Yescapa rachète un pionnier de la location de campings-cars entre particuliers

Le spécialiste de la location de camping-cars entre particuliers Yescapa annonce l'acquisition d'un de ses concurrents historiques, Locationcampingcardeparticulier.com. La startup bordelaise, qui revendique le leadership européen sur ce segment, étudie actuellement d'autres rachats pour se renforcer dans d'autres marchés européens. Parallèlement, elle mute vers un positionnement de place de marché de voyages nomades, après le lancement de sa plateforme de vente de camping-cars d'occasion.
Adrien Pinson et Benoit Panel, cofondateurs de Yescapa

Après quelques années de grise mine, le camping-car bénéficie « d'un beau renouveau économique avec 23.585 véhicules de loisirs vendus en France en 2018 », soit une hausse de 24 % en deux ans, relève Yescapa. La startup créée en 2012 au sein de l'Auberge numérique à Bordeaux, entend bien en profiter et initie la consolidation du marché de la location entre particuliers. Le rachat, annoncé ce jeudi, de la plateforme Locationcampingcardeparticulier.com (plus de 10.000 semaines de location et 6 millions d'euros de revenus pour les propriétaires de camping-cars depuis la création de l'entreprise en 2008), va dans ce sens. Yescapa met ainsi la main sur un acteur pionnier du secteur en France.

"C'est une société qui avait grandi progressivement jusqu'en 2014, avant de voir le nombre de véhicules proposés à la location baisser. Elle proposait un modèle très différent du notre avec un abonnement à l'année pour les propriétaires de camping-cars et pas de services autour de l'assurance, de l'assistance clientèle... Elle s'acheminait sans doute vers la liquidation", précise Benoît Panel, cofondateur de Yescapa.

En 2018, la plateforme bordelaise a enregistré 20.000 locations sur sa plateforme. Yescapa met en relation des propriétaires de camping-cars qui souhaitent le louer lorsqu'ils ne l'utilisent pas, et des voyageurs séduits par le côté nomade du véhicule de loisirs et qui l'empruntent le temps d'un week-end ou de leurs vacances. L'année écoulée a été marquée par l'ouverture du service en Italie et au Portugal, qui viennent rejoindre la France, l'Espagne, l'Allemagne et le Royaume-Uni. L'enjeu est d'aller vite car outre-Atlantique, la concurrence américain ne chôme pas, lève massivement des fonds et regarde hors des Etats-Unis comment s'implanter en Europe. De son côté, Yescapa cherche à peser le plus possible avant l'arrivée de ces mastodontes et mise notamment sur de la croissance externe. Benoît Panel confie que plusieurs dossiers sont actuellement examinés :

"Il y a effectivement des acteurs monopays qui ont du mal à atteindre la taille critique et donc l'équilibre. Nous regardons actuellement quelles sont les opportunités intéressantes pour nous renforcer dans d'autres pays." Yescapa vise exclusivement un déploiement européen au détriment d'une stratégie mondiale trop gourmande en cash : "Plutôt que d'être diffus partout et fort nulle part, nous préférons être fort sur nos territoires en restant focalisés sur l'Europe. Nous devrions ouvrir notre service dans trois pays supplémentaires en 2019, dont un qui sera annoncé très prochainement."

La course à la croissance

La startup profite également du fait que les acteurs traditionnels, revendeurs et industriels, n'approfondissent pas encore le marché de la location entre particuliers, contrairement à ce qui passe dans le nautisme et qui a conduit récemment au rachat de Samboat, amis et longtemps voisins de Yescapa. "Un très gros concessionnaire français, avec une cinquantaine de concessions en portefeuille, a lancé sa plateforme et cela nous a fait très peur, mais il s'avère qu'il s'agit pour lui d'une activité annexe et qu'il n'est pas focus sur la location entre particuliers", détaille Benoît Panel.

Lire aussi : L'international : ce que les startups doivent savoir avant de se lancer


La concurrence vient finalement des Etats-Unis essentiellement. Notamment de deux acteurs dont les derniers tours de table culminent à une cinquantaine de millions d'euros, dont une startup créée par l'équipe qui a monté HomeAway/Abritel, spécialiste de la location d'appartements et de maisons, revendu 3,9 milliards de dollars à Expedia. Des poids lourds donc qui ne font pas mystère de leurs ambitions naissantes en Europe. Face à eux, Yescapa cherche à s'ancrer profondément. Son activité est rentable en France et le sera "à coup sûr" en 2019 en Espagne. "Nous sommes sur le chemin de la rentabilité globale", affirme Benoît Panel.

Un pied dans la vente des véhicules d'occasion

Cette course à la croissance se traduit également par un élargissement des activités de Yescapa. La startup, qui revendique une communauté de près de 300.000 utilisateurs venants de 74 pays et emploie 32 personnes, a lancé l'an dernier une plateforme de vente de camping-cars d'occasion. "Une façon de boucler la boucle", illustre Benoît Panel :

"Lorsque des loueurs de véhicules de loisirs quittent notre plateforme, c'est ou parce qu'ils ont des pépins mécaniques, ou parce qu'ils veulent revendre leur camping-car. Notre objectif est de faire en sorte que le véhicule reste dans l'offre que nous proposons après la revente, en incitant donc l'acquéreur à le remettre en location. Nous proposons à l'internaute qui cherche à faire une acquisition de renseigner le prix envisagé, le montant des mensualités qu'il est prêt à débourser, et nous proposons plusieurs véhicules à la vente en lui calculant également le revenu locatif potentiel qui pourrait être dégagé."

Yescapa ne prélève pas le moindre centime sur la transaction. L'objectif, double, est ailleurs : maintenir la profondeur de l'offre sur sa plateforme mais aussi proposer des services additionnels qui sont, eux, facturés :

"Lorsqu'on achète un véhicule de loisirs d'occasion, à moins qu'on soit mécanicien et qu'on puisse se déplacer pour l'examiner, rien ne garantit qu'il ne lâchera pas dans quelques semaines. Nous proposons par exemple de missionner un mécanicien agréé qui se déplace pour aller contrôler le véhicule mis à la vente et remettre un rapport détaillé sur son état, via une check-list de 189 points. L'acquéreur peut aussi souscrire une assurance garantie mécanique sur notre plateforme. Du côté du vendeur, nous proposons plusieurs briques de sécurisation pour se prémunir des chèques volés ou des impayés. Nous avons par exemple noué un partenariat avec une autre startup bordelaise, Obvy, sur cet aspect."

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