Pourquoi Parking Facile a été rachetée par Yespark

Placée en liquidation judiciaire en avril dernier, Parking Facile a stoppé là son aventure entrepreneuriale. La marque et les actifs immatériels de la startup bordelaise ont depuis été rachetés par Yespark, une autre jeune pépite française en plein développement. Cofondateur de Parking Facile, Nicolas Masson revient pour La Tribune sur les erreurs de stratégie qui ont empêché la société d'aller plus loin. Côté Yespark, Charles Pfister explique sa stratégie et livre sa vision de l'évolution du marché du stationnement de proximité.
Tom Camin et Nicolas Masson avaient créé Parking Facile en 2014 à Bordeaux
Tom Camin et Nicolas Masson avaient créé Parking Facile en 2014 à Bordeaux (Crédits : D.R)

Qui n'a jamais tourné en rond pendant de longues minutes sans jamais trouver de place de stationnement pour sa voiture ? Parking Facile s'était emparée du sujet au début de l'année 2014. La startup bordelaise fondée par Nicolas Masson et Tom Camin a, dès ses débuts, cherché à répondre à cette problématique en posant le contexte suivant : si les places de stationnement sont rares et chères, elles existent en abondance dans le privé, au pied des résidences, des bureaux... Rapidement, la plateforme a tenté d'optimiser ces places privées vacantes en les rendant accessibles au grand public via un simple téléphone. L'application mobile permettait d'ouvrir les portails des parkings partenaires préalablement équipés par Parking Facile, qui commercialisait les places, assurait le cadre juridique et assurantiel, la partie administrative... En quatre ans, la société a développé un réseau de stationnement dépassant les 200 parkings sur 70 villes, en travaillant notamment avec 50 bailleurs sociaux.

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L'aventure a tourné court avec le placement en liquidation judiciaire de Parking Facile le 22 avril dernier. La startup était montée à huit salariés : tous ont réussi à rebondir rapidement. Avec franchise, Nicolas Masson analyse cet épisode :

"Nous avons bien réussi sur certains points, le produit et l'expérience client notamment. Nous nous étions bien développés à Bordeaux, notamment auprès des bailleurs sociaux, et ailleurs en province où nous avions capté des parts de marché. Avec un peu de recul, notre échec est lié à deux raisons principales. La première est que nous avons perdu trop de temps à Bordeaux. On a cherché à bien s'y développer puisque c'était notre berceau, et on a évité Paris car les concurrents y étaient nombreux et plus forts, entre 25 et 50 salariés chacun. L'objectif était d'abord d'atteindre une taille critique pour pouvoir ensuite revendiquer des parts de marché en Ile-de-France où la profondeur de marché est 20 fois supérieure. Or, les centres de décisions sont à Paris et pas à Bordeaux ! Entre le moment où l'on toquait à la porte d'acteurs intéressés et le moment où le chiffre d'affaires commençait à rentrer, il pouvait se passer 18 mois.

L'autre facteur, c'est que nous avons essayé de mixer deux offres : la courte durée de stationnement et la longue durée. Pour la première, nous avons eu beaucoup de difficultés à réduire les coûts d'acquisition clients, qui étaient trop élevés. La marge était trop faible, il fallait quand même équiper les parkings des copropriétés, et la courte durée pesait 50 % de notre activité."

Un acquéreur atypique parmi les startups

L'écart temporel trop important entre les investissements consentis et la génération de chiffre d'affaires, la temporisation avant d'attaquer le marché parisien et une moitié d'activité difficile à monnayer, ont donc fini par déboucher sur la liquidation judiciaire. "On discutait depuis longtemps avec plusieurs concurrents, en étant très conscients qu'on était le petit poucet, qui plus est pas rentable. Le courant est très bien passé avec Yespark, qui ne fait que du stationnement de longue durée", résume Nicolas Masson.

Acquéreur dans le cadre de cette procédure, Yespark met ainsi la main sur la marque Parking Facile et les actifs incorporels. Fait assez rare dans l'économie numérique, cet acteur parisien se dit rentable depuis sa première année. Lancé il y a quatre ans, Yespark revendique la place de leader de premier opérateur du stationnement de proximité en France, avec 21.000 places dans plus d'un millier de parkings dans 320 communes. Au-delà de la possibilité de grossir à moindre coût, ce rachat, annoncé comme étant financé sur fonds propres, a été motivé par plusieurs éléments, explique le cofondateur Charles Pfister :

"Parking Facile avait un réseau de partenaires très intéressant, notamment du côté des bailleurs sociaux mais aussi des implantations de parking très complémentaires des nôtres. Par ailleurs, ils faisaient de la location de courte durée et c'est une capacité technique qui peut, pour nous, s'avérer utile dans certains cas, notamment dans le cas d'appels d'offres. L'entreprise avait aussi beaucoup travaillé sur plusieurs questions, autour de la copropriété par exemple, et cette expertise nous intéressait. »

Charles Pfister imagine que le marché du stationnement de proximité s'apprête à se concentrer et entend bien peser dans cette phase : "Il y aura de moins en moins de nouveaux acteurs sur ce marché. Quand et par qui sera-t-il consolidé ? C'est difficile à dire mais nous voulons jouer un rôle de premier plan." Qui gagnera ? "De notre côté nous sommes rentables depuis nos débuts en mixant abonnements mensuels et partenariats avec les bailleurs sociaux. Le stationnement de courte durée, ça se tentait mais l'histoire tend à prouver que le modèle est difficile à rendre rentable."

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Commentaire 1
à écrit le 25/07/2018 à 11:53
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YESPARK ne prévient pas ses clients lorsque le système de vidéosurveillance d'un parking ne fonctionne plus. Dans les parkings YESPARK les voleurs cassent les caméras et dépouillent les automobiles. Il n'y a aucune sécurité dans les parkings YE...

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