Peintures biosourcées : comment Unikalo compte préserver sa longueur d'avance (2/5)

INTERVIEW. Leader du marché des peintures pour le bâtiment, l'entreprise familiale Unikalo travaille de longue date à limiter son impact sur l'environnement, voyant aussi dans l'usage des produits naturels et biosourcés le moyen de se démarquer de la concurrence. Et si la RE2020 pousse l'ensemble du secteur à emprunter cette même voie, l'industriel entend bien pousser sa R&D pour préserver sa longueur d'avance. Le point avec Fabrice Santamaria, directeur développement et bâtiment durable.
Unikalo poursuit son développement avec l’acquisition d’un second site de fabrication comprenant 16.700m2 de bâtiments industriels à Cestas (Gironde).
Unikalo poursuit son développement avec l’acquisition d’un second site de fabrication comprenant 16.700m2 de bâtiments industriels à Cestas (Gironde). (Crédits : Unikalo)

LA TRIBUNE - Unikalo, fondée en 1936 puis rachetée en 1977 par Serge Pestourie, cherche de longue date à réduire l'impact environnemental de ses process, et en a fait un marqueur de différenciation. Comment cet enjeu s'est-il traduit au fil des années ?

Fabrice SANTAMARIA - Au début des années 80, nous avons été les premiers à proposer des peintures en poudre sans biocide, livrées dans des boîtes cartonnées, pour que les peintres fabriquent eux-mêmes la seule quantité de peinture dont ils avaient besoin. A cette époque, 95 % des peintures disponibles sur le marché étaient à base de solvants, fabriquées avec du white spirit, et nous avons décidé de lancer des peintures à l'eau pour les sols ; puis plus tard nous avons lancé une peinture à l'huile de chaux, qui s'est imposée comme une gamme de référence dans le bâtiment. Notre stratégie a toujours été de nous concentrer sur des secteurs de niche, en poussant toujours plus notre R&D vers l'usage de produits plus naturels. C'est ce qui nous permet aujourd'hui de répondre sans difficultés aux exigences environnementales.

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Depuis quand utilisez-vous des matières premières biosourcées dans vos peintures ?

Notre PDG Hervé Pestourie a décidé il y a une douzaine d'années environ d'organiser un virage vers l'usage de plus de matière végétale. Cela se faisait déjà de manière un peu artisanale en Norvège ou en Suède, et lui a fait en sorte qu'Unikalo industrialise ce type de process. Nous avons alors embauché une biochimiste, ce qui était peu courant, à ce moment-là, dans l'industrie de la peinture.

Et la suite nous a donné raison : travailler avec des matières premières biosourcées engendre moins de dépendance énergétique, donc moins d'émissions carbonées ; nous avons besoin de moins d'additifs, donc nous limitons aussi l'impact environnemental de ces peintures. Par exemple, pour fabriquer des peintures avec de l'acrylique, il faut ajouter des agents de coalescence, très volatiles, ce qui n'est pas le cas par exemple avec des peintures à base d'alkydes végétales. C'est un argument que les professionnels entendent aujourd'hui, sous la contrainte réglementaire.

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Fabrice Santamaria Unikalo

Fabrice Santamaria (crédits : Unikalo).

La nouvelle réglementation appliquée au Bâtiment, la RE2020, prévoit en effet la montée en charge de l'usage de matières biosourcées dans la construction. Votre niche n'en est plus une...

On a eu presque tort d'avoir raison trop tôt ! Nos confrères arrivent en effet sur ce marché du végétal poussés par la réglementation. Mais c'est une bonne chose, cela nous pousse à booster toujours plus notre stratégie R&D, pour cocher d'entrée de jeu toutes les cases imposées par la RE2020 à horizon 2030. Aujourd'hui, 30 % de nos références sont conçues en partie avec des matières biosourcées, nous voulons augmenter à la fois ce ratio mais aussi la part de molécules d'origine biogéniques que nous employons dans nos formulations. C'est un enjeu de santé environnementale : il nous faut réduire encore les émissions de COV pour améliorer la qualité de l'air intérieur, aujourd'hui huit fois plus pollué que l'air extérieur.

Vous avez annoncé fin janvier la reprise de l'usine de BBF Fabrication à Cestas pour 25 millions d'euros. Quels sont vos objectifs désormais en termes de production ?

Aujourd'hui, nous fabriquons 50.000 tonnes de peinture par an à Mérignac, mais on déborde, il nous fallait un deuxième point de fabrication. Nous avons eu l'opportunité de racheter l'usine de BBF à Cestas, donc nous l'avons saisie, et nous allons pouvoir produire 90.000 tonnes par an, tout en doublant nos capacités de R&D. Nous sommes en train de bâtir le plan de rééquilibrage entre les deux usines, pour organiser cette production avec des spécificités propres à chaque site.

En chiffres


  •  Depuis son siège social de Mérignac, Unikalo revendique le titre de "premier fabricant français indépendant de peinture bâtiment". En intégrant son activité de distribution, l'entreprise compte aujourd'hui plus d'un milliers de collaborateurs pour 344 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2021. Cela correspond à 42.000 tonnes de peintures produites l'an dernier.

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