Comment Paypal veut entrer dans le quotidien des Français

Fondé il y a 18 ans, le géant du paiement en ligne cherche à s'affranchir de cette seule activité et entend mieux accompagner les startups françaises. De passage à Bordeaux, Sophie Ancely, directrice Cross Border Trade PayPal pour la zone CEMEA, et Francis Barel, Head of market growth, présentent pour La Tribune leur stratégie.
Sophie Ancely et Francis Barel

Quels sont les chiffres de Paypal en France ?

Francis Barel (Head of market growth Paypal France) : "Nous comptons 7 millions d'utilisateurs actifs et 45.000 sites e-commerces partenaires, sur les 184 millions d'utilisateurs et 14 millions de sites recensés au plan mondial. Concernant l'entreprise elle-même, nous comptons une centaine de personnes en France, de 28 nationalités et couvrant 150 pays, essentiellement sur des fonctions marketing dans la zone CEMEA."

Quelles sont vos relations avec les startups, et notamment les fintechs ? Les voyez-vous comme de potentielles rivales, comme des cibles d'acquisition, comme des partenaires ?

Francis Barel : "La question de la confidentialité des données est centrale chez Paypal, aussi nous sommes plutôt dans un schéma d'acquisition que dans une prise de participation, quand l'opportunité se présente. Nous n'avons pour le moment pas encore racheté de startups françaises mais au vu de leur qualité, pourquoi pas ? J'ai tendance à dire que si l'Angleterre est la capitale européenne des fintechs, la France est la capitale de l'économie du partage.
Au-delà de ces questions, l'une de mes missions est justement d'accompagner l'émergence des startups et de leurs écosystèmes. Nous pouvons ainsi les suivre lors de leur lancement avec des tarifs très bas et faisons beaucoup de coaching."

Sur quels sujets les coachez-vous ?

Francis Barel : "A travers des workshops et du mentoring, j'aborde plusieurs points : comment attirer des clients bien sûr, mais aussi comment convertir ces visites en achats et comment piloter l'après-vente, qui est un sujet souvent négligé par les startups. La gestion de la relation clients après la vente n'est pas un thème auquel les dirigeants de jeunes pousses pensent spontanément mais il est pourtant fondamental. La somme de ces trois éléments aident les startups à grandir."

"Paypal est un acteur neutre, agnostique"

Il est intéressant de noter que si Paypal existe depuis 18 ans maintenant et a grossi jusqu'à devenir le géant que l'on connaît, les acteurs bancaires traditionnels semblent se préoccuper seulement maintenant du risque de désintermédiation qui les menacent, avec l'émergence des fintechs. Comment l'expliquez-vous ?

Francis Barel : "J'ai coutume de dire que Paypal est la première fintech née au monde. Depuis, nous avons beaucoup évolué en dépassant le stade du simple bouton de paiement en ligne, en travaillant sur la sécurisation des transactions qui est fondamentale, en cherchant à toujours fluidifier les achats. Nous nous positionnons comme un acteur neutre, agnostique, au sens où nous sommes multi-supports, multi-devises. Paypal est né online donc gérer le web est dans notre cœur de métier. Pour des acteurs qui ne sont pas dans notre cas, un temps d'apprentissage est nécessaire et le mouvement des fintechs est à découvrir. Tout va tellement vite ! Nous avons compris que même nous, nous avions besoin d'être continuellement vigilants à de continuer à innover, notamment dans le mobile."

Sortir du giron d'eBay en 2015 vous a-t-il aidé ?

Francis Barel : "Cela nous a sans doute permis de discuter avec des sociétés qui considéraient eBay comme un concurrent, oui."

Sophie Ancely, directrice Cross Border Trade PayPal pour la zone CEMEA : "La sortie du giron d'eBay a effectivement été un véritable tournant. Paypal a un passé, une force liée à ses 15.000 salariés, c'était l'occasion d'un nouveau départ."

Quelles sont les ambitions de Paypal en France ?

Francis Barel : "Elles sont doubles. Le premier volet est de se rendre plus "relevant", plus légitime, dans le quotidien des Français. Nous avons déjà une belle notoriété mais elle est essentiellement liée au paiement sur Internet, et nous devons encore la travailler. Les idées ne manquent pas. Nous avons par exemple lancé des bracelets "cashless" qui permettent aux festivaliers de régler leurs achats de manière sécurisée sans avoir à posséder de l'argent liquide sur eux ou à utiliser un téléphone portable. Pas de risque de batterie déchargée, de carte bancaire perdue... Ce système, nous ambitionnons de le développer également dans les parcs d'attraction par exemple. Nous travaillons beaucoup sur la question de la mobilité."

Sophie Ancely : "Nous pouvons effectivement nous développer dans le tourisme, le voyage. L'autre point-clé de notre stratégie est bien sûr le retail et l'accompagnement des sites Internet partenaires dans leur croissance, notamment internationale. Il est intéressant de noter que selon notre dernière étude, réalisée auprès de 1.200 commerçants des États-Unis, de France, d'Allemagne, d'Italie, d'Espagne et du Royaume-Uni, 64 % vendent à des clients étrangers. Ce chiffre est plutôt une bonne nouvelle. Les e-commerçants français interrogés réalisent 69 % de leur chiffre d'affaires international dans les frontières européennes. Et 50 % des acheteurs français achètent sur des sites étrangers."

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