Aquitains d’ailleurs : Hervé Corvest, dans l'Oman de l'après-pétrole

Depuis bientôt un demi-siècle, le petit sultanat vit dans l'opulence grâce aux revenus de l'or noir. Mais la chute des cours montre l'urgence de réfléchir à d'autres sources de revenus, comme le tourisme. Hervé Corvest est aux premières loges de ce virage qui s'annonce. Le Palois dirige le plus ancien hôtel de Mascate.
Hervé Corvest sur la terrasse du Crowne Plaza : "Il y a un grand respect de la population d'Oman pour le sultan."

C'est un énorme paquebot blanc échoué en surplomb du front de mer, comme déposé là un jour de grande tempête. Le Crowne Plaza est le plus ancien hôtel de Mascate. Il y a 40 ans, on avait choisi le meilleur emplacement. C'est le Palois Hervé Corvest qui dirige l'établissement :

"Au départ, explique-t-il, Oman était un pays désertique. En un demi-siècle, le sultan Qabous a développé le pays d'une façon exceptionnelle, que ce soit pour l'éducation, la médecine ou l'alimentation, et en même temps, lui conserver son authenticité. Il y a un grand respect pour le sultan."

L'argent vient de l'or noir. Les échangeurs, les autoroutes éclairées en plein désert, les écoles, pas d'impôt, tout ça c'est grâce au pétrole. Mais jusqu'à quand ?

"Ce focus date des années 70, rappelle Hervé Corvest. Les réserves de pétrole, mais aussi de gaz, sont importantes. Le problème, avec la baisse des cours, c'est que c'est de moins en moins rentable de l'extraire, d'autant que la qualité et les quantités sont moindres qu'en Arabie saoudite ou qu'au Qatar."

S'ouvrir au tourisme

A Oman, on pratique l'islam ibadite, réputé tolérant. Ici, le quart de la population est né à l'étranger : des Indiens, des Européens et du Moyen-Orient, des pays du Golfe. Rien qu'à l'hôtel, il y a vingt nationalités !

"Les gens ont tous un haut certain niveau d'éducation. Les relations sont très bonnes avec les expatriés. C'est un pays en plein essor, c'est pour cela qu'ils ont besoin de cette main d'œuvre étrangère."

Depuis quelques années, le sultanat s'est donc ouvert au tourisme. A l'hôtel, autour de la piscine, on croise un mélange de familles et d'hommes d'affaires. La saison s'étire d'octobre à avril.

"Les gens viennent surtout pour le désert, la mer et les wadis, ces canyons spectaculaires typiques d'ici. Il y a aussi un centre de recherche sur la ponte des tortues et des montagnes à 3.000 mètres d'altitude, avec des points de vue phénoménaux."

Route des Indes

Hervé Corvest a grandi à Lescar, dans le Béarn. Après des études de droit à Pau, il s'oriente vers le tourisme et part faire une école de management hôtelier en Suisse. Il a travaillé en Europe, en Egypte et au Liban puis à Oman. Pour les affaires de l'hôtel, il aimerait que l'image du sultanat s'améliore :

"Ils ont une frontière commune avec le Yémen, ce n'est pas forcément une bonne publicité. Toute la zone est assez tumultueuse. Ça fait baisser la fréquentation touristique."

Il veut croire à un avenir plus souriant. Le pays a tant à offrir. Hervé Corvest est intarissable sur la gentillesse des habitants. Il vit là-bas depuis treize ans. Ses enfants sont en Allemagne. Quand il a des repos, il part en bateau à la pêche au gros dans les eaux du golfe d'Oman, juste en face. Il reconnaît que ce qui lui manque, ce sont les superbes journées ensoleillées sur les Pyrénées, sur la côte basque ou les Landes... et la cuisine du Sud-Ouest de sa mère.   

Lui écrire : [email protected]
Emmanuel Langlois : [email protected]

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