Mobilité et flux de marchandises : Bordeaux et Marmande veulent travailler main dans la main

Séparées par une petite centaine de kilomètres, Bordeaux et Marmande affichent leur volonté de coopérer pour faciliter les flux de personnes et de marchandises. Ligne de bus dédiée, plateforme logistique, circuits courts et agrotourisme : les opportunités de développement économique ne manquent pas et les élus des deux territoires espèrent avancer dès cet automne.
Bordeaux Métropole et Marmande Val-de-Garonne (photo) envisagent de signer un contrat de coopération territoriale à l'automne 2018.
Bordeaux Métropole et Marmande Val-de-Garonne (photo) envisagent de signer un contrat de coopération territoriale à l'automne 2018. (Crédits : Ville de Marmande)

Après Angoulême en 2016 puis Libourne en 2017, Bordeaux Métropole poursuit sa politique d'ouverture vers ses voisins de Nouvelle-Aquitaine. Les prochaines étapes passeront par Marmande Val-de-Garonne (43 communes, 60.000 hab.) et la Communauté d'agglomération de Saintes (36 communes, 60.000 hab.) avec pour objectif de signer des contrats de coopération bilatérale avec ces deux territoires d'ici la fin de l'année 2018.

Avec Marmande, les discussions ont débuté à l'initiative de Daniel Benquet, le maire de Marmande et président de la communauté d'agglomération, et de Mylène Villanove, conseillère métropolitaine en charge des coopérations territoriales. Le dialogue devrait se poursuivre au niveau des équipes techniques avec une nouvelle réunion prévue au mois de mars. "Depuis 2014, Alain Juppé veut avancer sur le sujet de la coopération territoriale et démontrer que Bordeaux n'est pas une métropole condescendante à l'égard de ses voisins", souligne ainsi Mylène Villanove.

Une main tendue que Daniel Benquet a voulu saisi à la suite de l'étude socio-économique sur le territoire marmandais commandé au lendemain de son élection en 2014. Un travail, rendu fin 2016, qui a mis en lumière deux enjeux structurants :

  • mettre l'accent sur le développement local et endogène,
  • et stimuler le levier résidentiel en inscrivant résolument l'agglomération de Marmande dans la dynamique métropolitaine bordelaise et en boostant "le potentiel touristique du territoire encore largement sous-exploité".

Bordeaux, 2e partenaire économique de Marmande

Sur le premier point, Marmande Val-de-Garonne travaille notamment à la création d'un écosystème local sur la transformation numérique des festivals culturels tandis que le deuxième axe passera notamment par le contrat de coopération avec Bordeaux Métropole. Et il y a un véritable travail à mener puisque Marmande est, aujourd'hui, d'abord tournée vers Agen qui génère 17 M€ de flux salariaux annuels contre "seulement" 10,5 M€ avec l'agglomération bordelaise. Cette dernière constitue néanmoins son 2e partenaire économique.

Selon "l'Atlas de l'espace métropolitain de Bordeaux", réalisé par l'A'urba en 2016, Bordeaux Métropole est ainsi le partenaire privilégié de Marmande pour quatre des six relations suivantes : accès aux soins, migrations résidentielles, migrations étudiantes, déplacements domicile-travail, liens sièges-établissements et transferts d'établissements.

Et Daniel Benquet en est convaincu : "Marmande est un membre à part entière de l'hinterland bordelais et est directement liée à son centre d'attractivité." Et le maire de rappeler les 500.000 à 600.000 voyages en train annuels entre les deux territoires et la quinzaine d'allers-retours quotidiens assurés par la SNCF (entre 37 min et 1h de trajet). Et malgré la différence de taille entre les deux territoires (60.000 habitants à Marmande contre 750.000 à Bordeaux Métropole), il promeut "un dialogue d'égal à égal aboutissant à un accord gagnant-gagnant". Une analyse partagée du côté de Bordeaux où les équipes saluent la qualité des échanges avec celles de Marmande.

Des bus dédiés entre Marmande et Villenave-d'Ornon dès 2019

Des échanges qui portent sur des actions les plus concrètes possibles. "ll faut identifier des dossiers qui correspondent au plus près aux besoins de nos territoires et aux flux de populations et de marchandises", insiste le maire de Marmande. Plus que de créer des dispositifs de toutes pièces, l'idée est en effet d'accompagner et de stimuler les flux existants.

La principale piste de travail en termes de mobilité est ainsi la mise en place d'une ligne de bus dédiée sur l'A62 entre le péage de Marmande (sortie 5) et le futur terminus de la ligne C du tramway à Villenave-d'Ornon. "Cela permettrait d'avoir un accès direct à la métropole en évitant à la fois la rocade et la gare Saint-Jean et donc en déchargeant les réseaux déjà saturés. On peut avancer sur ce sujet dès le début de l'année 2019 !", s'enthousiasme Daniel Benquet. Sans évoquer un calendrier, Bordeaux Métropole confirme le projet et la volonté "d'avancer sur la question de la mobilité et de l'attractivité résidentielle, deux sujets incontournables quand on est à moins d'1h de Bordeaux et qui touchent aussi au covoiturage, au télétravail et au coût de l'immobilier".

Logistique, granulats, fruits et légumes

Un autre axe de travail identifié au cours des discussions préliminaires entre les deux collectivités concerne les flux de marchandises, en particulier les fruits et légumes, comme l'explique Daniel Benquet :

"On réfléchit à des plateformes logistiques inter-entreprises pour faciliter l'expédition vers Bordeaux de nos fruits et légumes, notamment la production bio et raisonnée qui est très demandée dans la métropole. Cela poursuit aussi une logique de circuits courts."

Un objectif partagé par Mylène Villanove qui rappelle que "Marmande est l'un des greniers du marché d'intérêt national de Bordeaux et a vocation a l'être encore davantage".

D'autant que le travail sur les débouchés commerciaux concerne aussi la production de ciments et de granulats, très dynamique à Marmande, et dont la Métropole en effervescence immobilière est forte consommatrice. "En 2016, nous avons réussi à attirer Aliénor Ciments sur notre territoire, notamment parce que nous avons remis en état une voie ferrée et un aiguillage dédié qui lui permet d'acheminer les matières premières et d'expédier son ciment par train vers Bordeaux, qui est son principal débouché. Tout cela a du sens parce que c'est réfléchi à la bonne échelle, celle des liens entre nos deux territoires", considère Daniel Benquet.

Enfin, Marmande espère capitaliser sur l'afflux de touristes à Bordeaux pour se positionner comme destination d'agrotourisme en complément du site Unesco bordelais.

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Commentaire 1
à écrit le 28/02/2018 à 7:59
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Marmandais depuis 2003, j'ai vu une municipalité principalement concernée par des clivages politiques..... Enfin un Maire clairvoyant et lucide , pour qui gouverner c'est prévoir.... favorisant ainsi les échanges économiques des entreprises situées...

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