Aquitains d’ailleurs : à vélo dans les ruelles de Jaipur

Qui l'eût cru ? Deux jeunes Françaises proposent de visiter à deux-roues la capitale du Rajasthan, en Inde, aux aurores, bien avant que la ville ne soit paralysée par des embouteillages monstres. Eléonore et Ophélie sont inséparables depuis leur enfance passée chez leurs grands-parents à Siorac-en-Périgord.
Ophélie, à gauche, et Eléonore : "On va à vélo dans la vieille ville, à la rencontre des Indiens."

C'est le premier contact et il est déroutant. Jaipur, six millions d'habitants, une circulation infernale, un chaos de voitures, camionnettes, rickshaws, cyclomoteurs et vélos à l'arrêt, klaxon bloqué. Même à pied, se frayer un passage pour traverser une rue relève de l'exploit. Et pourtant la capitale du Rajasthan mérite qu'on dépasse ces premières impressions. C'est ici que deux Françaises, Eléonore et Ophélie, ont créé il y a quatre ans des tours de Jaipur... à vélo !

"On roule très tôt le matin, entre 6 h 45 et 10 h, explique Éléonore, à un moment où le trafic est faible. On va dans la vieille ville, à la rencontre des Indiens, on visite des marchés, on entre dans les maisons, on prend un petit-déjeuner dans une famille indienne avec des vaches dans le couloir. On va vraiment dans des endroits où les gens n'iraient jamais seuls."

Les deux jeunes femmes sont tombées sous le charme de Jaipur lors d'un voyage au long cours à travers toute l'Inde.

Dans une niche

Ophélie Teyssandier connaissait le pays pour y avoir passé une année pendant ses études, dix ans plus tôt. En poste ensuite à la mairie de Bordeaux, elle ne pensait qu'à une chose : repartir.

"Il y a une ambiance très stimulante ici, une jeunesse très active. En travaillant en France, j'avais le sentiment d'être dans des procédures très lentes, surtout dans l'administration, ce qui ne convenait pas du tout à l'énergie que j'avais et me rendait malheureuse."

Eléonore Gaspanidelet termine elle alors un contrat comme assistante de production dans le cinéma et la rejoint. L'idée leur est venue de tours à vélo organisés dans la vieille ville de Delhi.

"Il fallait que ce soit un concept très innovant pour que ça fonctionne parce que tout existait déjà en matière de tourisme à Jaipur. Il fallait vraiment s'installer dans une niche. Les agences nous ont suivies. Pour elles, ce genre d'activités, ce sont des pépites."

Les deux Françaises n'ont pas investi des fortunes dans le projet : 15 vélos à 50 € pièce au départ, 35 aujourd'hui, hébergés par un hôtel. Guides, assistants, réparateurs : elles emploient une petite dizaine de locaux, une équipe précieuse. Le plus difficile en Inde, c'est de recruter les bonnes personnes :

"On a appris la patience, témoigne Éléonore. Ils ont cette capacité de ne rien pouvoir gérer, on se dit : ''ça va être une catastrophe'', et à la dernière minute tout est réglé. Ils sont surprenants !"

Leur Gange à elles

L'histoire d'Ophélie et d'Eléonore, c'est celle de deux copines, depuis le berceau. Elles ont passé ensemble tous les étés de leur enfance chez leurs grands-parents dans le petit village de Siorac-en-Périgord.

"On est très proches, on a la même façon de penser. Travailler toutes les deux, ça nous a aidées, parce qu'être une femme seule, monter une entreprise en Inde, ce n'est pas non plus facile tous les jours."

Elles ont 30 ans, des projets, la vie devant elles. Et n'oublient pas la Dordogne, "ce sont nos racines, un peu notre Gange à nous, où nous venons nous purifier chaque année, en beaucoup plus propre que le vrai !".

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