Bordeaux, territoire d’expérimentation de la mobilité connectée (3/4)

Scoop, C-roads, C The Difference ou encore plus récemment InDiD. Plusieurs programmes dédiés aux systèmes de transports intelligents coopératifs sont testés ou ont été testés sur le territoire bordelais dans le cadre de projets européens. Objectif pour la métropole : faire en sorte de communiquer les bonnes informations aux automobilistes pour susciter des pratiques multimodales. Voici le 3e volet de notre dossier.
Malgré la fin du test dans le cadre d'un projet européen, l'application C The Difference est toujours disponible sous Android à Bordeaux.
Malgré la fin du test dans le cadre d'un projet européen, l'application C The Difference est toujours disponible sous Android à Bordeaux. (Crédits : NeoGLS)

Pas de véhicules autonomes à l'horizon. Des véhicules connectés circulent bien, en revanche, sur le territoire bordelais. "Il y a sur la métropole une culture positive pour innover, tester et tirer les bénéfices du numérique sur les questions de mobilité, de transport. Et d'une certaine manière, nous préparons le véhicule autonome puisqu'il devra être connecté avec son environnement", déclare Driss Samri, chef du département transports, infrastructures, sécurité et partage de la voirie au sein du Cerema.

"La question du transport autonome pourrait d'ailleurs se poser prochainement dans le cadre du renouvellement de la délégation de service public des transports. Un état des lieux des grands sujets à prendre en compte pour l'élaboration du futur cahier des charges est annoncé pour la fin de l'année", annonce également Eric Monceyron, chargé de mission ville intelligente à Bordeaux Métropole.

Un service fiable, robuste et à moindre coût

En attendant, plusieurs systèmes de transports intelligents coopératifs sont testés sur le territoire dans le cadre de projets européens. Et si Bordeaux ne se résume pas à Gertrude, ce système centralisé de gestion des carrefours à feux créé en 1981 est "un outil de base pour réguler les flux de circulation", explique Eric Monceyron. Les données de Gertrude sont ainsi utilisées par l'application C The Difference développée par NeoGLS dans le cadre d'un programme lancé en septembre 2016 pour deux ans. Objectif : adapter la conduite des automobilistes en fonction des infrastructures et des différents aléas de la route.

"Cette application donne des conseils de vitesse à l'approche des feux de circulation. Il s'agit du service GLOSA, le cas d'usage le plus important. C The Difference  propose également de l'information sur la disponibilité des places de parking et intègre les messages PMV affichés au-dessus de la rocade", rappelle André Perpey, dirigeant de l'entreprise NeoGLS.

Après deux ans de test, l'évaluation est tombée :

"1.200 personnes ont téléchargé cette application et 600 l'utilisaient quotidiennement. Nous n'avons donc pas atteint les 30 % d'utilisateurs requis pour obtenir des effets marquants. Mais il s'agissait d'une première étape et le bilan est positif. Il n'y pas d'obstacle technologique au déploiement de ce type de service fiable, robuste et à moindre coût au cœur d'une grande ville", rappelle Driss Samri du Cerema.

La suite ? De nouveaux cas d'usages seront prochainement intégrés à l'application C The Différence toujours téléchargeable sur Android. Une version arrivera également prochainement sur iOS, le système d'exploitation des iPhones. "La priorité aux véhicules d'urgence est notamment en cours de développement. Une nouvelle version sortira d'ici peu", prévient André Perpey.

L'importance de l'interopérabilité

"La métropole travaille aussi sur l'interopérabilité", insiste Eric Monceyron. "Il nous semble important qu'un usager puisse avoir une continuité de services notamment entre une route urbaine et la rocade, gérée par les services de l'Etat. Nous sommes donc partenaire d'un autre projet européen, C-Roads, qui s'achèvera en 2020."

Un autre projet européen, InDiD (pour infrastructures digitales de demain), prendra ensuite le relais, le but étant de poursuivre le déploiement de cas d'usage et d'intégrer l'expérimentation du véhicule autonome. "N'oublions pas non plus le projet Scoop toujours en cours, basé sur l'échange d'informations entre véhicules connectés et entre le véhicule et la route", rappelle aussi Eric Monceyron. "Avec Scoop, les véhicules sont équipés de capteurs qui détectent des événements - type route glissante, choc, freinage brusque - et d'unités embarquées qui transmettent l'information aux véhicules en amont ainsi qu'au gestionnaire via des unités bord de route. Le gestionnaire peut aussi transmettre des informations, sur des chantiers par exemple, aux unités embarquées dans les véhicules. Cela va dans les deux sens", explique Driss Samri.

Plusieurs étapes franchies

"De manière générale, sur le territoire de Bordeaux, nous avons franchi plusieurs étapes au travers de différents projets davantage tournés au départ vers la preuve technologique. Il s'agissait de s'assurer que l'on était capable de mettre en œuvre des services et de délivrer la bonne information. Progressivement, nous avons mis le curseur sur les usages et le lien avec la politique de transport et de mobilité. D'où les informations délivrées sur les parkings relais par exemple. L'idée est de mettre l'automobiliste dans une chaîne de déplacement multimodale et faire en sorte de lui communiquer les bonnes informations pour susciter des pratiques multimodales", explique Eric Monceyron.

Bordeaux apparait désormais sur la plateforme collaborative France Mobilités créée à l'initiative du ministère chargé des Transports pour faciliter l'innovation dans la mobilité. Plus de 100 projets et réalisations de collectivités y sont d'ores et déjà référencés. Cette plateforme repose sur plusieurs objectifs : le partage des bonnes pratiques ; l'identification des solutions pour les territoires et l'accélération de la mise en œuvre d'expérimentations.

A l'échelle régionale, le cluster Topos dispose également d'un catalogue à destination des collectivités territoriales. "Notre enjeu est d'aider à faire en sorte que les dernières innovations de la mobilité intelligente puisse améliorer la mobilité des villes et des territoires", explique Florence Ghiron.

Lire aussi : Véhicules connectés : la Nouvelle-Aquitaine veut tester le platooning sur l'A63 (1/4)

Lire aussi : Comment les acteurs néoaquitains se positionnent sur le créneau des transports autonomes (2/4)

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Commentaire 1
à écrit le 05/06/2019 à 19:16
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Il vous faudra dorénavant "un implant" pour pouvoir mettre un pied devant l'autre!

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