Transport : A63, futur de l’autoroute ?

Deux ans après la mise en service de l’autoroute A63 (Salles-St Geours de Maremne), la société gestionnaire Atlandes cherche à peaufiner son modèle économique. L’accroissement du trafic passe peut-être par l’innovation…
Livrée il y a juste deux ans, l'autoroute A63 se verrait bien en infrastructure de pointe en matière d'innovations tous azimuts.

Ce n'est un secret pour personne, l'équilibre économique d'une infrastructure autoroutière se calcule sur 40 ans. Inutile donc de sortir la calculette, pour le moment, Atlandes, société gestionnaire des 104 kilomètres de l'autoroute A63 entre Salles (33) et Saint-Geours-de-Maremne (40) qui appartiennent à l'Etat ne fait pas gagner d'argent à ses actionnaires. Les deux gares de péage installées et facilement évitables par les locaux qui connaissent par cœur les 10 entrées et sorties gratuites qui jalonnent l'axe à 2x3 voies, permettent de rembourser les prêts qui ont couvert 80 % du montant de 1,1 Md€ nécessaire à sa construction et les impôts liés à son activité. Les actionnaires devront attendre quelques années, et encore, en fonction des résultats d'exploitation, pour espérer une rémunération.
Ils risquent devoir patienter un peu... car pour le moment, les jours ouvrés, en moyenne, 9.000 poids lourds et 20.000 voitures empruntent l'autoroute exploitée par Egis Exploitation Aquitaine, filiale de la Caisse des dépôts.
C'est inférieur aux prévisions de trafic d'avant construction, mais la société concessionnaire, Atlandes, qui emploie 9 personnes et dont le siège social est installé à Pessac (33), ne panique pas.

"Les prévisions avaient été faites avant la crise économique, explique Olivier Quoy, directeur général d'Atlandes, ex du ministère de l'Ecologie, au sein duquel il a planché sur la préparation d'une taxe poids lourds... qui n'a jamais vu le jour. L'axe routier peut bénéficier d'un capital de trafic potentiel important... mais qui est très dépendant de l'activité économique de la péninsule Ibérique. Après un sérieux trou d'air, les économies de l'Espagne et du Portugal relèvent la tête, cela se traduit dans les faits par une progression du trafic des poids lourds ces derniers mois, mais par un retard à l'allumage en matière de fréquentation."

Le 1er février : opération séduction du particulier et nouveaux tarifs

C'est sur le "marché" du particulier qu'Atlandes, qui va présenter le 1er février une nouvelle grille tarifaire, notamment concernant les abonnements, entend faire le forcing commercialement.

"Notre première grille tarifaire d'abonnement, pourtant déjà très avantageuse puisqu'elle propose 50 % de réduction à partir de 11 passage aux péages par mois, n'a séduit que 160 clients. Il faut dire que nous avions deux offres différentes en fonction des gares de péages concernées... Nous allons proposer un tarif unique à partir de 11 et jusqu'à 75 passages par mois, et ce, dès le 1er février. Cela devrait booster le nombre d'abonnés", espère le directeur général.

Au-delà des tarifs, qui ne sont pas neutres dans le choix ou non de s'abonner, surtout quand on sait qu'une légère augmentation devrait intervenir cette année, Atlandes va lancer une campagne de séduction qui reposera aussi sur le confort de l'infrastructure, sa sécurité, le gain de temps qu'elle occasionne, environ 30 mn par trajet par rapport à la RN10, et sur... l'innovation.

"Peu de gens savent que l'A63 est exemplaire en matière de respect de la biodiversité traversée, la gestion de l'étanchéité de la route eu égard aux zones humides qu'elle rencontre et aussi en matière de lutte anti bruit..., explique Olivier Quoy. Mais encore moins de gens savent que nous sommes aussi à la tête d'une autoroute qui peut anticiper le futur du transport !"

Et c'est précisément ce qu'Atlantes entend désormais mettre en avant pour séduire les usagers.

La "route solaire " de Colas en test ?

Les tests grandeur nature réalisés à l'issue le congrès ITS de  Bordeaux sur les transports intelligents, avec des véhicules "autonomes" qui ont sillonné l'autoroute, préfigurent son évolution. L'installation de bornes de rechargement dans les quatre aires de service va lui permettre d'ouvrir la voie aux véhicules électriques. Le paiement sans contact devrait enrichir, à l'avenir, les moyens de paiement et de fait renforcer la fluidité du trafic lors du passage aux péages.
Mieux, comptant dans son actionnariat le groupe Colas, leader mondial de la route, Atlantes espère bien pouvoir tester en premier Wattway, sa "route solaire" mise au point après cinq années de R&D. Son revêtement est capable de capter l'énergie solaire pour alimenter en électricité l'éclairage public, le mobilier urbain, mais aussi les entreprises et commerces situés à proximité de la route.

"Nous avons beaucoup d'ambitions sur ce sujet, assure Olivier Quoy. Nous espérons pouvoir servir de test à cette innovation, au moins d'abord sur les aires de repos et de services."

En cherchant à faire de l'A63 l'autoroute du futur, Atlandes entend frapper un grand coup en matière de communication. Son site Internet, entièrement renouvelé, est actuellement peu fréquenté.

"Les gens ont le souvenir du site mis en place pendant les travaux, explique Olivier Quoy, alors que désormais il est essentiellement tourné vers l'usager, en versions trilingue, avec de nombreux services pratiques, à commencer par un calculateur en ligne de tarif d'utilisation."

Ce nouveau site Internet tourné uniquement sur l'usager devrait permettre, dans les années à venir, d'améliorer le bilan actuel de l'autoroute qui, après tout, n'a qu'un peu plus de deux ans.

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