"Libourne inside" : comment la Cali veut profiter de l'attractivité de la métropole bordelaise

La Communauté d'agglomération du Libournais (Cali) et Bordeaux Métropole ont formalisé il y a six mois leur politique de voisinage. Une coopération approfondie qui doit se traduire par la création d'une ligne de cars express et d'une zone d'activité économique, l'essor du tourisme fluvial et du commerce alimentaire et l'implantation de Bordeaux Technowest à Libourne. Celle-ci est convaincue qu'elle peut grandir à la lumière de la dynamique métropolitaine.
(Crédits : Ville de Libourne)

"Magnetic Bordeaux : Libourne inside" : c'est l'appellation que devrait désormais mettre en avant Libourne sur les salons immobiliers en accord avec la mission attractivité économique de Bordeaux Métropole et la CCI Bordeaux Gironde. "L'objectif est de porter le même message auprès des investisseurs", se félicite Philippe Buisson, le maire de Libourne. "Nous sommes l'agglo de la rive de droite de Bordeaux en termes d'habitants, de développement économique et de transports", poursuit celui qui est aussi le président de la Communauté d'agglomération du Libournais.

"Une métropole qui irrigue"

Le développement économique est en effet l'un des axes prioritaires de la coopération bilatérale entre Bordeaux Métropole et sa petite voisine formalisée en septembre 2017 par la signature d'un protocole portant sur la période 2017-2020. "L'idée était d'avoir des échanges ordonnés et une collaboration entre nos deux territoires, j'ai été à l'initiative mais j'ai trouvé un partenaire bienveillant en la personne d'Alain Juppé, en particulier lorsqu'il a fallu défendre la fréquence des arrêts TGV à Libourne en amont de la LGV Bordeaux-Paris", raconte Philippe Buisson qui salue "le choix d'Alain Juppé d'une métropole qui irrigue plutôt qu'une métropole qui assèche."

De son côté, le maire de Bordeaux ne dit pas autre chose :

Pour avancer, les deux élus se sont en effet appuyés sur le protocole de coopération signé un an plus tôt entre Bordeaux et Angoulême pour capitaliser sur l'ouverture de la ligne à grande vitesse.

Lire aussi : Bordeaux et Angoulême se construisent un destin commun autour de la LGV

"En termes économiques, la métropole bordelaise s'étend d'Arcachon à Libourne et de Saint-André-de-Cubzac à Langon. C'est ce bassin d'emplois de 1,1 million d'habitants qui est pertinent", observe de son côté André Delpont, ancien responsable des relations entreprises à l'Etablissement public d'aménagement Bordeaux Euratlantique. Même analyse de Michel Labardin, le maire de Gradignan et président du schéma de cohérence territoriale de l'aire métropolitaine bordelaise (94 communes pour 975.000 hab.) qui n'intègre pas Libourne :

"Il n'y a pas de concurrence entre le Libournais et les communes de la métropole ou du Scot. C'est une belle opportunité pour eux et tout ce qui va dans le sens de la coordination est positif pour l'ensemble du territoire."

Libourne et son agglomération de plus de 90.000 habitants sont ainsi intégrés de fait à la dynamique métropolitaine. "Il restait à bâtir une relation de confiance d'égal à égal, un laboratoire gagnant-gagnant", explique Philippe Buisson. Quatre enjeux prioritaires ont donc été posés sur le papier : la desserte TGV et la mobilité ; le tourisme fluvial, le développement économique et les ressources alimentaires.

Vers un transport en commun en site propre

Du point de vue des Bordelais comme des Libournais, le projet le plus enthousiasmant est sans aucun doute celui d'une liaison rapide en transports en commun entre le centre-ville de Libourne et la gare Saint-Jean, distants d'à peine 40 km. Une ligne de car express dédiée est ainsi dans les tuyaux mais sa réalisation reste loin d'être évidente, comme l'explique le maire de Libourne :

"C'est une piste intéressante mais il n'y a pas de concrétisation pour l'instant. Il faut prendre le temps de travailler sur un schéma audacieux en site propre sinon on ajoutera juste des bus dans les bouchons actuels et ça ne règlera rien. Il y a des choses à inventer."

Même son de cloche du côté de la métropole : "Le projet est bien sur la table, la volonté aussi mais il y a d'autres acteurs à associer et tout cela prend du temps", temporise Mylène Villanove, conseillère métropolitaine de Bordeaux en charge des coopérations territoriales. Aucune date n'est donc évoquée. A plus brève échéance, un pôle d'échanges multimodal est en projet autour de la gare de Libourne et Bordeaux Métropole pourrait y contribuer financièrement. Des études seront présentées au printemps. Une billettique commune est aussi évoquée.

Une zone d'activité commune

Cette coopération devrait également se concrétiser dans une zone d'activité économique commune aux deux intercommunalités, à Vayres, le long de la RN 85. Les discussions sont en cours, notamment sur les modalités du co-financement, mais cette zone d'une cinquantaine d'hectares qui ciblerait les activités logistiques pourrait aboutir en 2021.

Par ailleurs, à l'instar d'Angoulême et de Marmande, le Libournais assume "une stratégie claire d'attractivité résidentielle vis-à-vis des cadres girondins, extra-girondins et parisiens." Une stratégie dont le succès sera cependant intimement liée à l'amélioration de la mobilité entre les deux agglomérations.

Une antenne de Bordeaux Technowest à Libourne

Enfin, le volet alimentaire et le déploiement des circuits courts entre le Libournais et Bordeaux Métropole est aussi au programme. La nouvelle serre de Lapouyade doit ainsi exporter 100 % de sa production de tomates vers Bordeaux tandis que les producteurs laitiers du nord Libournais souhaitent se tourner davantage vers le marché d'intérêt national de Bordeaux Brienne.

Pour accompagner ce mouvement, un partenariat entre Bordeaux Technowest, l'A'Urba et la Cali est en discussion pour l'ouverture d'une antenne de la technopole à Libourne. "Cela permettrait d'accueillir de nouvelles startups actives dans la food tech autour d'Entomo Farm et de Fermentalg", précise Philippe Buisson.

Enfin, Bordeaux et Libourne veulent aussi développer le tourisme fluvial entre leurs deux territoires parsemés de vignobles et cherchent des complémentarités entre l'aéroport de Bordeaux Mérignac et l'aérodrome des Artigues-de-Lussac "qui pourrait accueillir le tourisme d'affaires", imagine le maire de Libourne.

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Commentaire 1
à écrit le 26/03/2018 à 16:20
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Un Buisson d'idées le maire de Libourne ! Du charisme et de la pugnacité. Bravo !

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