Pierre Hurmic élu maire de Bordeaux

L’écologiste Pierre Hurmic a été élu maire de Bordeaux par le conseil municipal ce vendredi 3 juillet 2020, lors de la séance d’installation délocalisée à l’auditorium pour raison sanitaire. Le nouvel édile déclare "l'état d'urgence climatique", entend faire de Bordeaux "un modèle de développement responsable, écologique et solidaire" et confirme qu'il lancera un audit financier de la collectivité dans les prochaines semaines.
L'écologiste Pierre Hurmic a été élu maire de Bordeaux par le conseil municipal vendredi 3 juillet 2020.
L'écologiste Pierre Hurmic a été élu maire de Bordeaux par le conseil municipal vendredi 3 juillet 2020. (Crédits : Thibaud Moritz / Agence APPA)

Après avoir remporté le second tour de l'élection municipale le 28 juin, l'avocat écologiste Pierre Hurmic, élu d'opposition depuis 1995, a été officiellement élu maire de la ville de Bordeaux jusqu'en 2026. Le nouveau maire a recueilli 48 bulletins sur 65, contre trois à Philippe Poutou, pour la liste Bordeaux en luttes, et 14 bulletins blancs, correspondant aux élus d'Union pour Bordeaux, la liste du maire sortant Nicolas Florian. Les adjoints et leurs délégations respectives ainsi que les maires de quartier seront désignés vendredi 10 juillet.

"Un modèle de développement responsable, écologique et solidaire"

"Je mesure le poids de la mission qui m'a été confiée. Je veux remercier les Bordelaises et Bordelais qui m'ont apporté leurs suffrages. Ce fût une campagne unique, exceptionnelle interrompue par une crise sanitaire majeure et tout aussi exceptionnelle. Je veux saluer mes concurrents [...], la compétition fut rude mais je veux inscrire nos débats futurs dans un climat de démocratie vivante et apaisée. Je connais l'ingratitude de la place de l'opposition pour l'avoir occupée pendant de nombreuses années et je m'assurerai qu'elle soit pleinement reconnue", a déclaré Pierre Hurmic pour ses premiers mots en tant que maire de Bordeaux. Il confiera la présidence de la commission des finances à un membre de l'opposition et lancera un audit financier de la ville.

Pierre Hurmic

L'élection de Pierre Hurmic, le 3 juillet 2020. (crédits : Thibaud Moritz, Agence APPA).

L'élu écologiste a ensuite succinctement brossé les grandes lignes de son action dans les prochaines semaines :

"Nous avons fait de la réponse à apporter au défi climatique notre première priorité. Nous déclarerons l'état d'urgence climatique et nous prendrons rapidement des mesures qui iront dans ce sens [...]. Nous serons vigilant à ce que l'impératif climatique irrigue toutes nos politiques et un poste d'adjoint sera dédié à cette vigilance. Les réponses apportées le seront toujours dans un soucis de justice sociale pour éviter que les inégalités d'accès à l'emploi, aux soins, à la culture ne s'additionnent pour les plus vulnérables", a poursuivi le nouveau maire écologiste qui souhaite faire de Bordeaux "un modèle de développement responsable, écologique et solidaire."

Lire aussi : Urbanisme, logement, entreprises : zoom sur le programme de Pierre Hurmic à Bordeaux

Pouvoir partagé et soutien aux entreprises

Soulignant l'inquiétante abstention lors de ce scrutin municipal, à 61,7 % , Pierre Hurmic a annoncé la tenue prochaine "d'Assises du pouvoir partagé pour définir ensemble les outils de participation nouvelle et de coconstruction des projets." Le nouveau maire est aussi revenu sur les conséquences de la crise économique :

"Je veux rassurer les acteurs économiques locaux que je sais inquiets. Nous n'allons pas renverser la table, nous allons la réparer. Nous soutiendrons les entreprises mises en difficultés par la crise sanitaire dans la mesure de nos moyens et compétences et nous accompagnerons activement les mutations imposées vers une économie moins carbonée, vers une économie du recyclage plutôt que du gaspillage, vers un programme audacieux de rénovation thermique de nos logements mal isolés."

