Logement : Domofrance présente sa feuille de route

"On ne fait pas du logement social : nous faisons du logement à loyer social" : Philippe Rondot et Francis Stéphan tiennent à cadrer les choses. Le premier est arrivé à la présidence de Domofrance en juin 2017, le second à la direction générale en octobre. Le duo dirigeant vient de présenter il y a quelques jours la feuille de route de Domofrance dans un contexte économique et législatif mouvant.
Francis Stéphan et Philippe Rondot, respectivement directeur général et président de Domofrance
Francis Stéphan et Philippe Rondot, respectivement directeur général et président de Domofrance (Crédits : DR)

Domofrance pèse lourd, effectivement. C'est l'une des filiales du groupe Action logement, ce dernier étant propriétaire de près d'un million de logements sociaux, soit 1/5e du total français. Pour sa part, Domofrance opère sur plusieurs métiers : aménageur urbain, promoteur constructeur, bailleur social, syndic de copropriété... S'approchant des 500 salariés, la société gère notamment 27.330 logements (accueillant 60.000 habitants) et 450 locaux d'activités et a réalisé l'an passé un chiffre d'affaires de 215 millions d'euros. "Nous investissons chaque année 220 millions d'euros en Nouvelle-Aquitaine et produisons 1.300 logements en moyenne", précise Philippe Rondot.

Plus précisément, en 2017, Domofrance a livré 1.140 logements, à 70 % en Gironde dont 60 % dans la métropole bordelaise. Tant Philippe Rondot que Francis Stéphan confirment leur volonté d'ancrer dans les trois ans les livraisons autour de 1.200 logements par an. En revanche, le périmètre pourrait s'élargir puisque la société entend être plus présente ailleurs en Nouvelle-Aquitaine : "Nous prendrons nos responsabilités dans les villes moyennes où les besoins sont forts, comme Libourne, Langon, Périgueux, le Bassin d'Arcachon..."

Au-delà de ce maillage, l'objectif est également d'accélérer la vente du patrimoine immobilier de Domofrance. La société a vendu 182 logements en 2017 pour un total de 24 M€, soit 0,7 % de son parc. Un total qui devrait pousser jusqu'à 1 % d'ici 2019, soit 250 logements environ. Philippe Rondot l'illustre ainsi par des T3 en accession sociale à la propriété "de 63 m2 près du Jardin public à Bordeaux à 2.400 €/m2, là où le marché est à 4.200 €/m2. Nous nous étions peut-être un peu endormis dans la gestion de notre patrimoine, mais les possibilités sont là. Une vente nous offre la possibilité de construire deux à trois logements neufs." Un service dédié à la vente sera justement créé cette année.

Un contexte législatif pas encore fixé

Construire fait partie intégrante de la feuille de route de l'entreprise pour les prochaines années. Domofrance veut poursuivre ses actions en faveur de la rénovation urbaine, avec deux projets "embarqués" dans le Programme national de rénovation urbaine (deux à Cenon et un dans le quartier des Aubiers, à Bordeaux) et cinq hors du dispositif (Lormont, Pessac, Mérignac, La Teste-de-Buch). Le logement étudiant figure également en bonne place au sein de la stratégie de Domofrance. La société veut "se positionner comme le chef de file du logement social jeune sur la métropole bordelaise", plus particulièrement à Pessac (400 logements livrés en 2019), Bordeaux (176 logements cette année) et sur le campus de Dordogne (220 places d'hébergement livrées l'an passé). Sur les 12.900 lits étudiants proposés sur la métropole bordelaise, 8.600 le sont par le Crous et un millier par Domofrance.

Il reste que quelques inconnues planent sur cette feuille de route, liées à un contexte législatif particulier. Le texte du projet de loi logement, baptisé Elan (pour évolution du logement et aménagement numérique), devrait générer de profonds changements. Il devrait être présenté en conseil des ministres vers la fin du mois. Parallèlement, la loi de finances 2018 a imposé la réduction du loyer de solidarité dans le parc social, alors que l'aide personnalisée au logement baissait.

Lire aussi : Le gouvernement veut séduire à nouveau le secteur du logement social

"Ces nouveaux dispositifs ébranlent le modèle des presque 700 bailleurs sociaux en France, convient Philippe Rondot. Nous devons trouver de nouveaux modèles économiques tout en évitant de nous placer dans une posture larmoyante. Réformer est positif."

Domofrance estime que la perte liée à ces dispositifs devrait tourner autour de 13 à 14 millions d'euros en 2020. Parmi les leviers envisagés, hors l'identification de nouveaux modèles économiques, davantage de vente HLM, un travail sur la dette, la mutation des usages digitaux et une baisse des coûts de gestion de 5 M€ sur trois ans. Un équilibre délicat à trouver et qu'il faudra concilier avec "les attentes des territoires et la commande publique. Ces solutions, on les trouvera sans émeutes dans l'entreprise et dans une logique positive pour les villes", certifie Philippe Rondot.

Pas de fatalisme donc, mais une inquiétude exprimée : que le texte de loi "rende quasi-automatique l'attribution des logements sociaux aux publics prioritaires (en situation d'urgence par exemple, NDLR). Dans ce cas, que resterait-il à proposer pour le jeune qui vient de décrocher son premier emploi chez McDo ?" Francis Stéphan pointe de son côté les dangers d'un décrochage de la mixité, déjà relative dans l'habitat social, et les pièges de la ghettoïsation. Le sujet est particulièrement sensible. Sur le seul territoire métropolitain, Domofrance évalue à 32.000 logements jeunes le déficit par rapport à la demande. La société se dit notamment "sensible à l'évolution de la précarité des moins de 30 ans et à leurs difficultés croissantes à trouver un travail et un logement".

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Commentaires 2
à écrit le 13/02/2020 à 15:33
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bonjour; mes obligations de locataires sont tenues depuis que j occupe cet appartement, 10 ANS j en attends de meme de votre part je subis cette situation depuis un temps déja trop long (novembre) et je suis déja très affectée physiquement pa...

à écrit le 12/06/2018 à 19:17
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depuis 6 ans j'ai fait une demande de logement sur bordeaux pour me rapprocher de mon fils .j'habitais à Reims.L'année dernière,année d’élection et plusieurs courriers à des élus j'ai eu une proposition que je n'ai pu accepter car délais de préavi...

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