Les futurs challenges de l'industrie aéronautique

Tous les feux sont au vert pour l'industrie aéronautique : la croissance est au beau fixe, les carnets de commande s'emballent, avec une pression qui ne cesse d'augmenter, dopée par un flot toujours plus important de voyageurs. Mais le secteur se doit d'entamer une mutation profonde. Entre innovation, maitrise des coûts et écologie, quels sont les enjeux de la filière dans les prochaines années ? Pour sa cinquième édition, Bordeaux INP a donné la parole à ses experts à travers une conférence-débat autour du futur de l'aéronautique, le 28 janvier à Talence, animée par La Tribune.
(Crédits : B. Chapard)

Le ciel est toujours aussi bleu pour le secteur de l'aéronautique.

« Plus de 25 000 avions commerciaux (transportant des passagers) parcourent le monde. D'ici 20 ans, la flotte mondiale devra doubler. Le secteur est en croissance partout dans le monde. Il existe aujourd'hui des pays balbutiants comme la Chine mais qui vont devenir des acteurs majeurs et il va falloir faire face à de nouvelles cadences productives tout en prenant en compte les enjeux de sécurité, cybersécurité et la pression écologique, notre secteur générant 2% des émissions mondiales de dioxyde de carbone. Mais au delà de ce contexte, la France doit faire face à trois défis majeurs : rester innovant, compétitif en améliorant notre performance industrielle, sans oublier les enjeux de formation. Chez Sabena Technic, 10% des effectifs sont aujourd'hui entrés en contrat d'apprentissage, c'est une piste », souligne François Doré, directeur général adjoint chez Sabena Technics et grand témoin du débat.

Pour Benoit Le Blanc, directeur de l'Ecole nationale supérieure de cognitique (ENSC-Bordeaux INP), une des questions majeures à aborder pour augmenter la performance, réside dans « le développement d'une expérience utilisateur pour englober toutes les interactions avec les usagers et dans le développement de l'intelligence artificielle. L'IA peut contribuer à une meilleure efficacité en termes de coûts, de délai ou de qualité. Les deux grandes voies sont à chercher dans les outils connectés et les jumeaux numériques. » Même si les applications de l'IA restent aujourd'hui au sol, appliquées aux technologies de production avec par exemple l'automatisation des tâches répétitives, c'est toutefois cette complémentarité homme machine qui est au cœur de la réussite de cette mutation. Pierre Fabrie, directeur de l'Enseirb-Matmeca-Bordeaux INP, estime que le fer de lance de cette industrialisation va de pair avec une digitalisation plus accentuée des usines, de celle qu'a pu connaître l'industrie automobile : robotisation, optimisation des ressources et des flux, capteurs, maintenance prédictive... « c'est le robot sera le plus à même d'améliorer les capacités de production ».

Sur les enjeux du développement durable, une évolution stratégique est à prévoir avec 3 axes de réflexion selon Isabelle Gosse, directrice de l'ENSCBP-Bordeaux INP : « Plusieurs leviers ont été identifiés afin d'améliorer la performance environnementale :  la substitution d'une partie du kérosène par un carburant alternatif fabriqué à partir de végétaux, rendre les avions plus légers pour limiter le gaspillage énergétique (travail sur les matériaux composites), réfléchir à la chaine de construction, de la fabrication à jusqu'à la phase de démantèlement et de recyclage. »

Bordeaux INP compte 200 enseignants-chercheurs, neuf écoles d'ingénieurs et une politique de développement basée sur le transfert de technologie et 900 ingénieurs. 20 % des étudiants diplômés de l'Enseirb-Matmeca-Bordeaux INP chaque année trouvent un emploi dans le secteur de l'aéronautique sur des métiers divers. « Il y a une belle vitalité sur notre territoire de Nouvelle Aquitaine, avec environ 500 entreprises qui travaillent dans le secteur aéronautique et nous avons besoin de personnel formé », lance François Doré. Concernant ces enjeux de formation, Loïc Lavigne, directeur de la dernière née des écoles de Bordeaux INP, l'ENSPIMA-Bordeaux INP, dédiée à a maintenance aéronautique, avoue avoir du mal à recruter des bacheliers. « Le programme de notre école a été créé avec 30 entreprises de l'aéronautique et 45 % de nos intervenants sont des partenaires industriels, nous sommes ancrés dans le monde socio-économique, et nous travaillons sur les nouveaux enjeux selon les principes de l'industrie 4.0, les outils connectés et le big data. Nous sommes dans les prémisses de toute cette logique. » Big data, robotisation, intelligence artificielle, innovations écologiques : si l'aéronautique sort de sa zone de confort, Bordeaux INP compte bien relever ces défis majeurs en terme de formation et de ressources humaines...

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