• Un été 2020 rayonnant

Comme pour finalement de nombreux restaurateurs et campings, la saison estivale 2020 a été bonne pour Yescapa. Mais pour la startup positionnée depuis 2021 sur le marché des camping-cars et vans aménagés, elle a même été exceptionnelle avec 47.000 réservations entre le 1er mai et le 31 août 2020, soit un bond de 43 % par rapport à l'été 2019. L'engouement est encore plus fort hors de France avec une demande en hausse de 380 % ! "Le camping-car s'est avéré être le moyen idéal pour voyager partout en conservant des mesures de distanciation sociale comme à la maison. Ce mode de vacances attire une clientèle nouvelle, parfois inattendue comme, par exemple, des cadres supérieurs qu'on ne voyait pas chez nous auparavant", témoigne Benoit Panel, le cofondateur de Yescapa avec Adrien Pinson. 75 % des locations en 2020 ont été faites par des nouveaux clients pour des locations plus longues que les autres années et, confinement oblige, une clientèle issue de "seulement" 35 pays contre 98 en 2019.

• Une startup rentable depuis 2019

Résultat de cette année prolifique, le volume d'affaires enregistré par Yescapa a atteint 25 millions d'euros en 2020, de quoi générer un chiffre d'affaires de quelques millions d'euros pour cette startup de 55 salariés qui se rémunère via une commission perçue sur chaque location. Déjà tout juste rentable depuis 2019, Yescapa a confirmé ses bons résultats en 2020 : malgré une croissance moins importante que l'année précédente, la rentabilité a littéralement explosé avec une hausse de +950 % ! De quoi générer un résultat opérationnel à six chiffres, multiplié par cinq par rapport à 2019, et donner le sourire à Benoît Panel : "Cette confirmation de la rentabilité de notre modèle c'est à mes yeux la vraie victoire de cette année 2020." La startup bordelaise en a profité pour se renforcer significativement en embauchant douze salariés en un an pour atteindre un effectif de 55 collaborateurs.

Une partie de l'équipe de Yescapa (crédits : Yescapa).

• Une 3e acquisition en deux ans pour s'affirmer en Allemagne

Cette réussite financière lui a permis de réaliser sur fonds propres avec un prêt bancaire, mais sans augmentation de capital, sa troisième opération de croissance externe en l'espace de seulement deux ans. Après le rachat de son concurrent français au printemps 2019 puis, quelques mois plus tard, celui d'Aeravan, un rival espagnol, c'est au tour du n° 2 allemand, SHAREaCAMPER, d'être racheté par les Français. Fondée sur un modèle très proche de Yescapa, la startup allemande avait déjà levé 2,7 millions d'euros depuis sa création en 2015 et disposait de 15 salariés et d'une flotte deux fois supérieure sur le marché allemand. Comme elle l'avait fait en Espagne, Yescapa ne reprend pas de salarié ni de dirigeant mais met la main sur la marque, la clientèle et la précieuse flotte de véhicules outre-Rhin. Pour autant, s'ils sont bien n° 1 en Europe, les Français resteront loin derrière PaulCamper sur le marché allemand, le premier du continent en volume. "Tous secteurs confondus, rares sont les entreprises étrangères qui parviennent à percer en Allemagne. L'objectif avec ce rachat, qui nous renforce considérablement, c'est donc de grandir significativement en 2021 pour être le plus gros caillou possible dans la chaussure de PaulCamper", résume Benoît Panel.

• L'Europe, toute l'Europe, rien que l'Europe

Yescapa propose de la location de véhicules entre particuliers dans sept pays européens (France, Espagne, Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Portugal et Belgique) et est également présent plus ponctuellement dans 18 autres pays. La France reste le premier marché de l'entreprise bordelaise mais pèse désormais moins de 50 % du volume d'affaires. Pour autant, Benoit Panel et Adrien Pinson n'entendent pas s'arrête là : "L'objectif est de proposer nos services de location entre particuliers mais aussi de s'adresser aux loueurs professionnels dans tous les pays européens. Il faudra notamment pénétrer les marchés des petits pays comme l'Irlande ou la Norvège en trouvant des assureurs locaux, ce qui n'est pas toujours évident", expose Benoit Panel, qui confirme que Yescapa n'a pas de visées hors Europe pour l'instant, et n'a d'ailleurs pas repris les activités de SHAREaCAMPER en Australie et en Nouvelle-Zélande.

L'enjeu pour Yescapa est en effet de s'enraciner autant que possible sur le continent européen pour devenir incontournable et indélogeable. Car la concurrence américaine fourbit ses armes notamment les puissants RVshare (100 millions de dollars levés l'an dernier) et Outdoorsy (81 millions de dollars levés en trois ans). S'ils n'ont pas encore débarqué en Europe, notamment en raison de la pandémie de Covid-19, ils le feront un jour à l'autre.

• Vers une levée de fonds conséquente en 2022

"Pour l'instant RVshare et Outdoorsy se font la guerre aux Etats-Unis en dépensant des fortunes sur l'acquisition clients. Mais lorsqu'il y aura un gagnant, il est probable qu'il arrive en Europe et il faut grossir le plus possible d'ici là parce qu'on ne pourra pas permettre de perdre autant d'argent qu'eux", reconnaît Benoit Panel. L'objectif de Yescapa est donc de passer de 10.000 véhicules proposés à la location aujourd'hui en Europe à 50.000 véhicules en 2024. "C'est ambitieux mais également réaliste parce qu'aujourd'hui on a sur notre site seulement 1 % à 1,5% du parc européen de vans et de camping-cars européens. Je suis convaincu qu'on monter à 6% ou 7 % dans les années qui viennent, surtout quand on voit qu'entre 20 % et 50 % des résidences secondaires sont sur le marché de la location", explique le cofondateur.

Yescapa, qui vient d'être retenu dans l'accélérateur tourisme de Bpifrance, veut donc continue à grandir en 2021 de manière à disposer des meilleures conditions possibles pour initier une levée de fonds conséquente courant 2022. "On doit encore prouver à tout le monde que nous ne sommes pas un acteur du marché européen mais bien l'acteur incontournable. Grandir encore d'un cran nous permettra d'obtenir de bien meilleures conditions financières dans un an", résume Benoit Panel, qui ne prévoit pas de recruter d'ici là tant l'équipe en place est désormais opérationnelle.