
LA TRIBUNE - Quelle est la matière nécessaire pour alimenter une unité de méthanisation comme celle en construction au port de Bordeaux ?
LAURENT LARPIN - Il y a plusieurs sources de gisements : ça peut être des biodéchets issus d'une collecte auprès des cantines, des restaurants, mais aussi des résidus des industriels implantés sur la zone du port ou des intrants de l'agroalimentaire, comme ceux issus de la production de cannelés par exemple ici à Bordeaux. Du côté des déchets domestiques, il y a des obligations réglementaires qui arrivent au 1er janvier 2024 imposant à tout producteur de biodéchet, dont les particuliers, de ne plus jeter dans les filières classiques de traitement, qui terminent en incinérateur ou en enfouissement. Des collectes de biodéchets vont donc s'organiser en ville et certaines pourront venir alimenter le site. On les passe dans un système de déconditionnement, pour enlever tout ce qui n'est pas organique : les fourchettes et les pots de yaourt, on n'en veut pas !
Tout ça nous donne des intrants solides et liquides, qui sont pesés. Ces matières, en fonction de leur consistance, vont être vidées dans des cuves pour la partie liquide et stocké en extérieur ou à l'intérieur pour la partie solide si elles génèrent des matières malodorantes.
Comment produit-on ensuite du biogaz à partir de cette matière ?
Avant d'entrer dans le méthaniseur, la matière est hygiénisée. C'est-à-dire qu'on la chauffe à 70 degrés pendant une heure, ce qui permet de tuer toute la vie microbienne et éviter la prolifération de maladies. Là, on peut intégrer la matière dans le méthaniseur par pompage. On y reproduit alors le phénomène naturel de dégradation de la matière dans une sorte de grande cuve fermée, chauffée à 37 degrés et agitée. Il s'y passe une fermentation naturelle, comme dans les marais quand vous secouez les fonds avec un bateau et que ça produit une flamme bleue. On essaye d'obtenir cette réaction et de l'accélérer. Le temps total de séjour dans les cuves s'élève à une cinquantaine de jours pour avoir une dégradation optimale de la matière.
Deux éléments sont obtenus : le biogaz et le disgestat. A quoi servent-ils ?
Le biogaz part dans les réseaux, en l'occurrence ceux de Régaz pour Bordeaux, et sert à la consommation domestique des foyers, en substitution du gaz naturel fossile. Le digestat, c'est la matière restante après le processus qui se révèle être un fertilisant. Il est stocké sur site durant plusieurs mois pour ensuite retourner à la terre chez les agriculteurs partenaires, afin de fertiliser les sols comme le ferait un fumier ou un lisier. Cela se fait dans le cadre d'un plan d'épandage suivi par la préfecture.
La « puanteur » issue d'un méthaniseur de TotalEnergies excède les riverains Des odeurs « pestilentielles » : à Mourenx (Pyrénées-Atlantiques), le plus gros méthaniseur de France, mis en service par TotalEnergies en janvier, excède les riverains et une cinquantaine de personnes ont manifesté leur « ras-le-bol » jeudi devant l'usine de production de biogaz, en demandant au groupe d'agir. Le géant français de l'énergie assure qu'il « trouvera des solutions » et la direction du site reconnaît un problème « lié au stockage des déchets végétaux » : les feuilles de maïs. Sur son site de trois hectares goudronnés, baptisé BioBéarn, TotalEnergies récupère en grande majorité des déchets issus de l'agriculture, d'origine animale ou végétale, mais aussi des boues de stations d'épuration ou des biodéchets ménagers. (avec AFP)
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