Les quartiers prioritaires de Nouvelle-Aquitaine à la loupe

Les quartiers prioritaires, nouveaux dispositifs de la politique de la ville, présentent de grandes inégalités de revenus et un taux de pauvreté pouvant varier du simple au double en fonction de l'environnement voisin. Entre une zone prioritaire et son environnement immédiat, l'écart de revenus est d'en moyenne 7.000 € dans la région selon l'Insee.
Bordeaux compte 5 quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV)
Bordeaux compte 5 quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) (Crédits : Agence Appa)

En moyenne 47,4% des 14-64 ans possèdent un emploi dans les quartiers prioritaires néo-aquitains, soit un taux équivalent à celui des quartiers prioritaires nationaux. Dans sa dernière étude, l'Insee souligne néanmoins des taux d'emplois supérieurs à la moyenne régionale pour le quartier du Grand Caillou à Eysines (61,0%) et pour le quartier Bellevue (54,8%) et Vigenal (51,6%) à Limoges. L'étude révèle aussi que davantage de femmes sont employées dans ces quartiers QVP (pour quartiers prioritaires de la politique de la ville, dispositif instauré en 2015).

Généralement, plus le niveau de diplômes est bas, plus le taux d'emploi est faible. Mais le quartier de l'Avenir à Bassens et celui de Bacalan à Bordeaux font tous deux exception à cette observation, avec une part de non-diplômés supérieure à la moyenne régionale et un taux d'emploi de plus de 50%. Ce phénomène s'explique en grande majorité par le dynamisme de la métropole de Bordeaux dont bénéficient ces quartiers.

Davantage d'emplois précaires en Nouvelle-Aquitaine

Le taux des emplois précaires des quartiers prioritaires de politique de la ville (QPV) en Nouvelle-Aquitaine apparaît bien supérieur à celui de la France métropolitaine (26% contre 21%). Même si la région n'est pas la plus en difficulté dans le domaine de l'emploi, cette part importante d'emplois précaires est « le signe d'une population vulnérable » d'après l'Insee. Dans le quartier du Sablard à Limoges, on recense 12,4% d'emplois précaires, ces chiffres grimpent jusqu'à 40,4% dans le quartier Montanou, à Agen. Parmi les quartiers en décrochage, on constate souvent qu'il s'agit de ceux qui comptent le plus d'emplois précaires. Mais l'étude montre qu'il existe aussi des exceptions. Les quartiers de Maubec - Citadelle à Bayonne et du Grand Caillou à Eysines atteignent le même taux d'emploi (61%), alors que le premier compte deux fois plus d'emplois précaires que le second. Les secteurs d'activités employeurs en sont la première explication. Les entreprises situées à Grand Caillou sont orientées vers les services destinés aux particuliers et au domaine de la santé, ils privilégient donc des contrats à durée indéterminée. À l'inverse, les activités de commerce de détail et de transport implantées à Maubec ont davantage recours à des emplois non permanents.

À Bordeaux, on retrouve aussi des disparités importantes d'un quartier à l'autre. 33,2% des habitants du quartier Saint-Michel ont un emploi précaire, contre 14,0% dans le quartier Grand Caillou à Eysines. À Limoges, le quartier du Sablard compte 12,4% d'emplois précaires contre 30,9% pour celui de la Bastide. C'est au coeur de l'unité urbaine d'Agen que l'on trouve les quartiers avec le plus grand nombre d'emplois précaires (Rodrigues, Bartelé et Montanou), alors que le quartier du Pin, dans la même ville, se porte très bien en matière d'emploi. À Dax et Châtellerault, l'emploi précaire représente en revanche plus de 30% de l'emploi total dans l'ensemble des quartiers prioritaires.

Des disparités dans le profil des demandeurs d'emploi

On comptabilise 33.900 habitants des quartiers prioritaires inscrits à Pôle emploi au 4e trimestre 2014 en Nouvelle-Aquitaine. La moitié des demandeurs d'emploi se concentre dans les villes de Bordeaux (30%), Limoges (13%) et Angoulême (8%). A contrario, les villes de Bayonne et de Pau concentrent une faible part des demandeurs d'emploi, tant dans l'unité urbaine que dans les quartiers prioritaires. Royan est l'unité urbaine avec la part la plus importante de demandeurs d'emploi.

Et le profil des demandeurs d'emploi ne varie pas en fonction de leur résidence dans un quartier prioritaire ou dans le reste de l'unité urbaine. L'étude montre que 20% des demandeurs d'emploi sont des chômeurs de longue durée, que 5% des demandeurs d'emploi ont plus de 60 ans et que seulement 1% des demandeurs ont moins de 20 ans.

Dans les quartiers prioritaires, l'étude indique que 53% des demandeurs d'emploi sont des hommes et que 91% des demandeurs d'emploi ont un niveau de diplôme inférieur ou égal au baccalauréat, contre 96% dans le reste des unités urbaines. Il est intéressant de remarquer que les demandeurs d'emploi des quartiers prioritaires de la ville se tournent davantage vers les emplois non qualifiés soumis par Pôle Emploi que les demandeurs d'emplois du reste des unités urbaines.

Une majorité de micro-entrepreneurs dans les quartiers prioritaires

Du coté des entreprises, on remarque que 70% des établissements n'emploient aucun salarié dans les quartiers prioritaires. En Corrèze ou en Charente-Maritime, jusqu'à 80% des établissements n'ont aucun salarié. L'activité principale de 40% des établissements des quartiers prioritaires se regroupe dans les secteurs du commerce, du transports, de l'hébergement et de la restauration. Le secteur des services divers n'occupe que 30% des établissements et la construction 11% (contre 14% pour l'ensemble de la région). Ces entreprises présentent une densité rapportée à la population plus importante qu'à l'échelon national. On compte dans les quartiers prioritaires de la région 39 établissements pour 1.000 habitants des quartiers, soit 4 points de plus que la densité au sein des quartiers nationaux.

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