Le consortium bancaire finançant les travaux de la future LGV Tours - Bordeaux vient de suspendre le versement de l'échéance de novembre. Quel regard portez-vous sur cette décision ?
"C'est un nouvel épisode dans la partie de bras de fer à trois engagée entre les élus locaux qui financent mais qui sont mécontents des dessertes annoncés, Lisea, filiale de Vinci qui a un contrat de concession sur 50 ans et qui a bâti son modèle sur des hypothèses de trafic communiquées probablement fausses comme souvent, et la SNCF à qui l'Etat demande de réduire son déficit qui pèse sur les comptes publics."
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Qui sortira vainqueur ?
"Déjà, je n'avais jamais pensé qu'on en arriverait là. Aujourd'hui la ligne est quasiment achevée, pour moi c'est terminé et la SNCF finira par encaisser le déficit lié à l'exploitation de la ligne. Le concessionnaire Lisea a pour lui le contrat et la France respecte le droit des contrats (NDLR : néanmoins le contrat de concession transfère le risque trafic sur Lisea et ne formalise aucun engagement de la SNCF sur le nombre de dessertes)."
Vous estimez donc que la SNCF perdra ce bras de fer mais que les conséquences pourraient aussi dépasser le cadre de ce projet ?
"Ce dossier est l'illustration d'un modèle économique du TGV à bout de souffle. Les actionnaires de Vinci commencent peut-être à être inquiets sur la pérennité du dossier et à se dire que les taux de rendement du ferroviaire ne sont pas du tout les mêmes que ceux des autoroutes, dont le taux de rentabilité interne (TRI) est de l'ordre de 8 %. Ce cas de Tours - Bordeaux pourrait ainsi signer le début d'un désengagement des investisseurs privés dans les projets ferroviaires."
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