
"Les chefs d'entreprise sont souvent débordés par la paperasse avec l'Urssaf, la MSA, l'ex-RSI... Nous, nous avons des contacts directs dans ces structures. C'est vraiment un atout car cela permet de gagner du temps. Beaucoup de TPE et de PME ont du mal avec le langage administratif et les modes de calcul. Sans accès direct à ces structures, ça devient vite très complexe. Cette capacité à dialoguer en direct, nous a par exemple permis de faire économiser 12.000 euros de prélèvements à un chef d'entreprise en 2019" illustre Franck Dupouy, avocat d'affaire et président du Centre d'information sur la prévention des difficultés des entreprises (CIP) de Marmande (Lot-et-Garonne/Nouvelle-Aquitaine).
Un trio d'experts pour être au plus près du problème
Destiné à prévenir les problèmes des entreprises, le CIP propose aux dirigeants qui commencent à être en difficulté des rendez-vous gratuits et confidentiels, pour les orienter vers les meilleures solutions. Le terrible impact économique de la crise sanitaire du Covid-19, qui frappe actuellement les salariés les plus fragiles, devrait se solder d'ici fin 2020 début 2021 par une vague de dépôts de bilan dont le gouvernement veut réduire l'ampleur au maximum.
C'est dans ce contexte que le Garde des Sceaux a remis en septembre dernier la focale sur le CIP. L'objectif est d'apporter plus de soutien aux chefs d'entreprise pour réduire le volume des liquidations sèches et de désengorger les tribunaux de commerce.
"Un premier tri des demandes est fait par le secrétariat du CIP. Et puis en fonction de la demande, le CIP va appeler tel ou tel expert, qui viendra participer à l'une des réunions que nous organisons chaque jeudi matin pour les chefs d'entreprises. Le CIP s'appuie sur un trio d'experts formé d'un avocat, d'un expert-comptable et d'un ancien juge consulaire » détaille Franck Dupouy.
Ceux qui consultent le CIP contents de leur effort
L'avocat souligne que ces réunions sont absolument confidentielles et que les chefs d'entreprise en difficulté ne doivent pas craindre de faire appel à cet outil, qui n'existe que pour traiter préventivement leurs problèmes.
En plus des experts qui se penchent sur les dossiers, le CIP de Marmande a noué plusieurs partenariats, en particulier avec l'association 60.000 rebonds, qui aide notamment les chefs d'entreprises à rebondir avec un dépôt de bilan. Le CIP est aussi en contact avec des structures d'aide psychologique, comme l'association Apesa (Aide psychologique aux entrepreneurs en souffrance aigüe).
"Le problème c'est que les gens ne viennent pas par ignorance, par pudeur, et qu'à cause de cela beaucoup de dirigeants passe à côté de l'aide que l'on aurait pu leur apporter. C'est d'autant plus vrai, que les chefs d'entreprise que l'on a pu aider sont contents de notre intervention. Les réunions durent une heure ou deux, parfois une demi-heure. Ensuite le dossier est traité en détail par les experts concernés" éclaire Franck Dupouy.
Zéro dossier traité au premier semestre
Le président du CIP de Marmande ne cache pas que l'année 2020 sera une "annus horribilis" qui va laisser des traces.
"Il y a eu un avant et un après Covid-19, ou plutôt confinement. Avant la pandémie nous avions beaucoup de dossiers de commerçants locaux, qui avaient des problèmes. Depuis six à neuf mois, avec les arrêts d'activité, et le chômage partiel nous avons beaucoup moins de dossiers à traiter. Les gens se recroquevillent sur eux-mêmes, ils ne sont pas à l'aise. Faites-le savoir, le CIP c'est gratuit et confidentiel. Nous ne faisons pas de miracles mais nous sommes utiles" défend Franck Dupouy.
En 2019 le CIP de Marmande a reçu une trentaine de chefs d'entreprise. Mais au mois de juin aucun d'eux ne s'était rendu à l'une des réunions du centre de prévention marmandais.
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