La CFE-CGC veut qu'Orange crée 1.000 emplois à Bordeaux

Sébastien Crozier, président national de la CFE-CGC (Confédération française de l’encadrement – Confédération générale des cadres) d’Orange, était hier lundi à Bordeaux dans le cadre d’un tour de France des métropoles régionales. Avec une préoccupation majeure : la création d’emplois.
Sébastien Crozier à Bordeaux

"Orange perd chaque année 7.000 emplois au plan national. Dans le détail on décompte 7.000 départs à la retraite et 2.000 démissions, contre 2.000 embauches, ceci pour un total groupe de 100.000 emplois" précise Sébastien Crozier.

En Gironde Orange comptait 2.894 emplois à temps plein (ETP) l'an dernier, pour un total Nouvelle-Aquitaine de 5.714 ETP. Mais les projections prévoient qu'en 2016 cet effectif régional devrait reculer à 5.149 ETP, puis 4.670 en 2017, 4.286 en 2018, 4.050 en 2019 et 3.911 en 2020 : soit un recul de 32 % en cinq ans. La CFE-CGC souligne l'importance des disparités d'un territoire à l'autre puisque la chute des effectifs devrait être de 45 % en Charente, contre 27 % en Gironde.

C'est dans l'agglomération bordelaise qu'Orange emploie l'essentiel des 2.894 ETP recensés en Gironde et d'ici 2018 la confédération prévoit qu'entre 574 et 605 salariés girondins partiront à la retraite. Départs qui seraient compensés à hauteur de 112 à 273 recrutements internes ou externes, pour arriver une fourchette de 2.433 à 2.562 ETP à durée indéterminée d'ici fin 2018.

Créer 800 à 1.000 postes à Bordeaux

En plus des contraintes économiques, qu'il a développées, Sébastien Crozier voit là un héritage de la présidence de Didier Lombard, PDG de France Télécom de 2005 à 2011.

"Orange souffre d'un profond déséquilibre interne entre les Régions et l'Ile-de-France. Lombard a transféré tous les centres de décision régionaux en Ile-de-France, qui concentre aujourd'hui 35 % de l'emploi du groupe et bientôt, si l'on ne fait rien, 40 % ! Ce qui est absurde. Après Lombard, Richard, son successeur, a arrêté la casse sociale, marquée par les suicides que l'on sait. Formellement 8.000 à 9.000 salariés d'Ile-de-France pourraient être recasés dans les régions mais à cause des nombreuses contraintes en jeu, au final 25 % d'entre eux pourrait réellement bouger. Nous réclamons la création de 800 à 1.000 postes à Bordeaux Métropole" annonce le patron de la CFE-CGC à Orange.

Officiellement pas d'esbroufe dans ses propos même si la déclaration a peu de chances de passer inaperçue.

"C'est une position assez offensive, je l'admets, reconnait le syndicaliste. Le problème ce n'est pas de trouver des gens pour venir à Bordeaux, mais le schéma d'organisation. Nous interpelons les élus locaux à ce sujet. Et il faut bien reconnaitre qu'avec la primaire de la droite et du centre c'est plutôt dur en ce moment, s'amuse-t-il. Chaque fois qu'une unité d'Orange déménage, nous demandons aux élus de ne pas se borner à réclamer le maintien de l'emploi, non. Nous les encourageons à demander la création d'emplois nouveaux, et c'est exactement ce qu'il faut faire !" assure-t-il.

Ne pas créer de "cadres-TGV"

Cette mobilisation des élus est d'autant plus souhaitable, explique Sébastien Crozier, que les salariés d'Orange ne veulent pas aller en province pour se transformer en "cadres-TGV". Il faut donc qu'ils puissent faire en région une carrière complète, "ce qui implique la création de deux ou trois postes de cadres (dans une perspective hiérarchique -NDLR), ce qui n'est pas faisable partout et pas encore à Bordeaux". Autre grand paramètre abordé par le patron des cadres d'Orange : l'évolution du secteur de la téléphonie.

"Orange n'investit pas assez dans la fibre optique, ce qui met le groupe sous la pression du régulateur, qui menace tous les jours de vendre notre activité fibre à d'autres opérateurs en téléphonie si nous ne faisons pas davantage d'efforts. Le problème c'est que nos concurrents ne font pas mieux. Orange couvre 80 % des investissements dans la fibre optique au plan national. Le modèle ultra libéral de croissance dans le secteur de la téléphonie s'est soldé par une baisse des prix mais aussi par un effondrement des capacités d'investissement des opérateurs" décrypte le syndicaliste.

Opposition entre industriels et financiers

Le patron de la CFE-CGC se désole que le résultat net du groupe ne dépasse pas 8 % du chiffre d'affaires. Il a été légèrement inférieur à cette proportion en 2015, avec tout de même un montant de 2,9 Md€ de bénéfice net, pour un chiffre d'affaires de 40,2 Md€. Mais cette barre du bénéfice net à près de 8 % du chiffre d'affaires correspond aussi, selon Sébastien Crozier, à l'ampleur de la baisse des prix constatée sur le marché de la téléphonie, avec au bout du compte des destructions d'emplois non compensées par des investissements, et des fermetures de boutiques de proximité.

"Il y a dans le groupe une opposition entre les industriels, qui veulent étendre le réseau de la fibre optique, et les financiers, pour lesquels il y a trop de flou quant au retour sur investissement dans la fibre optique, à cause d'incertitudes réglementaires" éclaire le syndicaliste. On devine dans ces "industriels" les descendants des techniciens de France Télécom.

Le message de fermeté envoyé aux élus par la CFE-CGC au sujet d'Orange sera-t-il entendu ? Espérons que oui...

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