et La Rochelle, ces rapprochements doivent pouvoir s'appuyer sur un pilotage stratégique assumé pleinement par le couple Etat-région.Le Ceser reste cependant particulièrement prudent sur cet aspect, soulignant une certaine inquiétude des acteurs vis-à-vis d'une nouvelle réforme de gouvernance, voire même d'une fusion entre Bordeaux et La Rochelle.

Quoi qu'il en soit, les futurs schémas régionaux d'aménagement et de développement économique régionaux, désormais conçus à l'échelle de la Nouvelle-Aquitaine, ne pourront faire l'impasse sur l'avenir de ces infrastructures.

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Commentaire 1
à écrit le 14/11/2017 à 17:33
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Dans le tableau "Les ports de commerce de Nouvelle Aquitaine", il y a une inversion des chiffres entre Bordeaux et la Rochelle. Le port de Bordeaux a bien généré par exemple 46 M€ de chiffre d'affaire en 2015.

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