
LA TRIBUNE - Vos chiffres montrent une croissance inédite du nombre de bornes de recharge installées dans la région. Est-ce un tournant majeur pour la filière ?
PATRICK ROUSSEAU - Oui, complètement. Un point de bascule est en train de se réaliser. Il y a l'échéance de 2035 avec la fin de la vente des véhicules thermiques qui se profile. Aujourd'hui, toute l'industrie, les infrastructures de recharge, les consommateurs commencent à basculer dans leur mode de fonctionnement. La part de marché des véhicules électriques rechargeables est de 25 % et ne cesse de croître. A titre d'exemple, le véhicule le plus vendu au monde au mois de juin était un véhicule électrique.
7.000 bornes en Nouvelle-Aquitaine En 2022, la région a connu une croissance record de 46 % en terme de bornes de recharge en service, passant de 4.800 à 7.000 structures opérationnelles. La Gironde en compte plus de 2.000, la moyenne étant d'environ 450 dans les autres départements. Le taux de croissance est semblable pour le nombre de véhicules électriques et hybrides vendus dans la région, au nombre de 99.000 l'an dernier.
La filière française manque encore de structuration. Qu'en est-il de nos capacités industrielles sur les bornes de recharge ?
On a des constructeurs nationaux comme Legrand qui est en région Nouvelle-Aquitaine [à Limoges, ndlr] et vous avez également Schneider. Les collectivités locales s'organisent, ce qu'on appelle les syndicats d'électrification élaborent des schémas directeurs d'implantation de bornes, que ce soit dans la Creuse ou en Gironde. Ce sont des plans qui vont de 30 à plus de 300 bornes et dont un certain nombre est déjà opérationnel. Au début, on avait beaucoup de bornes de petite puissance qui étaient demandées. De plus en plus, on a des superchargeurs, plus rapides, qui arrivent sur le domaine public (les routes départementales, centres-ville, aires d'autoroute). On voit que les aires de service des autoroutes sont progressivement équipées, le taux d'équipement est très satisfaisant, même si on a une petite fragilité sur l'A20 et l'A63.
On peut penser que cette croissance est bien maigre par rapport à l'arrivée de millions de véhicules électriques dans les prochaines années...
À l'heure où je vous parle, il y a 1,2 million de véhicules électriques qui roulent en France. On en attend 17 millions en 2035. Pour l'instant, le nombre de poses de bornes de recharge suit les besoins des clients. Là où il y a un changement c'est que 50 % des Français résident en habitat collectif, alors que 80 % des acheteurs de véhicules électriques vivent en maison individuelle. On voit donc qu'une population, celle qui vit en appartement, est exclue de la mobilité électrique. Les copropriétés d'immeubles anciens ont aujourd'hui accès à deux solutions : soit des grands opérateurs viennent mettre des installations sur les parkings mais alors il faut recueillir l'accord de la copropriété, ce qui peut poser souci, soit il y a Enedis qui propose une solution avec un système de pré-financement pour construire une borne de recharge sur une place de parking.
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