Vinexpo : Guillaume Deglise quitte la direction générale

Actionnaire majoritaire de Vinexpo, la Chambre de commerce et d'industrie de Bordeaux Gironde a annoncé le départ dans quelques semaines de Guillaume Deglise. Le directeur général du salon professionnel international des vins et spiritueux était en poste depuis cinq ans. La relance de l'événement à Bordeaux en 2019 et la première déclinaison à Paris en 2020 se feront donc sans lui.
Guillaume Deglise quittera la direction générale du groupe Vinexpo dans quelques semaines

Guillaume Deglise quittera Vinexpo après l'édition d'Hong Kong qui aura lieu du 29 au 31 mai 2018. Le directeur général était arrivé aux commandes il y a 5 ans dans un contexte économique encore fragile avec une mission à multiples tiroirs : repousser une concurrence des autres salons professionnels mondiaux dédiés aux vins et spiritueux qui se renforçait ; remettre les acteurs de la filière viti-vini au cœur de l'événement et faire revenir certains gros qui s'en étaient détournés ; accélérer le développement international et renouer le lien avec le centre-ville de Bordeaux, quelque peu délaissé par l'événement qui se tient en périphérie, au Parc des expositions.

Cinq ans après son arrivée, Guillaume Deglise laisse un bilan contrasté. A son crédit, la filiale Vinexpo Overseas, chargée du développement international, n'a pas manqué d'ouvrage avec des éditions en Asie, le lancement du concept Vinexpo Explorer avec des événements plus resserrés dans les vignobles de par le monde... Des efforts importants ont été entrepris pour offrir davantage de services aux entreprises lors de Vinexpo Bordeaux, cœur du réacteur, et leur garantir un meilleur retour sur investissement. "L'axe du business, mis à mal lors des dernières éditions, est redevenu la priorité de nos équipes", disait ainsi Guillaume Deglise en 2017. L'édition bordelaise, qui a lieu tous les deux ans, a aussi changé de format, passant de 5 à 4 jours, et glissera du mois de juin au mois de mai en 2019. L'opus bordelais 2017 a également permis de mettre davantage en avant que par le passé les différents enjeux de la filière, dans l'optique de positionner Vinexpo sur deux tableaux : un rendez-vous BtoB mais aussi un point de rencontre pour tous ceux qui réfléchissent à l'avenir de la filière.

Pour autant, l'édition 2017 bordelaise (16 M€ de CA) avait accueilli "seulement" 2.300 exposants et 40.000 visiteurs, un total en baisse de 11 % par rapport à 2015. A comparer à Prowein, à Düsseldorf en Allemagne, qui est aujourd'hui le n°1 incontesté des salons avec 6.870 exposants de 60 pays et 60.000 visiteurs professionnels en mars dernier.

"Guillaume Deglise ayant rempli les objectifs définis conjointement avec la Chambre de commerce et d'Industrie de Bordeaux Gironde lors de sa prise de fonction, de nouveaux challenges professionnels l'attendent désormais", indique la CCI dans un communiqué. "Sous sa direction, l'entreprise a réussi le redressement de Vinexpo Bordeaux et le fort développement de Vinexpo Hong Kong, leader des événements du secteur des vins et spiritueux en Asie. Le lancement des salons de Tokyo (2014), New York (2018) et Paris (prévu en 2020), ainsi que du concept de convention d'acheteurs, Vinexpo Explorer, sont également à mettre à son crédit."

Bordeaux 2019, Paris 2020

"Nous saluons le professionnalisme et le leadership de Guillaume Deglise, qui a réussi le développement de la marque Vinexpo dans un secteur très concurrentiel", ajoute Patrick Seguin, président de la CCI de Bordeaux Gironde, lui adressant "tous ses vœux de succès dans ses prochaines fonctions". De son côté le bientôt ex-DG juge "enrichissantes" ces "5 années passées à la tête de Vinexpo, au contact des vignerons, du négoce et des acheteurs de la filière".

Juste avant son élection à la présidence de la CCI Bordeaux Gironde, Patrick Seguin avait prévenu que la chambre consulaire allait s'impliquer davantage dans Vinexpo :

"La chambre ne doit plus être présente en tant que simple acteur institutionnel et ses élus, chefs d'entreprises, doivent davantage s'impliquer dans les process de nos filiales. Prenons le cas de Vinexpo : la CCI de Bordeaux Gironde en est actionnaire à 98 % et pourtant nous nous y comportons comme un simple administrateur parmi d'autres. Pour 2017, le coup est parti mais je souhaite que la feuille de route soit revue pour l'édition 2019, qui devra être extraordinaire. Pour Vinexpo aussi le paysage a changé et la concurrence est apparue", expliquait-il à La Tribune.

Le prochain directeur général, qui est en cours de recrutement, devra donc piloter une nouvelle édition de relance à Bordeaux en 2019 et la première édition parisienne en janvier 2020. Ce dernier événement a été décidé après la lecture des conclusions d'un audit externe réalisé à l'issue de l'édition 2017 à Bordeaux, qui avait pointé des manques importants : difficultés d'accès en transport, événement trop peu visible en ville, logements trop peu nombreux et trop chers, et nécessité d'une présence en France chaque année.

"Que Vinexpo soit dans la logique de se développer dans d'autres villes, c'est normal, d'autant plus que la marque est très forte, juge un acteur bordelais de la filière qui requiert l'anonymat. Je suis plus dubitatif sur le fait que Vinexpo donne le sentiment de se désolidariser de Bordeaux et de sa filière locale. Toutes les nouveautés récentes ont été éloignées du vignoble alors que c'est justement ce qui est l'élément différenciant de Vinexpo contre lesquels les autres salons ne pourront pas lutter : les visites dans les châteaux, dans les locaux des acteurs... Dans ce cadre, je ne vois pas trop l'intérêt du futur salon parisien. Je connais aussi plusieurs entreprises qui, pour le prix d'un grand stand à Vinexpo, préfèrent réduire leur présence sur le salon mais organiser chez eux de grands raouts avec leurs clients et prospects, à leur manière, en profitant de l'afflux de visiteurs générés par ce salon qui reste, quoi qu'on en dise, une belle manifestation. Peu de capitales viticoles peuvent se prévaloir d'un tel événement."

"J'ai le sentiment que Guillaume Deglise a essayé d'apporter un autre regard après que l'institution Vinexpo Bordeaux ait longtemps été piloté par la même équipe, souligne un autre acteur du monde du vin contacté par La Tribune. La difficulté de ce rendez-vous est de réussir à faire la promotion des vins du monde tout en mettant en valeur le Bordelais. Un vrai travail de Sisyphe !  Parallèlement, Prowein en Allemagne va de mieux en mieux alors qu'à Bordeaux, de plus en plus de clignotants s'allument. Vinexpo Bordeaux s'est fait prendre la place de leader qu'elle n'aurait jamais dû perdre. Quand j'en discute avec des confrères étrangers, j'entends souvent qu'ils ne voient de raison forte d'aller à Vinexpo Bordeaux. Les plus puissants disent, s'ils y vont, que c'est pour se faire plaisir et s'ils n'y vont pas, que le plaisir ne vaut pas l'investissement. Les petits craignent l'image luxe accolée au vignoble bordelais, pourtant bien éloignée de la réalité."

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