A Bordeaux Métropole, les élus défendent le commerce de proximité

Comme d'autres élus locaux, Pierre Hurmic, maire de Bordeaux, et Alain Anziani, président de Bordeaux Métropole, appellent le gouvernement à réexaminer les dispositions prises pour le reconfinement qui pénalisent les commerces de proximité. Aucun de ces deux avocats n'appelle cependant les commerçants à ouvrir malgré les interdictions.
Pierre Hurmic, maire de Bordeaux, et Alain Anziani, président de Bordeaux Métropole
Pierre Hurmic, maire de Bordeaux, et Alain Anziani, président de Bordeaux Métropole (Crédits : Agence APPA)

Vendredi 30 octobre, Pierre Hurmic, maire (EELV) de Bordeaux, a tout d'abord rappelé l'importance du respect des nouvelles règles sanitaires liées au reconfinement. Expliquant qu'il était en contact régulier avec l'Agence régionale de la santé (ARS) pour suivre l'évolution de la pandémie.

"Nous avons créé une cellule de crise pour mobiliser les services municipaux afin de décliner les mesures nationales et l'accompagnement de la population. Avec trois priorités : l'application rigoureuse des mesures sanitaires dans les services publics, qui resteront ouverts, mais aussi une attention portée aux plus démunis, qu'il s'agisse de jeunes précaires ou de personnes âgées, et enfin un soutien à l'économie locale, aux acteurs sportifs, culturels et associatifs", a déroulé en substance le premier magistrat.

Ce dernier a également annoncé une relance du travail de médiation dans les quartiers populaires, comme le Grand Parc, en s'appuyant sur les jeunes volontaires du Service civique pour faciliter la distribution de l'aide alimentaire, en cas de besoin.

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Contradictions sur la défense du commerce de proximité

Un programme de bon aloi qui ne pouvait pas ne pas contenir une certaine quantité de contradictions avec des mesures nationales, dont la trame se présente comme un catalogue de dispositions économiques à la cohérence parfois difficilement lisible. Fidèle à sa démarche Pierre Hurmic, qui entend privilégier les circuits courts et sauver les commerces de proximité, a préparé une affichette surtitrée "Covid-19, inversons la tendance", avec une grosse accroche centrale sans ambiguïté disant "Faites vos achats près de chez vous".

Facile à dire mais plus difficile à faire dans la mesure où les petits commerçants non-alimentaires sont pour la plupart condamnés à fermer leurs portes alors même que les grandes surfaces, y compris au centre-ville de Bordeaux, comme la Fnac, sont autorisées à les ouvrir.

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Une absence ce concertation qui menace les commerces

Cet enjeu qui secoue tout le pays, en particulier avec la fermeture des librairies, qui sont classées, comme dans un mauvais film de science-fiction, en tant que "commerce non essentiel", n'a pas échappé au maire de Bordeaux. Pierre Hurmic, qui a annoncé l'adoption par la mairie d'un budget de soutien à l'activité économique le 30 octobre, sans pour autant mentionner de montant. Il a cosigné le lendemain, avec 49 autres maires, le courrier de l'association France urbaine adressé au Premier ministre Jean Castex réclamant une égalité de traitement entre commerces de proximité et grandes surfaces commerciales.https://nitter.fdn.fr/pic/media%2FElrITxiXIAYfBZI.jpg%3Fname%3Dsmall

Alain Anziani, maire de Mérignac et président (PS) de Bordeaux Métropole, également signataire de ce courrier, n'entend pas non plus rester inactif.

"Force est de constater que malgré leurs engagements de gestion territoriale de l'épidémie, le président de la République et le gouvernement ont décidé de mesures applicables à l'ensemble du territoire sans concertation préalable. De fait, la nouvelle obligation de fermeture de vos établissements menace la survie de votre activité. Dans ces moments difficiles, je tiens à vous apporter mon profond soutien", déclare le patron de la Métropole à l'adresse des commerçants et entrepreuneurs concernés.

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Eviter toute résistance inutile et potentiellement coûteuse

En avocat chevronné, Alain Anziani, le président de Bordeaux Métropole avertit cependant que les arrêtés pris par des maires autorisant l'ouverture des magasins seront inévitablement annulés pour incompétence sans même que le juge administratif ne se prononce sur le bien-fondé des arguments avancés. Et que de tels arrêtés ne protègent pas les magasins qui risquent une sanction ainsi qu'une fermeture administrative. Un choix pourtant fait par Franck Raynal, le maire de Pessac, qui a signé ce 31 octobre "un arrêté municipal à valeur hautement symbolique marquant le soutien de la ville à ses commerces de proximité qui font vivre les cœurs de ville, et autorisant l'ouverture des commerces non-alimentaires."

Pierre Hurmic, un autre avocat, comme Alain Anziani, aux côtés de l'Association des maires de France (AMF) et de France Urbaine, qui regroupe les intercommunalités et les grandes villes, demandent seulement au gouvernement de réexaminer ces mesures. Ce dernier a confirmé, dimanche 1er novembre, que pour une raison d'équité les rayons non-essentiels des grandes surfaces devront fermer dès ce 3 novembre.

A noter, que les Chambres de commerce et d'industrie de Nouvelle-Aquitaine, la CPME et le Medef régional ont également appelé le gouvernement à faire bouger les lignes pour ne pas trop pénaliser les petits commerces. La CCI de Nouvelle-Aquitaine considère ainsi que "la fermeture imposée aux commerces dits non-essentiels constitue une inéquité et une injustice insoutenables alors que les entreprises de l'e-commerce, tout comme les commerces généralistes vendent sans restriction". De son côté, le Medef regrette "des injonctions parfois contradictoires" et demande au gouvernement de "faire notamment confiance aux dirigeants pour aménager le recours au télétravail dans leur entreprise sans brandir la menace de sanctions, et de permettre que les autorisations d'ouverture consenties ne soient pas contraires aux règles de concurrence et de liberté d'entreprendre." Enfin, l'association la Ronde des Quartiers, qui fédère les artisans et commerçants du centre-ville de Bordeaux, relaie l'appel de la CAMF (association des commerçants et artisans des métropoles de France) demandant "la réouverture immédiate des commerces de moins de 1.000 m2 avec un protocole sanitaire renforcé".

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Commentaire 1
à écrit le 03/11/2020 à 6:56
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La CPME a été la première organisation patronale à demander au niveau national le traitement équitable entre les commerces de proximité et les grandes surfaces. Elle a aussi demandé la réouverture des petits commerces, puisque ce sont eux, qui, en pr...

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