Comment les Fonderies Fraisse conjurent la crise de la métallurgie française

"Nos pièces sont présentes sur tous les métros parisiens et sur beaucoup d'autres métros dans le monde, de même pour les trains qui circulent à Tokyo, Rio, Bruxelles...". Implantées à Aubusson (Creuse), les Fonderies Fraisse ont adopté un positionnement très habile sur le marché de la métallurgie. De quoi se prémunir des grosses difficultés du secteur. Cette PME de 34 salariés va bénéficier d'une aide de 700.000 euros dans le cadre du plan France Relance pour pérenniser son activité qui reste dans le giron familial depuis 1947.
La seule fonderie de la Creuse a reçu une aide de 700 000 euros dans le cadre de France Relance.
La seule fonderie de la Creuse a reçu une aide de 700 000 euros dans le cadre de France Relance. (Crédits : Fonderie Fraisse)

Avec 1,4 million d'euros d'investissements, les Fonderies Fraisse s'engagent dans leur plus important programme depuis 2008. Avec la subvention accordée par France Relance, la fonderie d'alliages d'aluminium spécialisée dans la production de petites et moyennes séries depuis 1947 va moderniser son outil de production en acquérant et rénovant des fours électriques, procéder à la rénovation énergétique des ateliers et améliorer les conditions de travail des 34 salariés.

"Le but est de moderniser l'outil de travail d'une entreprise implantée historiquement sur le bassin d'Aubusson", déclare Pierre-Emmanuel Fraisse, le directeur. "Mais ces 700.000 euros, ce n'est pas un chèque en blanc car il faut en mettre autant pour des investissements productifs ciblés. Nous allons privilégier nos achats en France, des fours à fusion pour réduire la facture d'électricité et un scanner 3D pour la rétro-conception."

Le four à traitement thermique sera remis à neuf. Une partie de la subvention sera consacrée à la formation en soudure et fonderie des opérateurs et chefs d'équipe. "La sablerie, qui est le cœur de l'entreprise, sera optimisée avec l'installation d'un automate de gestion de sable et nous remplacerons une presse basse pression en 2023", complète-t-il.

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Une activité répartie sur différents secteurs

Les Fonderies Fraisse produisent des petites et moyennes séries, de la pièce unique à une série de quelques milliers par an. Trois techniques de moulage sont utilisées pour créer des alliages, le moulage au sable vert, le moulage en coquilles gravité et le moulage basse pression en fonction des quantités. "Cela permet de nous adapter aux besoins spécifiques de chaque client que ce soit pour les quantités, les délais et leur budget", précise-t-il. "Les pièces pèsent de quelques grammes à une centaine de kilos."

Le laboratoire de contrôle interne valide le process de chaque nouveau produit et effectue tests et essais mécaniques demandés par certains clients. Ce savoir-faire reconnu intéresse différents secteurs comme le ferroviaire, le sport automobile, l'industrie, l'aéronautique, le médical, l'alimentaire, l'armement et la fonderie d'art avec des pièces moulées pour Esteves Motorcycles Design afin de personnaliser des Harley-Davidson et Triumph comme celle de la chanteuse Pink.

Fonderie Fraisse

La fabrication de petites et moyennes séries, la variété de clientèle et la réactivité lui assurent un bon carnet de commandes. (Crédits : Fonderies Fraisse)

"Nous réalisons 30 à 40 % de notre chiffre d'affaires qui reste confidentiel sur le ferroviaire et le sport automobile", calcule-t-il. "Nos pièces sont présentes sur tous les métros parisiens et sur beaucoup d'autres métros dans le monde, de même pour les trains qui circulent à Tokyo, Rio, Bruxelles...". Pour le sport automobile, la fonderie fabrique des carters de boîtes de vitesse et des porte moyeux exportés essentiellement aux USA, en Chine et en Australie. Des pétrins et des coupe-frites sont fabriqués pour la branche professionnelle d'Electrolux. Michelin, un client historique, a commandé des pièces qui équipent ses usines. Des sous-marins français embarquent également des pièces stratégiques. Des blocs opératoires utilisent ses supports de lampes, une diversité qui fait la différence.

"Nous essayons de ne pas dépasser 15 % sur un secteur et d'être présent sur un maximum de niches" assure-t-il. "Notre force est de proposer des petites et moyennes séries. Pour 50 pièces, un client n'a aucun intérêt à se tourner vers la Chine. D'ailleurs, nos clients sont plutôt des partenaires, nous les aidons pour la géométrie des pièces si besoin et nous sommes très réactifs."

Un réseau de partenaires complémentaires

Les Fonderies Fraisse s'appuient sur un réseau d'entreprises pour jouer la carte de la complémentarité. "On nous appelle parfois pour des pièces destinées à nos confrères et nous avons resserré nos partenariats avec certains comme au Nord Dordogne ou Constellium, à Ussel, en Corrèze (270 salariés) qui nous confient des pièces. Nous sommes complémentaires sur certains produits et essayons de mutualiser nos forces de vente." Une démarche aux antipodes de fonderies liquidées ces derniers mois. "La SAM et les Fonderies du Poitou produisaient de grandes séries pour des clients quasi uniques voire même uniques comme la SAM pour Renault", constate-t-il. "Il y avait 1.200 fonderies en France voilà quinze ans, il n'en reste que 350. Mon but est de pérenniser l'emploi des salariés et de garder notre savoir-faire." Après une hausse de son chiffre d'affaires de 30 % en 2021 et sept embauches, le dirigeant espère 15 à 20 % de plus en 2022.

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