Aquitains d’ailleurs : il dirige la filiale de PSA en Ukraine

Beaucoup de multinationales ont plié bagages, inquiètes des bruits de chars et des bruits de bottes en Crimée. Mais Peugeot-Citroën est toujours présente à Kiev. Loïc Sibrac, Bordelais très tôt passionné par la Russie et l'Europe de l'Est, anime un réseau de 40 employés et 50 concessionnaires.
Loïc Sibrac et sa compagne Inga à Kiev : "L'Ukraine est un marché important, à la frontière entre l'Europe et l'Asie."

Travailler dans un pays en guerre. Certes, le front n'est limité qu'à l'est. Kiev, la capitale de l'Ukraine, est une ville comme les autres. Mais le conflit a des conséquences. Loïc Sibrac tient bon pourtant. Responsable de la filiale distribution de Peugeot-Citroën, le Français continue d'animer son réseau fort de 50 concessionnaires. Les deux marques représentent 4 à 5 % du marché automobile.

"L'Ukrainien adore sa voiture, témoigne-t-il. Ça lui donne un statut, c'est un symbole de liberté. Le client s'identifie à la voiture qu'il achète : elle le représente, lui donne une certaine personnalité, une prestance."

Du coup, les acheteurs sont prêts à d'incroyables sacrifices financiers et les marques tricolores, Peugeot, Citroën et Renault, sont dans la course.

"Les voitures françaises ont un capital sympathie, en particulier le haut de gamme, avec l'idée du luxe à la française, comme la marque DS qu'on représente ici."

Une bonne partie des sociétés étrangères ont souvent quitté l'Ukraine et seules les ONG remplissent aujourd'hui les hôtels de Kiev. Mais le Français veut y croire :

"Ça reste un marché potentiel évident, aux portes de l'Europe, à la frontière avec l'Asie. "Krai" en russe, c'est la frontière, une idée importante ici."

Loïc Sibrac a 48 ans et avance que les Ukrainiens de son âge rêvent d'envoyer leurs enfants à l'étranger.

"Mais ça ne se fait pas sur un coup de dés. Seule la classe dominante peut s'offrir un appartement à Londres ou payer une université."

De fait, les salaires sont bas. Son épouse, Inga, russo-ukrainienne, juriste de  formation, a renoncé à chercher un job payé 300 euros par mois.

Entre optimisme et réalisme

Le couple habite dans le centre de Kiev, dans un appartement en location. Loïc Sibrac y vit depuis sept ans. Né à Bordeaux, le jeune homme se lance après le bac dans une prépa au lycée Grand Lebrun. Il est reçu à l'ESC Rouen. Nous sommes en 1988. Il apprend le russe, par goût. Après son service militaire, il est tout de suite embauché chez PSA.

"J'étais dans le contrôle de gestion à l'international, se souvient-il. Puis j'ai eu des opportunités en Russie. L'automobile, ce sont des métiers passionnants. On crée des relations sur le long terme, 40 ans, plusieurs générations, avec les concessionnaires."

Kiev n'est qu'à 2 h 1/2 de Paris par avion. Loïc Sibrac rentre en moyenne une fois par an dans le Sud-Ouest. Sa famille a toujours un pied à terre au Pyla.

"Pour trouver la mer ici, il suffit d'aller à Odessa - mais pour un Bordelais, ce n'est pas l'océan ! - en attendant de retrouver l'Atlantique."

Comme toute la population ici, le couple ne sait pas de quoi demain sera fait en Ukraine. Loïc Sibrac balance entre optimisme et réalisme. Et veut croire que le pays a touché le fond et ne demande qu'à remonter à la surface. Reste à savoir quand.

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