Evoquant notamment un "urbanisme soucieux de protéger les derniers espaces naturels", "un service public du logement" et "un rééquilibrage des mobilités", Pierre Hurmic a promis qu'il ne défendait pas une écologie punitive mais "pragmatique et sociale" avant de conclure son discours par ces mots : "Oser toujours, céder parfois, renoncer jamais ! [...] Nous serons jugés sur nos actes et nous ferons tout pour que les Bordelaises et les Bordelais ne soient pas déçus."

Conseil municipal de Bordeaux

Le conseil municipal installé ce 3 juillet 2020 (cliquez sur l'image pour l'agrandir, crédits : Thibaud Moritz / Agence APPA)

Démission de Julia Mouzon

En face, le maire sortant Nicolas Florian (10 élus de droite et du centre), qui s'est déjà déclaré candidat à l'élection municipale de 2026, et son ex-binôme Thomas Cazenave (quatre élus LREM) ont félicité le nouveau maire tout en faisant part à la fois de leur "plus grande vigilance" et de leur esprit constructif. "Nous attendons de vous des mesures très fortes pour soutenir l'emploi et les salariés dans la crise économique et sociale très forte qui vient", a insisté Thomas Cazenave, après que Nicolas Florian ait évoqué "une campagne longue, âpre et difficile dans des circonstances particulières" et a appelé Pierre Hurmic à "être le maire de tous les Bordelais et à d'abord défendre Bordeaux" avec "bienveillance et modération".

Lire aussi : Municipales 2020 : à Bordeaux, une campagne inédite à tous points de vue

De leur côté Philippe Poutou, Evelyne Cervantès et Antoine Boudinet ont également fait leur entrée au conseil municipal de Bordeaux ceints d'une écharpe rouge estampillée Bordeaux en luttes et, pour Antoine Boudinet, d'un emblématique Gilet jaune. Ce dernier, âgée de 28 ans, a perdu sa main droite dans une manifestation des Gilets jaunes à Bordeaux le 8 décembre 2018. "Nous n'adresserons pas nos félicitations au nouveau maire car on se méfie des vagues roses ou vertes. Il faut renverser la table", a lancé Philippe Poutou avant de poursuivre : "On veut raconter cette colère sociale et la faire rentrer dans la mairie pour qu'on puisse y parler de tout ça, de la solidarité avec les enseignants, les mineurs étrangers et les sans-abri, de l'écologie et des services publics et de l'accès aux soins et à la santé."

A noter enfin, la démission, jeudi 2 juillet avant même l'installation du conseil municipal, de la cheffe d'entreprise Julia Mouzon, élue en 2e position sur la liste de Nicolas Florian. "Je ne m'opposerai pas, pendant les prochaines années, à un projet d'écologie politique qui correspond aux valeurs que je porte. Je souhaite donner sa chance à cette équipe et pour cette raison, j'ai adressé au maire ma lettre de démission du conseil municipal [...] A la tête d'une liste diverse, il porte un projet écologique fort pour Bordeaux", a-t-elle déclaré sur le réseau social Twitter. "Cette démission me permettra de m'impliquer autrement et de façon constructive dans la vie locale et je resterai plus que jamais attachée à la qualité de vie de Bordeaux et vigilante quant à la façon dont l'équipe municipale met en œuvre son programme." C'est Guillaume Chaban-Delmas qui a été élu à sa place.

Bordeaux en luttes

Philippe Poutou, Evelyne Cervantès et Antoine Boudinet : les trois élus de Bordeaux en luttes (crédits : Thibaud Moritz / Agence APPA).

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Commentaire 1
à écrit le 07/07/2020 à 8:03
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Aie , Aie ,Aie .......mais bon il a été élu ! l'expression " chercher le baton pour se faire battre " trouve ici son illustration .......

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